4 Mars 1877.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
281
L'ANE DE BURIDAN
Un cabinet donnant sur le boulevard Italien.
Après déjeuner, ALBERT et RAOUL fument en prenant une
tasse de café et continuent une conversation commencée.
albert. — Voilà le chien.
raoul. — Ça n'est pas très-clair.
albert. — Mais si. J'aime Carmen qui est blonde
et Léonie qui est brune. Elles se détestent et elles
capituleront pour se faire mutuellement une niche...
Moi, au milieu... par terre.
Raoul. — Prends-les toutes les deux.
albert. — C'est impossible. Je les rencontre
presque toujours ensemble. Elles ne se quittent pas.
Elles s'espionnent comme des Mohicans. La blonde
veut de la poésie. La brune semble rêver quelque
chose de plus substantiel. L'une nage dans la mélan-
colie, l'autre me fait des scènes. Je comprends
Célimène entre Alceste et le petit marquis ; mais
moi, que veux-tu que je fasse entre ces deux fem-
mes qui jouent leur partie, et qui abattent neuf et
neuf? Si l'une veut céder, l'autre s'avance. Ce jeu-
là commence à crânement m'embêter.
eaoul. — Elles t'adorent?
albert. — Je ne crois pas.
Raoul. — Et tu les aimes ?
albert. — Toutes les deux.
Raoul. — C'est Y Ane à Buridan. Boire ou manger,
manger ou boire.
albert. — Voilà.
raoul. — Mange et bois, ou laisse-moi tranquille.
raoul. — Des bêtises, les conseils.
albert. — Qu'est-ce que tu ferais?
raoul. — Je les enverrais promener, et la pre-
mière qui reviendrait aurait le panache.
albert. — J'ai essayé. Elles arrivent tête à tête.
raoul. — Et quand tu en trouves une toute seule?
albert. — Elle me demande où j'en suis avec
l'autre.
raoul. — Il faudrait un moyen.
albert. — J'en ai un, bête comme tout, mais
canaille.
raoul. — Marchons comme ça.
albert. —Voici le moyen : je leur écris une lettre
à la même heure, en leur donnant rendez-vous ici.
raoul. — C'est carré.
albert. — Et la première qui vient, à l'abordage !
{Il sonne. Le garçon entre.) Ce qu'il faut pour écrire
et deux chasseurs. [Le garçon apporte un buvard.)
D'abord les enveloppes. [Il fredonne un air de valse.)
albert. — J'ai besoin d'un conseil.
■ A madame Carmen...
Rue Saint-Dominique,
en ville.
A l'autre :
A madame Léonie...
Rue Saint-Dominique,
en ville.
Maintenant les deux lettres. Pour Léonie-Rodogune,
ça va tout seul :
UN CRIME ATROCE! Effroyables détails.
C était U Teille des jours gras ; deux truies, encore à la fleur de l'âge, Hélas! ils n'étaient que trop fondés : deux infâmes scélérats se glissaient dans
sommeillaient, lorsque tout à coup elles furent réveillées par un bruit l'ombre, animés des pluB terribles desseins,
qui les agita soudain des plus noirs pressentiments.
N° 36.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
281
L'ANE DE BURIDAN
Un cabinet donnant sur le boulevard Italien.
Après déjeuner, ALBERT et RAOUL fument en prenant une
tasse de café et continuent une conversation commencée.
albert. — Voilà le chien.
raoul. — Ça n'est pas très-clair.
albert. — Mais si. J'aime Carmen qui est blonde
et Léonie qui est brune. Elles se détestent et elles
capituleront pour se faire mutuellement une niche...
Moi, au milieu... par terre.
Raoul. — Prends-les toutes les deux.
albert. — C'est impossible. Je les rencontre
presque toujours ensemble. Elles ne se quittent pas.
Elles s'espionnent comme des Mohicans. La blonde
veut de la poésie. La brune semble rêver quelque
chose de plus substantiel. L'une nage dans la mélan-
colie, l'autre me fait des scènes. Je comprends
Célimène entre Alceste et le petit marquis ; mais
moi, que veux-tu que je fasse entre ces deux fem-
mes qui jouent leur partie, et qui abattent neuf et
neuf? Si l'une veut céder, l'autre s'avance. Ce jeu-
là commence à crânement m'embêter.
eaoul. — Elles t'adorent?
albert. — Je ne crois pas.
Raoul. — Et tu les aimes ?
albert. — Toutes les deux.
Raoul. — C'est Y Ane à Buridan. Boire ou manger,
manger ou boire.
albert. — Voilà.
raoul. — Mange et bois, ou laisse-moi tranquille.
raoul. — Des bêtises, les conseils.
albert. — Qu'est-ce que tu ferais?
raoul. — Je les enverrais promener, et la pre-
mière qui reviendrait aurait le panache.
albert. — J'ai essayé. Elles arrivent tête à tête.
raoul. — Et quand tu en trouves une toute seule?
albert. — Elle me demande où j'en suis avec
l'autre.
raoul. — Il faudrait un moyen.
albert. — J'en ai un, bête comme tout, mais
canaille.
raoul. — Marchons comme ça.
albert. —Voici le moyen : je leur écris une lettre
à la même heure, en leur donnant rendez-vous ici.
raoul. — C'est carré.
albert. — Et la première qui vient, à l'abordage !
{Il sonne. Le garçon entre.) Ce qu'il faut pour écrire
et deux chasseurs. [Le garçon apporte un buvard.)
D'abord les enveloppes. [Il fredonne un air de valse.)
albert. — J'ai besoin d'un conseil.
■ A madame Carmen...
Rue Saint-Dominique,
en ville.
A l'autre :
A madame Léonie...
Rue Saint-Dominique,
en ville.
Maintenant les deux lettres. Pour Léonie-Rodogune,
ça va tout seul :
UN CRIME ATROCE! Effroyables détails.
C était U Teille des jours gras ; deux truies, encore à la fleur de l'âge, Hélas! ils n'étaient que trop fondés : deux infâmes scélérats se glissaient dans
sommeillaient, lorsque tout à coup elles furent réveillées par un bruit l'ombre, animés des pluB terribles desseins,
qui les agita soudain des plus noirs pressentiments.
N° 36.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Un crime atroce! Effroyables détails
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)