L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

24 Juin 1877.

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

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Une bise froide balaye la neige par rafales ; de
temps en temps on entend le roulement sourd d'une
voiture ou le pas précipité d'un locataire attardé.
Le lancier regarde les fenêtres éclairées de la mai-
son qui lui fait face, et continue sa promenade avec
agitation. Il monologue :

— A marcher de ce pas-là, au bout de deux congés
on aurait fait le tour du monde. (Il se blottit dans sa
guérite.) Au moins, à Moscou, les factionnaires se
sont chauffés. (Des ombres passent aux fenêtres, et
des bouffées de musique arrivent jusqu'à lui.) On
danse là-dedans... Il y a des femmes... du punch...
et il fait chaud... Quel tas de farceurs!... (La demie
d'une heure sonne.) Encore un quadrille, et le briga-
dier viendra me relever... Gré chien! quel froid! (77
reprend sa promenade.)

au village de solférino
(Le 24 juin, après le combat, onze heures du soir.)

un fantassin.... Il est assis au milieu d'une cour,
sur une chaise, son fusil entre les jambes, dans la
pose de Napoléon sur les tabatières, veille d'Auster-
litz. Il s'endort. Un capitaine qui rentre lui prend
son fusiletcrie : Aux armes ! Le factionnnire s'éveille
et ne trouve plus son fusil.

le capitaine. — Abandon de son poste à l'ennemi
sans armes...

le factionnaire. —Mort ! mon capitaine. Je me
suis battu toute la journée.

le capitaine. — Moi aussi.

le factionnaire. —Le sergent ne m'a pas relevé...
Je suis là depuis trois heures.

le capitaine. — C'est bon ! tu es porté pour la
médaille militaire... ton lieutenant t'a mis au rap-
port.

le factionnaire. — Si j'avais connu ça, je ne me
serais pas endormi, mon capitaine.

le capitaine. — Il fallait te promener.

le factionnaire. — Je ne pouvais plus me tenir
debout.

le capitaine — Il fallait te faire porter malade.

le factionnaire. — Je peux marcher, mainte-
nant... (A part :) La médaille, et rien de cassé!

le capitaine. — C'est bon! promène-toi : je vais
te faire relever de garde. (Le sergent parait avec
deux hommes.) Sergent, vous oubliez vos faction-
naires... Enlevez-moi cette chaise-là. (Il s'éloigne.)

aux avant-postes en kabylie

Un zéphir. Il fait nuit noire. Il allume sa pipe.
Trois coups de feu. Sifflement de balles...

le zéphir. — Tas d'imbéciles ! Saligots de Bé-
douins! et moi qui ai la bêtise d'allumer ma pipe la
nuit... On m'a tiré au jugé. (Quatrième coup de feu.)
Attends. (Il met en joue... Cinquième coup de feu...
Il tire à son tour.) Voilà la réponse du berger à la
bergère... Qui vive?

une voix. — Ronde major... Qu'est-ce qu'il y a?

le zéphir. — Rien, lieutenant : c'est moi qui ai
allumé ma pipe. C. J.

LA SEMAINE COMIQUE

— Mon médecin m'a affirmé qu'il n'y avait rien que de très-naturel
que j'aie un garçon au bout de six mois de mariage... et il est infaillible,
c'est un médecin légiste.

Utilisation du pavillon de l'Horloge dans la nouvelle arenue des
Tuileries.

EN ATTENDANT LA RÉOUVERTURE DE LA PÈCHE

C'est encore du bonbeur.