L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
297
LA JOURNÉE D'UNE GRISETTE
C'est une erreur de croire qu'il n'y a plus de gri-
settes à Paris, et que ce type a disparu avec le quar-
tier Latin.
Il est vrai que les grisettes ont remplacé les pom-
mes par les ananas et le joli bonnet de Mimi par des
chapeaux extravagants. On ne voit plus ces robes
dejaconas, immortalisées par Charles Monselet
dans
Les petites blanchisseuses
Qui s'en vont, chaque lundi,
Aux pratiques paresseuses
Porter le linge à midi.
Elles ont subi les transformations des hommes et
des choses. L'armée n'est plus qu'une petite pha-
lange; mais tant qu'il y aura des enfants de Paris
et des dimanches, il y aura des grisettes et des ma-
telotes, et tant qu'il y aura des moulins, il y aura
des bonnets à Montmartre.
Oui, ce n'est pas un paradoxe d'affirmer qu'il y a
encore au moins cinq grisettes à Paris.
Et quand je pense qu'en ces dernières années, il
n'y avait que cinq républicains à la Chambre, dont
M. Jules Simon, et qu'aujourd'hui il y en a trois
cents, il ne faut pas désespérer de la cocarde de ma-
demoiselle Mimi Pinson et du salut de la Républi-
que.
En attendant cette aurore, il nous plaît de fre-
donner le refrain de Jenny Vouvrïere, qui se con-
tentait de peu, ce qui explique la joie naïve des
hommes politiques satisfaits.
Il y a donc encore des grisettes. Notre héroïne
s'appelle mademoiselle Faufinette. Paul de Kock
lui eût donné un sourire.
Elle travaille à Paris, rue Yivienne, je ne sais
plus le numéro, Plumes et fleurs, au fond de la
cour, et parlez au portier, s'il daigne vous répondre.
S'il ne daigne pas, montez au troisième, prenez un
couloir à gauche, deuxième porte à droite. Entrez
sans frapper : vous êtes dans l'atelier.
Décor.
Le domicile légal de mademoiselle Faufinette est
à Montparnasse ; un petit lit de fer qui rappelle ce
quatrain naïf d'une vieille poésie :
Avec méchante femme, on le croira sans peine,
Même en un grand logis on se trouve à la gêne ;
Mais avec femme aimable et pleine d'amitié,
La couchette est encor trop grande de moitié.
En face, une fenêtre donnant sur les toits, ornée
d'un jardin suspendu, — Paris étant la seule ville
du monde où on aime les femmes et les fleurs.
Une petite commode en noyer, dont le marbre
sert de toilette, de table, de secrétaire, d'étagère, de
bibliothèque, etc., etc. Deux chaises, et c'est tout.
N° 38.
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LA JOURNÉE D'UNE GRISETTE
C'est une erreur de croire qu'il n'y a plus de gri-
settes à Paris, et que ce type a disparu avec le quar-
tier Latin.
Il est vrai que les grisettes ont remplacé les pom-
mes par les ananas et le joli bonnet de Mimi par des
chapeaux extravagants. On ne voit plus ces robes
dejaconas, immortalisées par Charles Monselet
dans
Les petites blanchisseuses
Qui s'en vont, chaque lundi,
Aux pratiques paresseuses
Porter le linge à midi.
Elles ont subi les transformations des hommes et
des choses. L'armée n'est plus qu'une petite pha-
lange; mais tant qu'il y aura des enfants de Paris
et des dimanches, il y aura des grisettes et des ma-
telotes, et tant qu'il y aura des moulins, il y aura
des bonnets à Montmartre.
Oui, ce n'est pas un paradoxe d'affirmer qu'il y a
encore au moins cinq grisettes à Paris.
Et quand je pense qu'en ces dernières années, il
n'y avait que cinq républicains à la Chambre, dont
M. Jules Simon, et qu'aujourd'hui il y en a trois
cents, il ne faut pas désespérer de la cocarde de ma-
demoiselle Mimi Pinson et du salut de la Républi-
que.
En attendant cette aurore, il nous plaît de fre-
donner le refrain de Jenny Vouvrïere, qui se con-
tentait de peu, ce qui explique la joie naïve des
hommes politiques satisfaits.
Il y a donc encore des grisettes. Notre héroïne
s'appelle mademoiselle Faufinette. Paul de Kock
lui eût donné un sourire.
Elle travaille à Paris, rue Yivienne, je ne sais
plus le numéro, Plumes et fleurs, au fond de la
cour, et parlez au portier, s'il daigne vous répondre.
S'il ne daigne pas, montez au troisième, prenez un
couloir à gauche, deuxième porte à droite. Entrez
sans frapper : vous êtes dans l'atelier.
Décor.
Le domicile légal de mademoiselle Faufinette est
à Montparnasse ; un petit lit de fer qui rappelle ce
quatrain naïf d'une vieille poésie :
Avec méchante femme, on le croira sans peine,
Même en un grand logis on se trouve à la gêne ;
Mais avec femme aimable et pleine d'amitié,
La couchette est encor trop grande de moitié.
En face, une fenêtre donnant sur les toits, ornée
d'un jardin suspendu, — Paris étant la seule ville
du monde où on aime les femmes et les fleurs.
Une petite commode en noyer, dont le marbre
sert de toilette, de table, de secrétaire, d'étagère, de
bibliothèque, etc., etc. Deux chaises, et c'est tout.
N° 38.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le pédicure malegré lui
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)