24 Juin 1877.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
409
MESSIEURS NOS DOMESTIQUES
Attitudes variées, consciences idem. On peut en trouver de bons, mais il y en a beaucoup de mauvais. Que ceux qui
peuvent s'en passer sont heureux !
EN FACTION
a la porte d'un ministère.
(De 10 heures à midi.)
Demi-tour... par le flanc gauche... marche!... Un
brigadier do gendarmerie cà pied de la Seine, suivi
de deux gendarmes en bonnets à poil, relève les fac-
tionnaires du Trésor public. Arrivés au guichet, une
conversation mystérieuse s'engage entre eux. A la
vue de ces-quatre bonnets à poil se présentant gra-
vement les armes, je m'approchai, et je surpris
des paroles étranges : On ne fume pas dans F intérieur
de l'hôtel... pas entrer ni sortir de paquets... chasser
les chiens... empêcher les voitures de stationner... prê-
ter main-forte...
Le factionnaire se promène. Une femme de cham-
bre ouvre une fenêtre face. Le gendarme fait os-
ciller son bonnet à poil. Us se sont compris. Le dia-
logue allait son train, lorsque :
le factionnaire, à un rentier.— Jetez votre cigare.
le rentier, rogue. — Il est éteint.
le factionnaire (à part). — On en remue des écus,
par ici !
(Passe un chevalier de la Légion d'honneur, — il
porte les armes.) — Est-ce qu'il ne pourrait pas met-
tre son ruban, celui-là?
(Passe un officier de la Légion d'honneur, il pré-
sente lesa?'mes.) — Cré nom! elle referme la fenêtre!..
J'ai du guignon, ce matin. En voilà pour deux heu-
res. (Entre un employé.) — Monsieur, vous êtes nu-
tête...
l'employé. — Ça se comprend : je laisse mon cha-
peau à ma place.
(Une cuisinière passe avec un panier.)
le factionnaire, mollement appuyé sur soti arme.—
Un beau brin ! Nom d'une pipe ! c'est le jour des che-
valiers qui viennent toucher leur pension. {Il porte
tarme.) Est-ce que je vais passer ma vie à faire le
soldat de plomb? Patacou est à l'autre porte... des
privilégiés. (La femme de chambre reparaît à la fe-
nè/re.)Elle me fait signe que sa maîtresse l'a appelée...
Quel chignon, mes enfants! Après mon congé, je
demanderai au colonel la permission de convoler,
et si elle veut... de moi... (Il présente vivement l'arme :
un officier passe.) Il n'était que temps... un peu
plus... (// porte l'arme.) Tout le monde a donc la
croix dans ce pays-ci?... Tiens, l'arquebusier d'en
face qui sonne de la trompette ! (Une voix de femme
partant du quatrième étage : — Oui, on y va!) Ah!
No 52.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
409
MESSIEURS NOS DOMESTIQUES
Attitudes variées, consciences idem. On peut en trouver de bons, mais il y en a beaucoup de mauvais. Que ceux qui
peuvent s'en passer sont heureux !
EN FACTION
a la porte d'un ministère.
(De 10 heures à midi.)
Demi-tour... par le flanc gauche... marche!... Un
brigadier do gendarmerie cà pied de la Seine, suivi
de deux gendarmes en bonnets à poil, relève les fac-
tionnaires du Trésor public. Arrivés au guichet, une
conversation mystérieuse s'engage entre eux. A la
vue de ces-quatre bonnets à poil se présentant gra-
vement les armes, je m'approchai, et je surpris
des paroles étranges : On ne fume pas dans F intérieur
de l'hôtel... pas entrer ni sortir de paquets... chasser
les chiens... empêcher les voitures de stationner... prê-
ter main-forte...
Le factionnaire se promène. Une femme de cham-
bre ouvre une fenêtre face. Le gendarme fait os-
ciller son bonnet à poil. Us se sont compris. Le dia-
logue allait son train, lorsque :
le factionnaire, à un rentier.— Jetez votre cigare.
le rentier, rogue. — Il est éteint.
le factionnaire (à part). — On en remue des écus,
par ici !
(Passe un chevalier de la Légion d'honneur, — il
porte les armes.) — Est-ce qu'il ne pourrait pas met-
tre son ruban, celui-là?
(Passe un officier de la Légion d'honneur, il pré-
sente lesa?'mes.) — Cré nom! elle referme la fenêtre!..
J'ai du guignon, ce matin. En voilà pour deux heu-
res. (Entre un employé.) — Monsieur, vous êtes nu-
tête...
l'employé. — Ça se comprend : je laisse mon cha-
peau à ma place.
(Une cuisinière passe avec un panier.)
le factionnaire, mollement appuyé sur soti arme.—
Un beau brin ! Nom d'une pipe ! c'est le jour des che-
valiers qui viennent toucher leur pension. {Il porte
tarme.) Est-ce que je vais passer ma vie à faire le
soldat de plomb? Patacou est à l'autre porte... des
privilégiés. (La femme de chambre reparaît à la fe-
nè/re.)Elle me fait signe que sa maîtresse l'a appelée...
Quel chignon, mes enfants! Après mon congé, je
demanderai au colonel la permission de convoler,
et si elle veut... de moi... (Il présente vivement l'arme :
un officier passe.) Il n'était que temps... un peu
plus... (// porte l'arme.) Tout le monde a donc la
croix dans ce pays-ci?... Tiens, l'arquebusier d'en
face qui sonne de la trompette ! (Une voix de femme
partant du quatrième étage : — Oui, on y va!) Ah!
No 52.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Messieurs nos domestiques
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_409
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg