L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE

COMIQUE ILLUSTREE

17 Décembre 1876.

LA SEMAINE COMIQUE

— Toi qui voudrais débuter, voilà ton affaire... tu -es^eertaine d'y
trouver un engagement.

— Un baromètre à la Halle... malheur ! comme «i ou ne sentait pas
quand le temps va changer sans c'te mécanique-là.

— Oui, Monsieur, le maintien de la République et le pavé en bois
fermeront l'ère des Révolutions.

LES HOMMES DU JOUR

IYIM. EfcCKMANN-CHATRIAN

Voici certainement deux des romanciers les plus
justement célèbres de notre 'temps. Du reste on ne
saurait,assez insister sur ce point que dans leurs
ouvrages si nombreux déjà, il n'y a rien que, de mo-
ral et rien que d'éleve.Ils ont toujours dédaigné les
rcoyens misérables du « coup de pistolet » qui con-
siste à attirer l'attention du public par des mons-
truosités. Il faut aussi remarquer que, contrairement
à tant d'autres, ils ne parlent que de ce qu'ils sa-
vent.

Aussi, tous leurs romans alsaciens sont-ils des
tableaux de maître, d'autant plus précieux que ces
belles coutumes patriarcales d'Alsace disparaissent
malheureusement de plus en plus et qu'elles ne se-
ront bientôt plus conservées que dans les pages
charmantes de leurs livres, comme des fleurs rares
dans un herbier.

MM. Erckmann et Chatrian sont tous les deux de
la frontière alsacienne et lorraine : le premier est
fils d'un libraire de Phalsbourg ; le second, d'un
verrier du village de Soldatenthal.

Cependant, avant de se connaître, ils ont louvoyé
pendant plusieurs années. Ainsi, tandis que M. Erck-
mann étudiait le droit, M. Chatrian était obligé d'a-
bandonnsr la verrerie pour accepter une maigre
place de maître d'étude au collège de Phalsbourg.

C'est en 1848 qu'ils se rencontrèrent et se lièrent
de suite, ayant tous les deux le môme amour de la
patrie et les mêmes goûts littéraires.

Ils commencèrent par écrire une grande quantité
de feuilletons dans les journaux alsaciens, mais ce
ne fut qu'en 1839 qu'ils se firent remarquer avec lès
Contes de la Montagne.

Depuis, leur réputation s'est accrue d'année en
année et de volume en volume.

Personne qui ne connaisse les Contes des bords du
Rhin ou Maître Daniel Roek, le Fou Ycgof, le Joueur de
clarinette, les Volontaires de 02, le Conscrit de 181:!.
l'Ami Fritz, etc.

On se souvient qu'ils ont déjà abordé la scène en
18G9 avec le grand succès du Juif polonais, au théâtre
de Cluny; mais on sait moins que ce n'était pas
leur première pièce. Ile avaient eu pourtant l'Alsace
en 1814, représentée à Strasbourg dès 1848.

Quanta l'Ami Fritz, si admirablement" joué au
Théâtre-Français, à quelque parti qu'on appartienne,
on est obligé de convenir qu'enfin voilà une pièce
saine et digne en tout point, qui repose un peu des
adultères, des crimes, du vitriol, des nudités et des
calembredaines, si chers aux auteurs d'aujourd'hui.

Comme tous les honnêtes gens, MM. Erckmann-
Chatrian ont des ennemis parmi ceux qui ne le
sont pas. C'est aussi une gloire. Ainsi, on se sou-