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penchées sur son travail. Il jouit de ce travail lui-même qui crée une
entente obscure entre les autres et lui, entre lui-même et le monde
infini des êtres et des plantes qu’il aime, parce qu’il est sa vie. Il obéit
à quelque chose de plus positif aussi, le besoin d’arrêter quelques acqui-
sitions de la première science humaine pour en faire profiter l’ensemble
de la tribu. Le mot décrit mal aux vieillards, aux femmes assemblées,
aux enfants surtout, la forme d’une bête rencontrée dans les bois,
et qu’il faut craindre ou retrouver. Il en fixe l’allure et la forme en
quelques traits sommaires. L’art est né.

II
La plus vieille humanité connue, qu’il définit tout entière, habi-
tait les grottes innombrables de la haute Dordogne, près des rivières
poissonneuses qui viennent au travers des rochers roux et des forêts,
d’une région boursouflée de volcans. C’était là le foyer central, mais
il essaimait des colonies tout le long des rives du Lot, de la Garonne,
de l’Ariège, et jusqu’aux deux versants des Pyrénées et des Cévennes.
La terre commençait à moins tressaillir des forces souterraines. Des
arbres drus et verts comblaient de leurs racines saines les tourbières
qui cachaient les grands squelettes des derniers monstres chaotiques.
L’affermissement de l’écorce terrestre, les pluies et les vents régula-
risés par les bois, la succession mieux rythmée des saisons introdui-
saient dans la nature une harmonie plus apparente. Des espèces plus
souples, plus logiques, moins enfoncées dans la matière originelle
étaient apparues peu à peu. Si les eaux froides où venaient boire le
mammouth, le rhinocéros, le lion des cavernes, abritaient encore des
hippopotames, les chevaux, les bœufs, les bisons, les bouquetins, les
aurochs remplissaient les bois. Le renne, ami des glaces qui descen-
daient des Alpes, des Pyrénées, des Cévennes jusqu’à la lisière des
plaines, y vivait en troupes nombreuses. L’homme s’était dégagé
de la bête dans un effroyable silence. Il apparaissait à peu près tel
qu’il est aujourd’hui, les jambes perpendiculaires, les bras courts,
le front droit, la mâchoire effacée, le crâne volumineux et rond.
Cette harmonie qui commençait à régner autour de lui, il allait, par

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