IV LES FOUILLES DE DELPHES
débris géométriques à Delphes. La plupart de ceux que nous avons trouvés
offrent des analogies frappantes avec les vases trouvés à Théra. Il est peu croyable
que la poterie géométrique découverte à Delphes y ait été fabriquée : les habitants
de Pythô ne semblent s'être servis, aux diverses époques de l'antiquité, que de
poteries d'importation. Quant à décider où ont été faites les poteries géométriques de
Delphes, c'est une question qu'il vaut, peut-être mieux réserver jusqu'à ce que la
terre des diverses variétés géométriques ait fait l'objet d'une étude micrographique
de la part d'un minéralogiste.
La couche supérieure, sur laquelle les Chiotes au début du v° siècle édifièrent le
uivaç ^toao;, renfermait, mêlée à des débris de trépieds et d'armes, une très grande
quantité de tessons corinthiens et de balsamaires « protocorinthiens ». Les tessons
corinthiens provenaient pour la plupart de grands vases, xeXéêai, amphores, ay.6yoi
de belle taille. Les balsamaires « protocorinthiens », dont il est curieux d'avoir
trouvé un aussi grand nombre dans les dépôts d'autel, datent, d'après les résultats de
la fouille, non d'une date plus ancienne, mais de la même époque que la céramique
corinthienne.
Le fait que les tessons corinthiens se soient rencontrés en si grande quantité dans
le sanctuaire d'Apollon n'est pas sans intérêt. La mer, au lieu de séparer Corinthe de
Delphes, l'en rapproche au contraire ; et il apparaît comme certain que du vnic au
ivc siècle, Delphes dut vivre sous la dépendance commerciale de l'industrieuse métro-
pole de l'Isthme. Ces trépieds et ces armes, casques, cnémides, boucliers à orbe
décoré au repoussé, tous ces bronzes industriels dont nous avons retrouvé par cen-
taines les débris maltraités par l'oxydation, doivent, je suppose, provenir en majorité
de Corinthe.
Nos tessons corinthiens, exception faite pour un certain nombre qui ont été trou-
vés le 13 juillet 1893 et, le 18 avril 1894, mêlés à de petits fragments de bronze, à
l'ouest du trésor d'Athènes, proviennent du dépôt de l'opisthodome (Journal des
fouilles, 18-21 avril 1894), mais surtout des abords du grand autel, c'est-à-dire des
environs immédiats du trésor bâti par Cypsèle, tyran de Corinthe de 657 à (529. Cet
édifice, que les Doriens de Corinthe (Kopivôiot oi AcoptEïç, Pausanias, X, 13), après la
chute des Cypsélides, prétendirent faussement avoir dédié (Hérodote, I, 14; Plu-
tarque, De Pu/h. Orac, XIII; De VII Sap., XXI), était le plus ancien des trésors
delphiques; les rois lydiens, Gygès, Midas, Crésus, y firent placer leurs ex-voto.
Notons encore que la plupart de nos bobines de terre cuite, ainsi que les cônes et
pyramides qui ne portent pas d'empreintes d'intailles, proviennent de la couche
débris géométriques à Delphes. La plupart de ceux que nous avons trouvés
offrent des analogies frappantes avec les vases trouvés à Théra. Il est peu croyable
que la poterie géométrique découverte à Delphes y ait été fabriquée : les habitants
de Pythô ne semblent s'être servis, aux diverses époques de l'antiquité, que de
poteries d'importation. Quant à décider où ont été faites les poteries géométriques de
Delphes, c'est une question qu'il vaut, peut-être mieux réserver jusqu'à ce que la
terre des diverses variétés géométriques ait fait l'objet d'une étude micrographique
de la part d'un minéralogiste.
La couche supérieure, sur laquelle les Chiotes au début du v° siècle édifièrent le
uivaç ^toao;, renfermait, mêlée à des débris de trépieds et d'armes, une très grande
quantité de tessons corinthiens et de balsamaires « protocorinthiens ». Les tessons
corinthiens provenaient pour la plupart de grands vases, xeXéêai, amphores, ay.6yoi
de belle taille. Les balsamaires « protocorinthiens », dont il est curieux d'avoir
trouvé un aussi grand nombre dans les dépôts d'autel, datent, d'après les résultats de
la fouille, non d'une date plus ancienne, mais de la même époque que la céramique
corinthienne.
Le fait que les tessons corinthiens se soient rencontrés en si grande quantité dans
le sanctuaire d'Apollon n'est pas sans intérêt. La mer, au lieu de séparer Corinthe de
Delphes, l'en rapproche au contraire ; et il apparaît comme certain que du vnic au
ivc siècle, Delphes dut vivre sous la dépendance commerciale de l'industrieuse métro-
pole de l'Isthme. Ces trépieds et ces armes, casques, cnémides, boucliers à orbe
décoré au repoussé, tous ces bronzes industriels dont nous avons retrouvé par cen-
taines les débris maltraités par l'oxydation, doivent, je suppose, provenir en majorité
de Corinthe.
Nos tessons corinthiens, exception faite pour un certain nombre qui ont été trou-
vés le 13 juillet 1893 et, le 18 avril 1894, mêlés à de petits fragments de bronze, à
l'ouest du trésor d'Athènes, proviennent du dépôt de l'opisthodome (Journal des
fouilles, 18-21 avril 1894), mais surtout des abords du grand autel, c'est-à-dire des
environs immédiats du trésor bâti par Cypsèle, tyran de Corinthe de 657 à (529. Cet
édifice, que les Doriens de Corinthe (Kopivôiot oi AcoptEïç, Pausanias, X, 13), après la
chute des Cypsélides, prétendirent faussement avoir dédié (Hérodote, I, 14; Plu-
tarque, De Pu/h. Orac, XIII; De VII Sap., XXI), était le plus ancien des trésors
delphiques; les rois lydiens, Gygès, Midas, Crésus, y firent placer leurs ex-voto.
Notons encore que la plupart de nos bobines de terre cuite, ainsi que les cônes et
pyramides qui ne portent pas d'empreintes d'intailles, proviennent de la couche