12 Novembre 1876.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
159
TYPES ANGLAIS (extraits de Londres Pittoresque).
Le marchand de viande a chat.
D'autres Français, simples touristes ceux-là,
pèchent par l'excès diamétralement contraire. Venus
en promeneurs dans un pays pour y passer un mois
ou six semaines, presque toujours sur l'invitation
de personnages riches, bien élevés, aimables, et
qu'un long séjour dans le monde parisien a faits
quasi-Français, ils tracent à leur retour, sous l'im-
. pression encore toute chaude des agréables jour-
nées qu'ils ont passées en leur compagnie ou dans
leur château, le portrait de la patrie de leurs hôtes :
portrait flatté. Sans le vouloir, surtout sans en avoir
conscience, ils versent à tout propos dans le pané-
gyrique : sir Chatham est si affable, la marquise
Goncini si gracieuse pour ses invités, le prince Mi-
loutine si grand seigneur !
Mais du pays qu'ils ont parcouru et de sa popu-
lation ils n'ont guère vu, au demeurant, que l'hôte,
le cher hôte, et son habitation luxueuse, les laquais
poudrés en bas de soie, le parc, aux épais gazons,
aux arbres centenaires, puis l'Opéra éclatant de do-
rures, ruisselant de lumières, les voitures aux moel-
leux coussins, les attelages fringants, la salle à
manger splendidement servie. Le petit monde, le gros
de la nation : cette fouie immense qui travaille ou
mendie, produit ou vole, fait la grandeur ou la honte
Expulsée du public-house.
d'un peuple, ils ne l'ont pas ou presque pas aperçu.
De la statue ils n'ont vu que le chef d'or, rien des
pieds d'argile. Aussi sont-ils, toujours et quand
même, optimistes.
L'auteur de Londres pittoresque et la vie anglaise s'est
efforcé, on le sent à la lecture de son œuvre, d'éviter
les deux écueils que nous venons de signaler. Pour
écrire ce livre, il ne s'est point borné à aller passer
à Londres une saison. Il y a vécu des années, il en
a observé sur le vifle dessus et le dessous, saisi les
aspects pittoresques, étudié les mœurs et les usages,
si différents, pour la plupart, des nôtres.
Sa situation modes'te, mais lui donnant accès et
lui créant des relations dans tous les mondes, de
correspondant d'un grand journal de Paris, sa par-
faite connaissance de la langue, lui ont permis de
tout voir, de tout savoir, de tout comprendre. Et ce
qu'il nous dit dans son livre, il l'a vu de ses yeux,
entendu ou senti. Ce volume est surtout, avant
tout, une œuvre vécue et, ajouterons-nous, de bonne
foi.
Tout comme l'auteur, le dessinateur connaît
Londres à fond, l'a habité de longues années. Si les
croquis dont il a illustré le volume sont d'une vérité
tellement criante que tout Anglais, en les voyant,
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
159
TYPES ANGLAIS (extraits de Londres Pittoresque).
Le marchand de viande a chat.
D'autres Français, simples touristes ceux-là,
pèchent par l'excès diamétralement contraire. Venus
en promeneurs dans un pays pour y passer un mois
ou six semaines, presque toujours sur l'invitation
de personnages riches, bien élevés, aimables, et
qu'un long séjour dans le monde parisien a faits
quasi-Français, ils tracent à leur retour, sous l'im-
. pression encore toute chaude des agréables jour-
nées qu'ils ont passées en leur compagnie ou dans
leur château, le portrait de la patrie de leurs hôtes :
portrait flatté. Sans le vouloir, surtout sans en avoir
conscience, ils versent à tout propos dans le pané-
gyrique : sir Chatham est si affable, la marquise
Goncini si gracieuse pour ses invités, le prince Mi-
loutine si grand seigneur !
Mais du pays qu'ils ont parcouru et de sa popu-
lation ils n'ont guère vu, au demeurant, que l'hôte,
le cher hôte, et son habitation luxueuse, les laquais
poudrés en bas de soie, le parc, aux épais gazons,
aux arbres centenaires, puis l'Opéra éclatant de do-
rures, ruisselant de lumières, les voitures aux moel-
leux coussins, les attelages fringants, la salle à
manger splendidement servie. Le petit monde, le gros
de la nation : cette fouie immense qui travaille ou
mendie, produit ou vole, fait la grandeur ou la honte
Expulsée du public-house.
d'un peuple, ils ne l'ont pas ou presque pas aperçu.
De la statue ils n'ont vu que le chef d'or, rien des
pieds d'argile. Aussi sont-ils, toujours et quand
même, optimistes.
L'auteur de Londres pittoresque et la vie anglaise s'est
efforcé, on le sent à la lecture de son œuvre, d'éviter
les deux écueils que nous venons de signaler. Pour
écrire ce livre, il ne s'est point borné à aller passer
à Londres une saison. Il y a vécu des années, il en
a observé sur le vifle dessus et le dessous, saisi les
aspects pittoresques, étudié les mœurs et les usages,
si différents, pour la plupart, des nôtres.
Sa situation modes'te, mais lui donnant accès et
lui créant des relations dans tous les mondes, de
correspondant d'un grand journal de Paris, sa par-
faite connaissance de la langue, lui ont permis de
tout voir, de tout savoir, de tout comprendre. Et ce
qu'il nous dit dans son livre, il l'a vu de ses yeux,
entendu ou senti. Ce volume est surtout, avant
tout, une œuvre vécue et, ajouterons-nous, de bonne
foi.
Tout comme l'auteur, le dessinateur connaît
Londres à fond, l'a habité de longues années. Si les
croquis dont il a illustré le volume sont d'une vérité
tellement criante que tout Anglais, en les voyant,
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Types anglais (extraits de Londres Pittoresque).
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)