L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

11 Février 1877.

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

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LA REVUE
DU DEMI-MONDE

On ne saurait se le dissimuler plus longtemps :
Le temps est aux cocottes. Au lac, elles étalent leur toi-
lette, au théâtre leurs charmes, aux vitrines des lihraires
leurs prénoms de contrebande et leur photographie. Les
grandes dames corrompent leurs faiseuses et acceptent
une lutte inégale ; les fils de famille se ruinent pour elles ;
enfin la presse enregistre leurs aventures, et on pourrait
leur appliquer le mot de Giboyer :
— Le courant porte là.

Cela ne me fâche pas. Elles font bien dans le paysage.
Les journaux annoncent l'apparition de plusieurs Moni-
teurs de la galanterie et la fondation d'un cercle féminin.

En vue de favoriser ce petit 89, nous avons pensé qu'il
ne serait pas inutile de mettre au service des femmes
libres les lumières de notre expérience. Nous proposons
donc d'intituler leur cercle Cocotte-club et de baptiser l'or-
gane du sexe enchanteur et plâtré : Revue du Demi-Monde.

Le cercle serait régi par des statuts qui seront l'objet
d'une étude spéciale. En attendant, voilà le projet d'un
journal destiné à la régénération des femmes indépen-
dantes.

LA REVUE DU DEMI-MONDE

Journal des femmes indépendantes.

La vertu n'est qu'un substantif féminin.

(Bescherelle.)

L'homme n'est qu'un roseau, mais c'est un roseau flexible.

(Pascal.)

La femme est l'esclave fie l'homme, mais l'homme est son valet.

(Anonyme.)

Premier-cocotte.

Le premier numéro renfermerait un manifeste :

A nos lectrices !

Des femmes libres, bien connues par l'indépendance de
leurs principes, ont résolu de secouer le joug de l'homme
et de ne plus vivre sous la tyrannie de là force brutale
tempérée par la galanterie.

Ce journal est fondé pour le triomphe de la régénération
de la femme, et il deviendra le drapeau de celles qui ne
craignent pas le sexe fort. Libres oiseaux de la nature,
brisons les barreaux de nos cages dorées, ne soyons plus
des maîtresses esclaves. Ce siècle verra des Dalilas couper
des chevelures et, s'il le faut, des Judiths s'armer du glaive
contre les Holophernes. Nous poursuivrons notre tâche
jusqu'au jour où sera réalisée l'allégorie d'Hercule aux
pieds d'Omphale.

Cléopàtre.