L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

404 L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE i7Juini877.

LA SEMAINE COMIQUE

— Vous voyez que si l'argent, ce nerf de la gueu-
lions manque, il nous reste ce nerf de bœuf.

Le théâtre de la guerre d'Orient servant d'académie
aux peintres impressionnistes.

Le système du capitaine B^yton pratiqué par l'armée Touchant ses vivres de campagne,

russe pour la traversée du Danube.

— Docteur, je voudrais que vous me rendiez bien
malade pour l'inauguration du nouvel Hùtel-Dieu ; je
tiendrais beaucoup à l'étrenner !

temples, de ses arcs, de ses dômes et de ses statues,
au milieu de l'éventail de flamme largement déployé
sur les profondeurs du ciel morne. Il fallait des arti-
ficiers, et on a appelé les pompiers. L'art n'a qu'un
drapeau : le drapeau rouge, qui est le drapeau de
Rubens, le peintre-roi, le peintre-soleil, le peintre
des longues trompettes !

le salonnier fantaisiste.

... Je n'entends absolument rien à la peinture, et
je ne voudrais pas décourager des artistes de talent
par des critiques inutiles. J'ai, il est vrai, entendu
parler de différentes écoles, école italienne, espagnole,
flamande, française, etc.; mais je dirais volontiers
comme le déboulonneur d'Ornans. [Bonjour, mon-
sieur Courbet) : « Rophoël, je ponse que c'est un
galopin. » Je ne vous parlerai donc pas des innom-
brables Sous-Bois, Fleurs et fruits, Automne, Départ
et retour de la pêche, Environs de..., Bords de... le
soir et le matin, Une Rue à..., ni des Rêveries et des
Confidences, des Intérieurs, des Lavoirs et des Abreu-
voirs, du Fumeur traditionnel et du Liseur indispen-
sable, des Cléopûtre, des Madeleine et des Ophélie h
peupler des sérails, des déserts et des étangs sans
nombre. Une Exposition ne serait pas complète sans
ces éléments obligatoires. Par exemple, je trouve
qu'il y a trop d'Italiennes. Je les aime assez, mais
on en abuse, etc..

le critique savant.

Par ce temps de fléchissement universel, de lassi-

tude morale et d'énervement intellectuel, l'art cède
décidément le terrain au métier ; on n'est plus pein-
tre, on fait de la peinture. Les vendeurs encombrent
le Temple en si grand nombre que les acheteurs ne
sont pas tentés. Au milieu de cet énorme gaspillage
de talent et d'étude, il faut parcourir plusieurs kilomè-
tres pour rencontrer une œuvre solide. Il y a certains
tableaux qui ont une valeur de curiosité historique.

... Il est désolant de voir les grâces exposées au
suffrage universel et recevoir une pomme digne
tout au plus, si cette expression familière nous est
permise, d'être jetée toute cuite à la tête de quelque
Vénus de carrefour. Pourquoi le génie, comme l'é-
toile, ne brille-t-il pas à l'œil du pâtre? Dans toutes
les écoles de peinture, etc., etc.

le reporter.

... J'avais pu me faufiler pendant le dernier reclas-
sement des tableaux. Hier, profitant de la visite offi-
cielle, je suis retourné au Salon, et je me suis amusé
à écouter les dialogues des groupes, que j'ai sténo-
graphiés sur mon carnet.

En même temps, j'ai noté les noms des personnes
de marque. (Suit la série des noms, description des
toilettes, etc., etc.) Le ministre des beaux-arts est
arrivé à deux heures vingt ; sa visite s'est prolongée
jusqu'à trois heures quarante, et non trois heures un
quart,-comme le dit un confrère; l'erreur vient de
ce que le ministre s'est promené près d'une demi-
heure dans le jardin de la sculpture.

Cinabre.