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L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
1" Avril 1877.
19, 20 : L'homme de la campagne; — 21, 22, 23, 24,
25 : Avec une femme persécutée; — 26, 27, 28, 29,
30 : Grande catastrophe; — 31, 32, 1, 2, 3 : Une let-
tre.....
(On entend un coup de sonnette.)
armande. — Madame, c'est peut-être l'hussier.
katinette. — Invite-le à déjeuner... 4, 5, 6, 7, 8 :
Affaires de femmes.
armande. — Si.c'était m'ame Agar?
katinette. — Pourquoi dis-tu m'ame Agar?
armande. — Madame Agar.
katinette. — Armande, va donc me chercher un
roman au cabinet de lecture. (Coups de sonnette.)
armande. — J'y vais, madame.
colomba. — Enfin, ce n'est pas malheureux; on a
l'oreille dure... j'allais m'en aller... Tu n'es pas le-
vée?
katinette. — Mais non... Tu vas déjeuner avec
moi... D'où viens-tu?
colomba. — J'ai été prendre une leçon d'anglais.
Si on n'avait pas de parents stupides, ils vous feraient
apprendre des langues étrangères.
katinette. — Pourquoi faire?
colomba. — Au fait, tu as raison : les étrangers,
c'est de la blague. Quant j'ai commencé, je croyais
que Paris était pavé d'Anglais, de Russes, de Brési-
liens...
katinette. — Quelle candeur!
colomba. — Dame! j'avais lu ça dans les romans.
On vous fiche ces machines-là dans la tète étant en
nourrice. C'est comme les gens qui vous offrent des
mobiliers. (Elle allume une cigarette.) Les hommes
sont crânement ferrés sur les additions... J'ai eu,
dans le temps, un Turc qui s'appelait Bibi-Stambou-
lopolis...
katinette. — Ils ont des noms impossibles.
colomba. — Je l'appelais Chocolat. Cet animal-là
dormait seize heures par jour; le reste du temps il
fumait des pipes.
katinette. — Ils ont des masses de femmes dans
leur pays.
colomba. — Pourquoi donc faire?
katinette. — C'est dans leur religion.
colomba. — Elle est propre, leur religion... Bibi me
disait que leur machin... Comment appelles-tu ça,
leur livre de messe?
katinette. — Le Koran.
colomba. — C'est ça, le Koran. Eh bien, leur Ko-
ran les force à se laver les mains toute la journée, et
à ne pas, boire de vin ni de liqueurs, n'est-ce pas?
Bibi se lavait les mains quand il pleuvait et buvait
comme un piston... Il avalait des bouteilles de char-
treuse comme de la limonade... Par exemple, il était
bon garçon.
katinette. — Déjeunons.
Après déjeuner, katinette s'habille. M110 Colomba
se met au piano et écorche un air de Madame Angot.
colomba. — Es-tu prête?
katinette. — Oui.
colomba. — Alors, en chasse !
Après des courses nombreuses, les deux amies se
rendent au bois, où elles rencontrent des connais-
sances variées.
Elles dînent aux Champs-Élysées en partie carrée,
et vont finir la soirée à Mabille.
Une heure du matin. Katinette rentre et se laisse
tomber sur une dormeuse avec découragement.
le monsieur de ce soir. — Eh bien, chère amie,
vous êtes toute triste, toute rêveuse?
— Ah! dis donc, mon petit, fiche-moi la paix,
hein?
... A quoi rêve la Katinette?
Je vais vous le dire en cachette,
C'est un cancan! —
Sans être prude ni bégueule, .
Elle voudrait bien coucher seule
Une fois l'an.
C. J.
NOUVELLES A LA. MAIN
Le marquis de C..., devenu amoureux de la prin-
cesse deM... et ne sachant comment parvenir jusqu'à
elle, s'était déguisé en garçon jardinier et était venu
travailler dans le jardin de l'hôtel à Paris. Comme
il le pensait bien, la princesse ne tarda pas à le re-
connaître, et, profitant d'un moment où les indiscrets
étaient éloignés, elle le fit monter dans sa chambre,
où elle le tint caché pendant deux jours. Mais au
bout de ce temps, soit que le marquis ne fût plus
aussi amoureux, soit que la duchesse le fût trop,
elle lui dit en l'embrassant bien tendrement : « Te-
nez, marquis, allez-vous-en; ce que nous faisons ne
vaut pas la peine de se compromettre, »
On a fait courir le bruit du mariage de mademoi-
selle de la Cascade du Bois, née de Boulogne,
grande cocotte lancée dans le monde des affaires.
— Elle ne trouvera jamais une assez grande cor-
beille, dit une bonne petite camarade.
—. Pourquoi donc ?
— Dame ! pour y mettre trois agents de change.
Un trait adorable est celui d'une bourgeoise devant
l'Exécution de Jane Gray, et disant à une amie en
lui montrant le bourreau :
— Comme il ressemble à M. Simonin!!!
X. Y. Z.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
1" Avril 1877.
19, 20 : L'homme de la campagne; — 21, 22, 23, 24,
25 : Avec une femme persécutée; — 26, 27, 28, 29,
30 : Grande catastrophe; — 31, 32, 1, 2, 3 : Une let-
tre.....
(On entend un coup de sonnette.)
armande. — Madame, c'est peut-être l'hussier.
katinette. — Invite-le à déjeuner... 4, 5, 6, 7, 8 :
Affaires de femmes.
armande. — Si.c'était m'ame Agar?
katinette. — Pourquoi dis-tu m'ame Agar?
armande. — Madame Agar.
katinette. — Armande, va donc me chercher un
roman au cabinet de lecture. (Coups de sonnette.)
armande. — J'y vais, madame.
colomba. — Enfin, ce n'est pas malheureux; on a
l'oreille dure... j'allais m'en aller... Tu n'es pas le-
vée?
katinette. — Mais non... Tu vas déjeuner avec
moi... D'où viens-tu?
colomba. — J'ai été prendre une leçon d'anglais.
Si on n'avait pas de parents stupides, ils vous feraient
apprendre des langues étrangères.
katinette. — Pourquoi faire?
colomba. — Au fait, tu as raison : les étrangers,
c'est de la blague. Quant j'ai commencé, je croyais
que Paris était pavé d'Anglais, de Russes, de Brési-
liens...
katinette. — Quelle candeur!
colomba. — Dame! j'avais lu ça dans les romans.
On vous fiche ces machines-là dans la tète étant en
nourrice. C'est comme les gens qui vous offrent des
mobiliers. (Elle allume une cigarette.) Les hommes
sont crânement ferrés sur les additions... J'ai eu,
dans le temps, un Turc qui s'appelait Bibi-Stambou-
lopolis...
katinette. — Ils ont des noms impossibles.
colomba. — Je l'appelais Chocolat. Cet animal-là
dormait seize heures par jour; le reste du temps il
fumait des pipes.
katinette. — Ils ont des masses de femmes dans
leur pays.
colomba. — Pourquoi donc faire?
katinette. — C'est dans leur religion.
colomba. — Elle est propre, leur religion... Bibi me
disait que leur machin... Comment appelles-tu ça,
leur livre de messe?
katinette. — Le Koran.
colomba. — C'est ça, le Koran. Eh bien, leur Ko-
ran les force à se laver les mains toute la journée, et
à ne pas, boire de vin ni de liqueurs, n'est-ce pas?
Bibi se lavait les mains quand il pleuvait et buvait
comme un piston... Il avalait des bouteilles de char-
treuse comme de la limonade... Par exemple, il était
bon garçon.
katinette. — Déjeunons.
Après déjeuner, katinette s'habille. M110 Colomba
se met au piano et écorche un air de Madame Angot.
colomba. — Es-tu prête?
katinette. — Oui.
colomba. — Alors, en chasse !
Après des courses nombreuses, les deux amies se
rendent au bois, où elles rencontrent des connais-
sances variées.
Elles dînent aux Champs-Élysées en partie carrée,
et vont finir la soirée à Mabille.
Une heure du matin. Katinette rentre et se laisse
tomber sur une dormeuse avec découragement.
le monsieur de ce soir. — Eh bien, chère amie,
vous êtes toute triste, toute rêveuse?
— Ah! dis donc, mon petit, fiche-moi la paix,
hein?
... A quoi rêve la Katinette?
Je vais vous le dire en cachette,
C'est un cancan! —
Sans être prude ni bégueule, .
Elle voudrait bien coucher seule
Une fois l'an.
C. J.
NOUVELLES A LA. MAIN
Le marquis de C..., devenu amoureux de la prin-
cesse deM... et ne sachant comment parvenir jusqu'à
elle, s'était déguisé en garçon jardinier et était venu
travailler dans le jardin de l'hôtel à Paris. Comme
il le pensait bien, la princesse ne tarda pas à le re-
connaître, et, profitant d'un moment où les indiscrets
étaient éloignés, elle le fit monter dans sa chambre,
où elle le tint caché pendant deux jours. Mais au
bout de ce temps, soit que le marquis ne fût plus
aussi amoureux, soit que la duchesse le fût trop,
elle lui dit en l'embrassant bien tendrement : « Te-
nez, marquis, allez-vous-en; ce que nous faisons ne
vaut pas la peine de se compromettre, »
On a fait courir le bruit du mariage de mademoi-
selle de la Cascade du Bois, née de Boulogne,
grande cocotte lancée dans le monde des affaires.
— Elle ne trouvera jamais une assez grande cor-
beille, dit une bonne petite camarade.
—. Pourquoi donc ?
— Dame ! pour y mettre trois agents de change.
Un trait adorable est celui d'une bourgeoise devant
l'Exécution de Jane Gray, et disant à une amie en
lui montrant le bourreau :
— Comme il ressemble à M. Simonin!!!
X. Y. Z.