L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE. ILLUSTRÉE
7 Octobre 1877.
FANTAISIES NASALES
Le nez Gn de la diplomatie. L'historique.
Mauvais genre
Pied de nez électoral.
Le nez curieux et investigateur.
Excitation, Provocation.
Le nez sinistre, cruel et haineux.
Importation étrangère.
Je parie que vous croyez que j'aime Mmo d'Ary.
Moi, aimer Mmo d'Ary ! Bien au contraire, je la
déteste. C'est son mari que j'aime. Yoici l'histoire.
La première année du mariage de mon ami se
passa, paraît-il, à merveille. Treize lunes de miel
dans cette année-là. Hélas! il me semble que de-
puis un an le ménage boîte. Monsieur a* toujours
l'air en colère; Madame est triste. 11 faut que je
sache à quoi m'en tenir, pas seulement par curiosité,
mais par intérêt. J'ai beau solliciter les confidences
de d'Ary, ce garçon-là est discret comme un gou-
vernement; on ne peut rien tirer de lui. Alors vous
voyez ma position. C'est agaçant d'avoir envie de
consoler un ami, et denepas savoir de quoi le conso-
ler. D'Ary s'est décidé à m'avouer qu'il adore tou-
jours sa femme. Moi, je m'imagine qu'elle n'a pas
d'amour.
Je n'ai pas quitté le trou de la serrure.
Sapristi ! elle a sur le cou-de-pied un signe qui
est, ma foi, bien gentil. Il est probable qu'avant
deux minutes Mme d'Ary sera dans l'eau, etjenevous
dissimulerai pas que j'éprouve en ce moment une
de ces émotions qu'on n'éprouve pas à l'Académie,
par exemple. Quelque chose me dit que je devrais
m'en aller ; — que si d'Ary se trouvait là, son pied
ne se lèverait évidemment pas pour danser; — que
c'est beau d'être ami, mais plus discrètement que
ça. —Bref, l'ami allait s'en aller, quand Mmo d Ary,
ayant l'air de se demander si elle entrerait dans l'eau
vêtue ou non, comme cette beauté classique qu'on ve-
nait d'arracher au sommeil, mon émotion devint si
poignante que.l'homme resta. Eh bien! Mme d'Ary
possède la vraie pudeur qui rougit devant la soli-
tude; elle garda ce vêtement que Bacine appelle
avec tant de goût un appareil.
Je vous entends. Malgré cela, j'aurais encore l'oc-
casion, si je voulais, de vous faire un portrait. Pas
d'exagération. La vérité ! En vérité, madame d'Ary
n'aurait pas rendu Vénus jalouse. Non; c'est une pe-
tite rose, d'un blanc aurore, dont les pétales n'ont
dans leur ensemble rien de bien extraordinaire. Il
s'agit d'aspirer son parfum.
Que de précautions pour entrer dans la baignoire !
Elle se serait vue tout à coup épiée par cent hom-
mes qu'elle n'eût pas agi avec plus de modestie. Je
comprends pourquoi, dans son salon, elle se montre
si réservée. Elle est la femme qui ne veut pas per-
dre une parcelle d'elle-même.
Tiens! tiens! tiens! on s'émancipe...
7 Octobre 1877.
FANTAISIES NASALES
Le nez Gn de la diplomatie. L'historique.
Mauvais genre
Pied de nez électoral.
Le nez curieux et investigateur.
Excitation, Provocation.
Le nez sinistre, cruel et haineux.
Importation étrangère.
Je parie que vous croyez que j'aime Mmo d'Ary.
Moi, aimer Mmo d'Ary ! Bien au contraire, je la
déteste. C'est son mari que j'aime. Yoici l'histoire.
La première année du mariage de mon ami se
passa, paraît-il, à merveille. Treize lunes de miel
dans cette année-là. Hélas! il me semble que de-
puis un an le ménage boîte. Monsieur a* toujours
l'air en colère; Madame est triste. 11 faut que je
sache à quoi m'en tenir, pas seulement par curiosité,
mais par intérêt. J'ai beau solliciter les confidences
de d'Ary, ce garçon-là est discret comme un gou-
vernement; on ne peut rien tirer de lui. Alors vous
voyez ma position. C'est agaçant d'avoir envie de
consoler un ami, et denepas savoir de quoi le conso-
ler. D'Ary s'est décidé à m'avouer qu'il adore tou-
jours sa femme. Moi, je m'imagine qu'elle n'a pas
d'amour.
Je n'ai pas quitté le trou de la serrure.
Sapristi ! elle a sur le cou-de-pied un signe qui
est, ma foi, bien gentil. Il est probable qu'avant
deux minutes Mme d'Ary sera dans l'eau, etjenevous
dissimulerai pas que j'éprouve en ce moment une
de ces émotions qu'on n'éprouve pas à l'Académie,
par exemple. Quelque chose me dit que je devrais
m'en aller ; — que si d'Ary se trouvait là, son pied
ne se lèverait évidemment pas pour danser; — que
c'est beau d'être ami, mais plus discrètement que
ça. —Bref, l'ami allait s'en aller, quand Mmo d Ary,
ayant l'air de se demander si elle entrerait dans l'eau
vêtue ou non, comme cette beauté classique qu'on ve-
nait d'arracher au sommeil, mon émotion devint si
poignante que.l'homme resta. Eh bien! Mme d'Ary
possède la vraie pudeur qui rougit devant la soli-
tude; elle garda ce vêtement que Bacine appelle
avec tant de goût un appareil.
Je vous entends. Malgré cela, j'aurais encore l'oc-
casion, si je voulais, de vous faire un portrait. Pas
d'exagération. La vérité ! En vérité, madame d'Ary
n'aurait pas rendu Vénus jalouse. Non; c'est une pe-
tite rose, d'un blanc aurore, dont les pétales n'ont
dans leur ensemble rien de bien extraordinaire. Il
s'agit d'aspirer son parfum.
Que de précautions pour entrer dans la baignoire !
Elle se serait vue tout à coup épiée par cent hom-
mes qu'elle n'eût pas agi avec plus de modestie. Je
comprends pourquoi, dans son salon, elle se montre
si réservée. Elle est la femme qui ne veut pas per-
dre une parcelle d'elle-même.
Tiens! tiens! tiens! on s'émancipe...
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Fantaisies nasales
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)