L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE

17 Décembre 1876.

— Aujourd'hui, tu vas commencer à être heureuse
et à bien porter ton nom de Félicité.

— Oh! fit la belle, les yeux rougis par les larmes,
ne vous moquez pas de moi, madame, je vous en
conjure!...

La souris se tenait les côtes de rire. Elle tapa un
coup de sa badine et aussitôt l'appartement descen-
dit au premier étage d'un palais du Parc-Monceau.
Il y avait des panneaux peints par Gill,des meubles
de bois de rose, une vaisselle d'argent et des costu-
mes par douzaines en tissus précieux dans les ti-
roirs des commodes.

Félicité se serait évanouie de joie si la souris ne
l'avait retenue. Elle la baigna dans de l'eau parfu-
mée, l'habilla bien joliment, lui piqua un camélia
sur l'oreille, puis, reprenant le masque de M. de Foy,
la conduisit voir la Dame Blanche, dans un landau
magnifique.

Le fils du président de la République était déjà là,
car, dans son impatience, il était arrivé avant l'allu-
mée des chandelles. Il n'aperçut pas plutôt Félicité,
qu'oubliant qu'il était Américain et qu'il n'avait pas
été présenté, il se jeta à ses genoux en s'écriant
qu'il l'aimait pour la vie !

Comme Félicité, plus rouge qu'une cerise, n'osait
rien dire, M. de Foy répliqua pour elle qu'elle n'a-
vait aimé et qu'elle n'aimerait jamais que le fils du
président de la République. Aussitôt ils quittèrent
î'Opéra-Comique, sans attendre le final, et couru-
rent à la Madeleine où le curé, que la souris avait été
réveiller, vint les bénir.

Le lendemain, le fils du président de la République
était si content qu'il envoya la croix à M. de Foy.
Quant à la tante, désireux de lui être agréable aussi,
il demanda à Félicité ce qui pouvait la réjouir. Elle
répondit qu'elle n'aimait que le cognac.

A ces mots, il commanda à son tonnelier d'en en-
voyer une pièce. La tante la fit monter dans le sa-
lon, à côté du piano; mais malheureusement, en

voulant boire à même, elle piqua une tète et se
noya.

La bonne Félicité pleura beaucoup. Cependant son
mari l'aimait tant et elle aimait tant son mari qu'elle
finit par se consoler, et tous les deux partirent pour
aller présider leur République, avec leur suite. Du
reste, le mari ne se souciait plus de voir l'Exposi-
tion universelle, aimant infiniment mieux admirer
l'exposition privée des beautés de Félicité et lire la
Revue des Deux-Mondes, contenue dans son corset de
satin blanc, que celle de M. Buloz, dit « l'aimable.»

moralité.

On voit par là que la sagesse est. toujours récom-
pensée dans les Contes de la mère l'Oie, juste à l'in-
verse de ce qui a lieu dans la réalité.

La Mère l'Oie.

FABLE COUP DE POING.

l'abonné des comptoirs d'étain

Par jour ce bohème pervers
Étouffe vingt perroquets verts ;
C'est une habitude suivie !

Moralité.

Que d'absinthe, hélas ! dans la vie !

H. <B.

HISTOIRE DE WAGON (Fin)

— Frontière! tout le monde descend pour la douane... — Moi, je fais les vins de Bordeaux

vingt minutes d'arrêt ! _ Moi, je lais les vins de Champagne.

Ensemble. — C'est égal, je Vuus ai l'ait crânement peur.