L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

14 Octobre 1877.

LE SOUPER DE LA PREMIÈRE

(La scène se passe chez une magnifique petite
dame, amie de l'auteur. Quelques nobles invités
causent de la représentation rudement cahotée à
laquelle ils viennent d'assister.)

le petit vandrille, riant d'un mauvais rire. —
Là, vrai, jamais opéra prétendu comique ne m'a
fait rire comme ce diable de Pharaon. Sa noyade dans
la mer Rouge est une perle de la plus belle eau ;
j'en ai encore mal aux côtes.

mm0 de valparaiso. — Ce Vandrille est féroce... Moi,
je n'ai ri de bon cœur qu'aux premiers actes ; au
dernier, j'en avais assez. L'ennui avait pris le dessus.

le grand cotonnier. — Comme ce pauvre Michel
serait heureux s'il vous entendait!... Ah ça! est-ce
que Cora ne vient pas?

mme de valparaiso. — Non; elle a un souper.

cotonnier. — Avec qui?

mmc de valparaiso. — Avec un grand personnage
russe qui est arrivé ce soir.

vandrille. — Il est pressé, le Moscovite.

m™ de valparaiso. — C'est bien naturel. — Ah !
voilà Mouchette !... Tu y étais, n'est-ce pas?

mouchette. — Tiens, regarde ma robe... Elle en a
craqué dans le dos, tant j'ai ri.

cotonnier. — Tu n'as pas vu Michel?

mouchette. — Si; j'ai été l'embrasser à la fin. Il

faisait une drôle de tête, allez ! On entendait les
sifflets du foyer.

vandrille. — Ah çà ! est-ce qu'il ne va pas venir?
Il est bientôt deux heures. Le rire me creuse, moi.

cotonnier. — Mettons-nous à table. On attend plus
agréablement en mangeant. (Adhésion générale.)

m" de valparaiso.—Au fait, un auteur tombé n'a
droit qu'à une bien petite somme d'égards...
Alions-y !

(LesJ convives passent dans la salle à manger, oit
les attendtun succulent souper. Au moment d'at-
taquer le homard à F américaine, la porte s'ouvre
à deux battants, et un valet annonce le maestro.)

tous. — Bravo! bravo !!!...

mmo de valparaiso. — Dans mes bras, sur mon
sein, grand homme!

mouchette. — Tu me le passeras après toi, Zozo.

galantine. — Ne mangez pas tout! J'en veux ma
part. >

(Le compositeur^ est passé de main en main et cou-
vert de nombreux baisers.)

Mm<l de valparaiso/— Hein! c'est bon un succès?
Michel, faisant contre fortune bon cœur. — Oh !
oui... très-bon.
mouchette. — Ton directeur doit être content?
michel. —Tu sais, ils sont si drôles, ces pistolets-là.
vandrille. — En somme, ça a bien marché.
Michel. — Parbleu !

HÉLIOGABALE, Tragédie en 5 actes

Représentée pour la première fois à Paris, au Gymnase, — ou enfin tout près.

Plein do confiance et vide de nour- M. le directeur lui fit un accueil bienveillant quoique poli et Ne doutant pas du succès, Ho-

riture. Honoré Fruissecq alla un jour le pria de laisser son manuscrit et de repasser. (Il aurait pu noré sortit tout joyeux et fit la

porter sa grande tragédie à M. le di- ajouter : son linge.) conquête d'une des artistes, qui

recteur. jouait les crustacés dans les revues.