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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 10.1877

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https://doi.org/10.11588/diglit.6772#0014
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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

14 Janvier 1877.

Il se mordait étonnamment les lèvres pour ne pas
rire.

M. Beaudonnet, devenu hagard, était tout oreilles.

— Dangereuse? Ah! ce n'est pas bien! fit le
choeur. Qu'est-ce qu'elle a donc, cette fève?

— Mon Dieu! j'ai peut-être eu tort, parce qu'on
ne sait jamais ce qui peut arriver; mais, pour vous
amuser, je l'ai bourrée de fulminate en y adaptant
une capsule. Comme cela, j'ai pensé qu'au moindre
choc, par exemple en tombant dans le verre de la
personne que...

Jules n'eut pas besoin d'aller plus loin. M. Beau-
donnet était devenu vert. Il poussa un cri étouffé et
tomba évanoui sur sa chaise. On l'emporta sur la
terrasse au grand air, et pendant que nous lirions la
souveraineté à la courte paille :

— C'est très-bète, Jules, ce que vous avez fait là!
dit ma tante.

Mais au fond je suis sûr qu'elle avait plusenvio
de rire que de se fâcher.

Cette aventure a sa morale
En prouvant jusqu'à l'évidence
Que la cancrerie est fort sale
Et qu'elle obtient sa récompense.

■ P. P.

CE QUI SE PASSERA DEMAIN

Prédictions pour l'année 1877.

Le hasard m'a mis l'autre jour entre les mains un
Almanach du grand prophète Nostrudamus pour 1870.
Les événements passés y sont prédits avec une telle
lucidité, que j'en suis resté stupéfait. Il est impossi-
ble de mieux annoncer après coup ce qui devait ar-
river.

Cette lecture m'a frappé au point que je me suis
vu toute la nuit pénétrant à mon tour les secrets de
l'avenir, et que je n'étais pas bien sûr, en me réveil-
lant, de pas être Nostradamus lui-même.

Par curiosité j'ai pris la plume et je me suis bien-
tôt émerveillé moi-même en rendant pour le lende-
main les oracles suivants :

Dès le point du jour, les laitières de Paris, pour
ne pas trop charger les estomacs délicats, commen-
ceront par allonger d'une notable quantité d'eau le
mélange malpropre destiné à leurs pratiques.

Un neveu recevra de son oncle une lettre débutant
ainsi :

« Parbleu ! monsieur, j'en apprends de belles sur
votre compte !... »

Un monsieur prendra à la loterie en vogue le nu-
méro qui ne doit pas gagner.

Une demoiselle qui a passé la veille au soir une
heure et demie à tortiller des papillotes, et trois
quarts d'heure le matin à se les passer au fer, ré-
pondra au compliment d'un monsieur :

— Ce que j'aime dans mes cheveux, c'est qu'ils
frisent naturellement.

Deux enfants, que leurs parents auront impru-
demment laissés seuls avec des allumettes chimi-
ques, joueront à mettre le feu aux rideaux.

Une mendiante laissera en mourant 350,000 francs
dans un vieux bas.

Un monsieur distrait mettra l'adresse de son
notaire sur une lettre adressée à mademoiselle
Amanda.

Un enfant, sautant sur les genoux d'un étranger
invité chez sa mère, lui demandera de façon à être
entendu de tout le monde :

— Monsieur, pourquoi donc faire que t'as le nez
si long?

Sur quoi la mère fera observer à l'étranger:

— Cet enfant a l'esprit d'observation très-déve-
loppé. Il faut qu'il se rende compte de tout.

Un journal hostile prouvera qu'on meurt beaucoup
plus sous le régime républicain que sous le gouver-
nement de son choix.

Un créancier invité à se présenter entre midi et
deux heures recevra cette réponse :

— Monsieur n'y est pas. Ah 1 il sera bien fâché de
ne pas vous avoir vu !

Un employé d'une de nos grandes administrations
secouera de la belle façon un intrus qui se sera per-
mis de l'interrompre pendant la lecture de son jour-
nal.

Un capitaliste bien connu recevra une lettre dans
le goût de celie-ci :

« Monsieur le baron,

« Je viens de découvrir la manière de faire de la
farine de gruau avec de vieux gants. Il y a une for-
tune dans cette idée-là. Je vous offre généreusement
d'en partager les bénéfices avec moi. En attendarit,
toutefois, je vous serais obligé de remettre au por-
teur quinze ou vingt mille francs pour faire face aux
premières exigences de l'entreprise ; je vous revau-
drai naturellement cette petite avance sur ma part
de bénéfices à venir.

« Je suis, avec le plus profond respect,... »

Le capitaliste prudent fera remettre quinze ou
vingt sous au porteur.

Un poète incompris mettra la dernière main à un
chef-d'œuvre.

Un locataire aura des difficultés avec son proprié-
taire.

Un industriel fabriquera avec du poussier de mot-
tes un nouveau chocolat de santé.

Cham aura de l'esprit.

M"0 Pierson sera jolie.

Une somnambule interrogée sur un mariage ré-
poudra :

— Attendez un moment... Bien... je vois parfaite-
ment, c'est d'un vol qu'il s'agit...
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