-i Février 1877.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
■m
LA JOURNÉE
D'UNE ACTRICE
DÉCOR : Boudoir japonais. Meubles de tous les
styles. Un piano. A la glace un carré de papier :
bulletin de répétition. Deux heures.
En costume.
Pr le directeur, Lastaingue.
Lundi, huit heures du matin.
Arabelle sort d'un bain de lait parfumé à l'iris.
Elle entre dans son boudoir en chemise, fait volti-
ger une brochure, un morceau de musique et un
journal à images.
Arabelle (appelant). — Carmen?... Carmen?
Carmen. — Madame?
— Où sont les journaux ?
— Les voici.
— M'a-t-on apporté ma coiffure ?
— Oui, madame.
— Répétition en costume à deux heures... Je ne
sais pas un mot de mon rôle. Et ces journaux?
— Ils sont sur le piano.
— Va-t'en, tu m'agaces.
— Madame sonnera.
— Va-t'en !
(Carmen s'assied, fouille dans le chiffonnier, en
tire des épingles, des chiffons multicolores, et se
met en mesure de construire un nœud de velours
et de soie.
Arabelle parcourt fiévreusement le rez-de-chaussée
des quarante journaux politiques.
Arabelle (à elle-même). — Rien pour moi... Oh !
les journalistes, en voilà des hommes qui n'ont pas
le cœur tendre... On me traite comme si je n'étais
pas au monde... C'est moi qui ai joliment envie de
m'en aller à Pétersbourg !
Carmen. — Madame m'emmènera?
— Qu'est-ce que tu fais là?
— Un nœud.
— Montre donc... Tiens, c'est gentil... Tu m'en
feras un... Mais qu'est-ce que j'ai donc fait au Fi-
garo, mon Dieu?
— Le Figaro dit des méchancetés sur madame ?
— Non, il ne dit rien du tout.
— Madame devrait écrire.
— Ah! non, par exemple.
— Alors, madame devrait aller voir ces messieurs.
— Tu crois?
— Moi, j'irais.
— Ma foi, j'en ai peur ; ce journal-là, vois-tu,
quand on y touche, c'est un nid de serpents.
— Et qui sifflent.
— Tiens, oui... Horreur! horreur! Carmen...
cache !
— Quoi donc, madame?
— Le Temps. Je t'avais dit de né jamais m'appor-
ter ce journal-là, jamais, jamais !
— Je me serai trompé ; j'en ai pris deux numéros.
— Lis, tu me diras s'il y a quelque chose; j'en
aurais une attaque de nerfs.
— Il y a peut-être des compliments pour madame.
— Carmen, sois bonne, ne te moque pas de moi.
Oh! si je rencontrais M. Sarcey un jour de révolu-
tion, quel joli otage!... Je lui dirais comme Ricourt
(elle déclame) :
Oui, j'irai la première à cette horrible fête,
Acheter le plaisir de voir tomber ta tête.
Y a-t-il quelque chose sur moi?... Mon nom?
La première barbe d'Eugène Beaupif
Eugène Beaupif, ayant chipé le rasoir de son papa, est persuadé
Eugène Beaupif, qui n'a que trois poils au menton, aspire au bonheur ^ doit rac]el. matin et soir les susdits poils, pour arriver a la réa-
de se voir propriétaire d'une barbe de sapeur. lisation de son rêve.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
■m
LA JOURNÉE
D'UNE ACTRICE
DÉCOR : Boudoir japonais. Meubles de tous les
styles. Un piano. A la glace un carré de papier :
bulletin de répétition. Deux heures.
En costume.
Pr le directeur, Lastaingue.
Lundi, huit heures du matin.
Arabelle sort d'un bain de lait parfumé à l'iris.
Elle entre dans son boudoir en chemise, fait volti-
ger une brochure, un morceau de musique et un
journal à images.
Arabelle (appelant). — Carmen?... Carmen?
Carmen. — Madame?
— Où sont les journaux ?
— Les voici.
— M'a-t-on apporté ma coiffure ?
— Oui, madame.
— Répétition en costume à deux heures... Je ne
sais pas un mot de mon rôle. Et ces journaux?
— Ils sont sur le piano.
— Va-t'en, tu m'agaces.
— Madame sonnera.
— Va-t'en !
(Carmen s'assied, fouille dans le chiffonnier, en
tire des épingles, des chiffons multicolores, et se
met en mesure de construire un nœud de velours
et de soie.
Arabelle parcourt fiévreusement le rez-de-chaussée
des quarante journaux politiques.
Arabelle (à elle-même). — Rien pour moi... Oh !
les journalistes, en voilà des hommes qui n'ont pas
le cœur tendre... On me traite comme si je n'étais
pas au monde... C'est moi qui ai joliment envie de
m'en aller à Pétersbourg !
Carmen. — Madame m'emmènera?
— Qu'est-ce que tu fais là?
— Un nœud.
— Montre donc... Tiens, c'est gentil... Tu m'en
feras un... Mais qu'est-ce que j'ai donc fait au Fi-
garo, mon Dieu?
— Le Figaro dit des méchancetés sur madame ?
— Non, il ne dit rien du tout.
— Madame devrait écrire.
— Ah! non, par exemple.
— Alors, madame devrait aller voir ces messieurs.
— Tu crois?
— Moi, j'irais.
— Ma foi, j'en ai peur ; ce journal-là, vois-tu,
quand on y touche, c'est un nid de serpents.
— Et qui sifflent.
— Tiens, oui... Horreur! horreur! Carmen...
cache !
— Quoi donc, madame?
— Le Temps. Je t'avais dit de né jamais m'appor-
ter ce journal-là, jamais, jamais !
— Je me serai trompé ; j'en ai pris deux numéros.
— Lis, tu me diras s'il y a quelque chose; j'en
aurais une attaque de nerfs.
— Il y a peut-être des compliments pour madame.
— Carmen, sois bonne, ne te moque pas de moi.
Oh! si je rencontrais M. Sarcey un jour de révolu-
tion, quel joli otage!... Je lui dirais comme Ricourt
(elle déclame) :
Oui, j'irai la première à cette horrible fête,
Acheter le plaisir de voir tomber ta tête.
Y a-t-il quelque chose sur moi?... Mon nom?
La première barbe d'Eugène Beaupif
Eugène Beaupif, ayant chipé le rasoir de son papa, est persuadé
Eugène Beaupif, qui n'a que trois poils au menton, aspire au bonheur ^ doit rac]el. matin et soir les susdits poils, pour arriver a la réa-
de se voir propriétaire d'une barbe de sapeur. lisation de son rêve.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La première barbe d'Eugène Beaupif
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Eugène Beaupif, qui n'a que trois poils au menton, aspire au bonheur de se voir propriètaire d'une barbe de sapeur." "Eugène Beaupif, ayant chipé le rasoir de son papa, est persuadé qu'il doit racler matin et soir les susdits poils, pour arriver à la réalisation de son rêve." Signatur: "A. L. P."
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_249
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg