L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

30 Décembre 1877.

MUSIQUE D'ENTERREMENT

Quand un homme considérable meurt, c'est un dé-
luge d'encre dans les journaux.

Pendant au moins trois jours, la nécrologie va son
train. La réclame met un crêpe à sa trompette.

Ensuite un enterrement somptueux fait songer à
cette phrase d'un journal charmant :

« Le luxe de la cérémonie a dépassé toutes les ma-
gnificences d'usage en ces tristes circonstances, et
l'administration des pompes funèbres n'a pas dit son
dernier mot. »

Enfin on pose les scellés sur les papiers du défunt.

Cette opération fait songer à Louis XIV.

Si Louis XIV revenait au monde, il serait peut-être
vexé de n'avoir pas fait poser les scellés sur les pa-
piers de Saint-Simon.

A l'enterrement d'un grand dignitaire, après un
roulement de tambours voilés, trois appels de grosse
caisse annoncent que la musique militaire va jouer.

Elle commence :

As-lu vu
La casquette, la casquette... ?

Dix minutes après :

Encore un carreau de cassé !

NOUVELLES A LA MAIN

Une annonce :

Apprenez tous le piano.
Jamais de la vie, par exemple!

Un joli quatrain gravé sur le collier d'une ado-
rable petite bête du xvin0 siècle :

Je ne promets pas de largesse
A celui qui me trouvera ;
S'il me rapporte à ma maîtresse,
Pour récompense, il la verra.

Une jeune actrice a perdu, cette semaine, son
porte-monnaie, qui lui a été rapporté par un jeune
ouvrier, lequel a refusé toute récompense.

Une petite camarade, à qui on ne la fait pas, s'est
empressée de raconter l'histoire en ajoutant :

— Quand on refuse la récompense honnête, c'est
pour avoir l'autre.

Une bonne phrase dans un roman :
« Je tâchai de parler à l'assassin avec mes yeux,
car nos bras étaient garrottés. »

X. Y. Z.