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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
18 Mars 1877.
N'oublions pas aujourd'hui la photographie-carte
d'un étudiant en droit; car peut-être ni vous ni moi
ne savons si elle ne sera pas remplacée demain par
celle d'un carabin.
Prologue.
Six heures du matin.
Mademoiselle Faufinette se lève, ouvre la fenêtre
et regarde son jardin.
La rose n'est pas encore ouverte, l'œillet blanc se
pavane, les myosotis bleus sont épanouis : Ne m'ou-
bliez pas.
Après cette revue, elle ôte les feuilles mortes avec
une épingle à cheveux. Tout cela prend un quart
d'heure.
Mademoiselle Faufinette fait sa toilette avec des
mines de chatte, devant un morceau déglace cassée
qui lui envoie des compliments flatteurs sur son joli
visage. Encore une demi-heure, et la voilà sous les
armes !
Robe de mérinos gros-bleu, col et manchettes
unies, bonnet à pompons crânement posé sur ses
cheveux personnels, et des bottines cambrées dont
le talon sonne. — Pas de gants.
Le portrait de mademoiselle Faufinette ne sera
pas plus long que sa toilette. Vous pouvez chanter
à la ronde, si vous voulez, que je l'adore et qu'elle
est blonde comme les blés, avec des cheveux follets
sur la nuque ; un museau frais, chiffonné, des yeux
verts comme des émeraudes, des yeux de chat, co-
quins ; le nez en l'air ; la lèvre rouge ; des dents de
souris; la taille fine; une belle paire de petites pat-
tes, blanches et agiles ; vive comme une alouette,
gaie comme un pinson, de l'esprit comme un gamin,
de la vertu quand elle est toute seule ; dix-huit ans,
mais un corset.
Emploi de la journée.
'A sept heures, mademoiselle Faufinette dégrin-
gole du sommet de Montparnasse, dont un financier
téméraire essaierait en vain de gravir les hauteurs.
En semaine, la journée de mademoiselle Faufi-
nette est réglée comme du papier à musique.
De huit heures du matin à dix heures du soir, elle
confectionne des chefs-d'œuvre avec des morceaux
de soie, de satin et de velours qu'elle tortille sans
les chiffonner, comme on peut en juger par l'échan-
tillon qui lui sert de cravate.
A dix heures du soir, elle va à la brasserie de la
Souris ver le, où elle retrouve Arthur, son fol amant,
boit de la bière à indiscrétion et fume des cigarettes
jusqu'à minuit et demi.
Le dimanche est une autre fête, comme on va le
voir.
arthur. — Te voilà ?
faufinette. — Mais oui. Pourquoi n'es-tu pas
venu hier? Je t'ai attendu.
— J'ai pioché Grotius et Puffendorf.
— C'est-à-dire que tu as pioché autre chose.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
18 Mars 1877.
N'oublions pas aujourd'hui la photographie-carte
d'un étudiant en droit; car peut-être ni vous ni moi
ne savons si elle ne sera pas remplacée demain par
celle d'un carabin.
Prologue.
Six heures du matin.
Mademoiselle Faufinette se lève, ouvre la fenêtre
et regarde son jardin.
La rose n'est pas encore ouverte, l'œillet blanc se
pavane, les myosotis bleus sont épanouis : Ne m'ou-
bliez pas.
Après cette revue, elle ôte les feuilles mortes avec
une épingle à cheveux. Tout cela prend un quart
d'heure.
Mademoiselle Faufinette fait sa toilette avec des
mines de chatte, devant un morceau déglace cassée
qui lui envoie des compliments flatteurs sur son joli
visage. Encore une demi-heure, et la voilà sous les
armes !
Robe de mérinos gros-bleu, col et manchettes
unies, bonnet à pompons crânement posé sur ses
cheveux personnels, et des bottines cambrées dont
le talon sonne. — Pas de gants.
Le portrait de mademoiselle Faufinette ne sera
pas plus long que sa toilette. Vous pouvez chanter
à la ronde, si vous voulez, que je l'adore et qu'elle
est blonde comme les blés, avec des cheveux follets
sur la nuque ; un museau frais, chiffonné, des yeux
verts comme des émeraudes, des yeux de chat, co-
quins ; le nez en l'air ; la lèvre rouge ; des dents de
souris; la taille fine; une belle paire de petites pat-
tes, blanches et agiles ; vive comme une alouette,
gaie comme un pinson, de l'esprit comme un gamin,
de la vertu quand elle est toute seule ; dix-huit ans,
mais un corset.
Emploi de la journée.
'A sept heures, mademoiselle Faufinette dégrin-
gole du sommet de Montparnasse, dont un financier
téméraire essaierait en vain de gravir les hauteurs.
En semaine, la journée de mademoiselle Faufi-
nette est réglée comme du papier à musique.
De huit heures du matin à dix heures du soir, elle
confectionne des chefs-d'œuvre avec des morceaux
de soie, de satin et de velours qu'elle tortille sans
les chiffonner, comme on peut en juger par l'échan-
tillon qui lui sert de cravate.
A dix heures du soir, elle va à la brasserie de la
Souris ver le, où elle retrouve Arthur, son fol amant,
boit de la bière à indiscrétion et fume des cigarettes
jusqu'à minuit et demi.
Le dimanche est une autre fête, comme on va le
voir.
arthur. — Te voilà ?
faufinette. — Mais oui. Pourquoi n'es-tu pas
venu hier? Je t'ai attendu.
— J'ai pioché Grotius et Puffendorf.
— C'est-à-dire que tu as pioché autre chose.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le pédicure malegré lui (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_298
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg