L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

3 Juin 1877.

ÉLECTIONS ACADÉMIQUES

— On dit que monsieur se porte à l'Académie. J'espère que monsieur m'augmentera
si nous sommes nommés !

LETTRE D'UN CONSCRIT -RUSSE

A SA BONNE AMIE

« Ma bonne Catherine, c'est à toi que j'adresse ma
première lettre, pour te donner de mes nouvelles, et
aussi pour te rassurer un peu sur ton futur mari.

« Nous sommes au camp, sur les bords du Da-
nube. Le matin, on nous fait faire l'exercice ; à dix
heures, on donne le thé; après le thé, encore l'exer-
cice ; après l'exercice, nous buvons toujours de
l'eau chaude, nous nettoyons nos armes, nous bros-
sons nos capotes, et nous allons nous coucher dans
la boue.

« Hier, c'était la même chose, et demain nous re-
commencerons, jusqu'à ce que nous ayons passé
l'eau. J'ai un bon uniforme ; mais ce qui me cha-

grine, c'est qu'on m'a coupé les cheveux en esca-
lier.

« C'était bien la peine de me faire apprendre à
lire, à écrire et à calculer, de passer huit ans à ap-
prendre mon bon état de charpentier, d'être fiancé
à la plus belle fille et à la plus sage de Kobol, d'être
en bonne santé et de n'avoir jamais fait de mal à
personne, pour être forcé de m'en venir coucher sur
le plancher des ours, quand j'avais un lit à la mai-
son, pas bien grand, mais assez grand pour moi ; de
manger du riz, du biscuit et boire de l'eau, quand
j'avais mes trois repas par jour, mes trois cruchons
d'hydromel et mon thé à l'eau-de-vie ; de faire l'exer-
cice et de monter la garde au bord de l'eau, quand je
pouvais aller me promener avec Catherine et son
petit frère ; et de tourner tête droite et tête gauche
du côté des camarades, qui ne s'amusent pas plus
que moi, quand je pouvais la tenir haute comme un