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INTRODUCTION

L’art, qui exprime la vie, est mystérieux comme elle. Il échappe,
comme elle, à toute formule. Mais le besoin de le définir nous
poursuit, parce qu’il se mêle à toutes les heures de notre exis-
tence habituelle pour en magnifier les aspects par ses formes les plus
élevées ou les déshonorer par ses formes les plus déchues. Quelle
que soit notre répugnance à faire l’effort d’écouter et de regarder, il
nous est impossible de ne pas entendre et de ne pas voir, il nous est
impossible de renoncer tout à fait à nous faire une opinion quelconque
sur le monde des apparences dont l’art a précisément la mission de
nous révéler le sens. Les historiens, les moralistes, les biologistes, les
métaphysiciens, tous ceux qui demandent à la vie le secret de ses ori-
gines et de ses fins sont conduits tôt ou tard à rechercher pourquoi
nous nous retrouvons dans les œuvres qui la manifestent. Mais ils
nous obligent tous à rétrécir notre vision, quand nous entrons dans
l’immensité mouvante du poème que l’homme chante, oublie, recom-
mence à chanter et à oublier depuis qu’il est homme, à la mesure des
cadres trop étroits de la biologie, de la métaphysique, de la morale,
de l’histoire. Or, le sentiment de la beauté est solidaire de toutes ces
choses à la fois, et sans doute aussi il les domine et les entraîne vers
l’unité possible et désirée de toute notre action humaine, qu’il est
seul à réaliser.
Ce n’est qu’en écoutant son cœur qu’on peut parler de l’art sans
l’amoindrir. Nous portons tous en nous notre part de vérité, mais

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