L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

7 Janvier 1877

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

219

« lionne et heureuse, » mais « d'accompagnée de
plusieurs autres, » il n'y faut pas songer à moins du
double.

Les malins s'arrangent pour avoir déjà vidé leur
poche sur le mot « heureuse. » Ça tue net le com-
plément.

L'amusement des enfants, la tranquillité des parents.

Une arbalète qui brise les glaces,

Un établi où l'on se coupe les mains,

Un serpent Pharaon qui fait tousser,

Une trompette qui rend sourd, un pistolet à cap-
sules qui éborgne,

Des bonbons au chromate de plomb qui empoison-
nent...

Madame, c'est un faible témoignage...

Est ordinairement accolé à une boite de bonbons.

A la surface cela paraît doux comme le murmure
délicat d'une onde limpide,

Mais quelle tempête sous un gilet!

« Ah ! quand tu m'y reprendras chez toi, il fera
chaud! Elle était propre ta soirée! J'y ai perdu mon
chapeau, et j'en suis sorti les pieds écrasés 1 Et ton
chant, ce supplice que l'inquisition n'avait pas
trouvé, j'ai dû l'applaudir. Horreur! Et ça me coûte
aujourd'hui vingt francs! Ah! si tu me revois, toi,
tu pourras te vanter d'avoir de la chance ! »

. Les temps sont durs.

Cliché économique à l'usage des esprits étroits,

qui ne se réjouissent pas à l'idée de répandre autour
d'eux leurs bienfaits.

Comme les temps peuvent toujours avoir été durs
pour vous s'ils ne l'ont pas été pour les autres, ces
quatre mots sont excellents à n'importe quel mo-
ment, pour se tirer à très-bon marché de l'embarras
des cadeaux.

A la faveur de ce cliché, non-seulement vous pou-
vez donner peu, mais on conserve encore un senti-
ment de profonde gratitude du sacrifice que vous
vous êtes imposé.

Il a été très-employé cette année.

Un joli cadeau à faire à une demoiselle!

C'est un nécessaire à ouvrage.

Sur la foi du marchand, et vu la modicité du
prix, vingt-deux passants se hâtent d'en faire l'em-
plette.

Et mademoiselle X... reçoit, dans la matinée du
1er janvier, vingt-deux nécessaires à ouvrage !

Vous permettez ?

Cette question n'implique pas de réponse.

L'individu qui l'a posée abat — sans attendre —
ses grosses lèvres et son museau qui gratte sur les
joues fraîches de l'interpellée.

Sans cadeau, cette question serait considérée
comme une petitesse digne de vous perdre à jamais
dans l'esprit de la jolie personne à qui vous l'a-
dressez.