7 Janvier 1877.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
223
L'ANNÉE QUI COMMENCE. — LES ÉTRENNES
<^ui d encre nous n'est pas plus ou moins en proie au cauchemar des étrennes ! N'est-on pas poursuivi dans ses rêves par ces affreux person-
nages qui sous prétexte de s'informer de votre santé (dont ils se moquent pas mai, entre nous) n'en veulent qu'à votre bourse. Tous depuis
celui qui n'a pour ambition que d'être régalé gratis, jusqu'à cette petite dame qui regarde à peine une parure de GO mille francs qu'on lui olfre,
ne sont que des carotteurs.
Je ne reverrai pas ce carré de carton où je cherchais
les jours de fête, où je marquais chaque nom de
saint ou de sainte par une espérance,— calendrier
■en avenir que je m'étais construit et qui n'était
qu'un calendrier en Espagne.
Au feu, ces almanachs menteurs !
— Pourquoi ne peut-on pas, avec eux, hrûler d'un
seul coup le vieil homme, dépouiller le passé, chan-
ger de peines comme on change de vêtements?...
— En Amérique, dans quelques cités industrielles
de l'Angleterre où les maisons sont construites en
hois, on met le feu tous les ans aux demeures. On
se réchauffe aux débris des vieilles habitations, et
l'on en construit à côté de nouvelles. « Je voudrais
vivre ainsi, disait un jour Michelet, dans un renou-
vellement perpétuel ! »
— Pourtant, je trouve qu'il vient vite, — et tout
seul, — ce renouvellement, et qu'on n'a besoin de
rien détruire. Les choses tombent d'elles-mêmes, et
les hommes et les sentiments. Qu'il emporte de par-
celles de chacun de nous, ce vieil almanach, d'illu-
sions détruites, d'amitiés perdues, d'espoirs aux
ailes brisées. Laissons tout cela partir, laissons s'en-
voler les hirondelles !
Mais comment tant de choses, dites-moi, peuvent-
elles tenir sur un morceau de papier satiné ? Trois
cent soixante-cinq jours! C'est bien court, c'est bien
long.
Je ne regarde pas sans un certain frisson l'almanach
nouveau. S'il pouvait parler, s'il pouvait nous dire...
Bah! qu'il se taise! Toute année nouvelle est une
nouvelle maitresse.
On sait bien qu'elle nous trompera, que ses ser-
ments sont de chrysocale; on sait qu'elle promet et
ne tient pas, qu'elle donne plus de morsures que de
baisers#, que si elle a des lèvres, elle a des ongles,
qu'elle est femme comme les autres, mais on ne re-
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
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L'ANNÉE QUI COMMENCE. — LES ÉTRENNES
<^ui d encre nous n'est pas plus ou moins en proie au cauchemar des étrennes ! N'est-on pas poursuivi dans ses rêves par ces affreux person-
nages qui sous prétexte de s'informer de votre santé (dont ils se moquent pas mai, entre nous) n'en veulent qu'à votre bourse. Tous depuis
celui qui n'a pour ambition que d'être régalé gratis, jusqu'à cette petite dame qui regarde à peine une parure de GO mille francs qu'on lui olfre,
ne sont que des carotteurs.
Je ne reverrai pas ce carré de carton où je cherchais
les jours de fête, où je marquais chaque nom de
saint ou de sainte par une espérance,— calendrier
■en avenir que je m'étais construit et qui n'était
qu'un calendrier en Espagne.
Au feu, ces almanachs menteurs !
— Pourquoi ne peut-on pas, avec eux, hrûler d'un
seul coup le vieil homme, dépouiller le passé, chan-
ger de peines comme on change de vêtements?...
— En Amérique, dans quelques cités industrielles
de l'Angleterre où les maisons sont construites en
hois, on met le feu tous les ans aux demeures. On
se réchauffe aux débris des vieilles habitations, et
l'on en construit à côté de nouvelles. « Je voudrais
vivre ainsi, disait un jour Michelet, dans un renou-
vellement perpétuel ! »
— Pourtant, je trouve qu'il vient vite, — et tout
seul, — ce renouvellement, et qu'on n'a besoin de
rien détruire. Les choses tombent d'elles-mêmes, et
les hommes et les sentiments. Qu'il emporte de par-
celles de chacun de nous, ce vieil almanach, d'illu-
sions détruites, d'amitiés perdues, d'espoirs aux
ailes brisées. Laissons tout cela partir, laissons s'en-
voler les hirondelles !
Mais comment tant de choses, dites-moi, peuvent-
elles tenir sur un morceau de papier satiné ? Trois
cent soixante-cinq jours! C'est bien court, c'est bien
long.
Je ne regarde pas sans un certain frisson l'almanach
nouveau. S'il pouvait parler, s'il pouvait nous dire...
Bah! qu'il se taise! Toute année nouvelle est une
nouvelle maitresse.
On sait bien qu'elle nous trompera, que ses ser-
ments sont de chrysocale; on sait qu'elle promet et
ne tient pas, qu'elle donne plus de morsures que de
baisers#, que si elle a des lèvres, elle a des ongles,
qu'elle est femme comme les autres, mais on ne re-
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
L'année qui commence. - Les étrennes
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_223
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg