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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
29 Avril 1877.
1° Je suis Français.
2° Comment vous portez-vous'!
3° Cette dame est charmante.
Ayant fait usage de cette troisième phrase pour
demander son chemin à un couple qui passait, l'An-
glais avait répondu par un solide coup de poing dans
la poitrine, que Léonidas, tout meurtri, chercha en
vain à s'expliquer.
Il revint en France. La vue de la mer lui avait in-
spiré l'idée d'apprendre à nager, ce qui est une chose
très-utile dans la vie.
Il prit donc vingt-cinq leçons de natation, au bout
d'une corde.
A quelque temps de là, voulant faire une pleine
eau sur la foi de son maître, il but un si bon coup,
qu'on eut de la peine à le repêcher.
Sans se laisser abattre par ces insuccès réitérés,
Léonidas ne voulut pas laisser son éducation en si
bon chemin, et, avant de se lancer dans le monde,
il prit vingt-cinq cachets de déclamation et vingt-
cinq cachets d'; belles manières.
Quand il eut épuisé ces deux séries, il songea
qu'un homme du monde devait connaître l'escrime.
— L'épée est'l'arme française, se dit Léonidas ;
n'entrons pas désarmé dans une société polie, mais
chatouilleuse.
Après avoir tiré au mur et fait des armes pendant
un certain temps, le professeur lui dit :
— Pour votre vingt-cinquième leçon, vous ferez
assaut.
Mais le destin est impitoyable. Le jour de l'assaut,
Léonidas fut empêché par un de ces petits événements
qui décident de la vie d'un homme.
Le soir même, il devait être présenté par un ami
dans un salon où les filles à marier poussaient comme
les champignons dans une cave.
Là, il voulut utiliser sa science acquise de décla-
mation et de belles manières. En conséquence, il
s'accouda avec nonchalance contre la cheminée, et
récita la Peste de Marseille avec une véritable expres-
sion dramatique.
Malheureusement, il y avait un Marseillais dans
l'assemblée, qui trouva cette pièce de mauvais goût,
soutint que Marseille était le pays le plus sain du
monde, qu'il n'y avait jamais eu de peste à Mar-
seille, etc., etc. De fil en aiguille, il y eut échange
de cartes.
Le lendemain, Léonidas voulut tirer comme à l'a-
cadémie, et son Marseillais, qui n'avait jamais tenu
une épée de sa vie, lui perça la jambe du premier
coup.
C'était la vingt-cinquième leçon de Léonidas. Trois
mois après il était marié.
L. E.
LE CHEF-D'ŒUVRE INCONNU (suite)
Et au sympathique arbitrage de sa cousine, Le confia à un brave Savoyard en lui donnant rendez
vous à la porte de l'Exposition.
Mais le malheur voulut que l'honnête messager ren
contrât en route une vieille connaissance du pays.
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
29 Avril 1877.
1° Je suis Français.
2° Comment vous portez-vous'!
3° Cette dame est charmante.
Ayant fait usage de cette troisième phrase pour
demander son chemin à un couple qui passait, l'An-
glais avait répondu par un solide coup de poing dans
la poitrine, que Léonidas, tout meurtri, chercha en
vain à s'expliquer.
Il revint en France. La vue de la mer lui avait in-
spiré l'idée d'apprendre à nager, ce qui est une chose
très-utile dans la vie.
Il prit donc vingt-cinq leçons de natation, au bout
d'une corde.
A quelque temps de là, voulant faire une pleine
eau sur la foi de son maître, il but un si bon coup,
qu'on eut de la peine à le repêcher.
Sans se laisser abattre par ces insuccès réitérés,
Léonidas ne voulut pas laisser son éducation en si
bon chemin, et, avant de se lancer dans le monde,
il prit vingt-cinq cachets de déclamation et vingt-
cinq cachets d'; belles manières.
Quand il eut épuisé ces deux séries, il songea
qu'un homme du monde devait connaître l'escrime.
— L'épée est'l'arme française, se dit Léonidas ;
n'entrons pas désarmé dans une société polie, mais
chatouilleuse.
Après avoir tiré au mur et fait des armes pendant
un certain temps, le professeur lui dit :
— Pour votre vingt-cinquième leçon, vous ferez
assaut.
Mais le destin est impitoyable. Le jour de l'assaut,
Léonidas fut empêché par un de ces petits événements
qui décident de la vie d'un homme.
Le soir même, il devait être présenté par un ami
dans un salon où les filles à marier poussaient comme
les champignons dans une cave.
Là, il voulut utiliser sa science acquise de décla-
mation et de belles manières. En conséquence, il
s'accouda avec nonchalance contre la cheminée, et
récita la Peste de Marseille avec une véritable expres-
sion dramatique.
Malheureusement, il y avait un Marseillais dans
l'assemblée, qui trouva cette pièce de mauvais goût,
soutint que Marseille était le pays le plus sain du
monde, qu'il n'y avait jamais eu de peste à Mar-
seille, etc., etc. De fil en aiguille, il y eut échange
de cartes.
Le lendemain, Léonidas voulut tirer comme à l'a-
cadémie, et son Marseillais, qui n'avait jamais tenu
une épée de sa vie, lui perça la jambe du premier
coup.
C'était la vingt-cinquième leçon de Léonidas. Trois
mois après il était marié.
L. E.
LE CHEF-D'ŒUVRE INCONNU (suite)
Et au sympathique arbitrage de sa cousine, Le confia à un brave Savoyard en lui donnant rendez
vous à la porte de l'Exposition.
Mais le malheur voulut que l'honnête messager ren
contrât en route une vieille connaissance du pays.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le chef-d'œuvre inconnu (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 1_346
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg