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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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g Année. — N' 127. Prix : 5 centimes Charleville, le 2 Janvier .1916.

Gazette des Ardennes

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT TROIS FOIS PAR SEMAINE

On s'abonne dans tous les bureaux de poste

AU SEUIL DE L'ANNEE NOUVELLE

Fin d'année, moment traditionnel pour.dresser son
bilan et se livrer a un petit examen rétrospectif. 11 fut
gîtez chargé, angoissant et terrible, l'an qui vient de
s'achever, pour multiplier les sujets de réflexion.

Mais ù quoi bon se perdre dans les menus détails ?
La situation d'ensemble n'est-elle pas nette ? N'est-cllc
pas plus nette qu'au commencement de l'année igiô ?
Et n'est-il pas clair pour quiconque la considère avec
calme et sans parti pris, .que son bilan est tout en
faveur des Puissances centrales et de leurs alliés turcs
et bulgares P

Après le résumé simple et persuasif qu'a fait der-
nièrement, au Reichstag allemand, le chancelier de
l'Empire, il nous semble superflu de revenir sur les
fait* qui se sont produits au courant de cette année.
Parlant de l'Allemagne, un journaliste français écri-
vait, le 3 décembre, dans un journal parisien :

« L'ennemi, lui, parle peu, promet peu... Mais il
agit, n

L'Allemagne a, en effet, agi. Les résultats sont là
pour le démontrer. A Bon «avoir», enregistrons la
victoire sur la grande armée russe du grand-duc NJco-
laj, repoussée bien loin de ses frontières, abandonnant
aux vainqueurs austro-allemands toute la Pologne avec
ses formidables forteresses ; puis l'écrasement de la
Serbie, malgré l'aide promise, mais arrivée trop tard,
des Alliés débarqués à Salonjque, au mépris de la neu-
tralité grecque ; ensuite la défaite de cette armée
franco-anglaise, rejetée par la vaillance bulgare au-
delà de la frontière grecque et obligée à se retirer sur
Salonique ; enfin la sanglante défaite anglaise à Klési-
phon, sur la route de Bagdad et l'abandon forcé de l'a-
venture des Dardanelles par les troupes alliées, main-
tenues en échec pendant de longs mois et finalement
rejetées à la mer par les courageux défenseurs de l'in-
dépendance turque.

Voilà le bilan de l'Allemagne et de ses alliés. Que
peuvent opposer à cet important «avoir» les Puis-
sances de l'Entente ?

Militairement rien ! Ou plutôt rien que des éthecs ;
Echec de toutes les offensives tenîées à l'ouest, contre
l'inébranlable muraille allemande, et particalièrcinent
de la grande action de septembre, en Champagne et en
Artois, annoncée comme décisive par le général Joffrc
lui-même ; échec aux Dardanelles et aux -Ballumt ;
échec de l'offensive italienne sur tout le front autri-
chien. Voilà les faits. Aucune vaine dialectique, au-
cune fanfare creuse ne sauraient plus en couvrir l'évi-
dence et la portée.

Même échec de l'Entente sur le turrain économique.
Malgré le blocus de l'Allemagne, malgré les plus tyran-
niques empiétements anglais sur les droits des Etats
neutres, la « guerre de famine » a fait long feu et il n'y
a plus personne qui puisse croire encore qu'elle abou-
tira, maintenant que l'Allemagne et ses alliés ont
étendu jusqu'à l'Orient le champ de leur action mili-
taire et de leurs ressources économiques.

Ainsi donc, en se plaçant au point de vue de la Qua-
druple-Entente, ce n'est guère avec satisfaction qu'on
pourra récapituler l'année qui vient de s'écouler. Et

FEUILI.LliON DE LA iUAZL'1 1 i: l>i,o AllLbl\M\b»

L'AN QUI MEURT

Pour les âmes sensibles, tout déclin porte une
profonde empreinte de mélancolie. Le crépuscule, où
flotte encore une lumière indécise, fait songer aux
radieuses clartés du soleil de midi, comme il évoque
aussi la nuit aux grandes ailes sombres. C'est une tran-
sition qui hante notre esprit des mirages de la journée
et l'assombrit en môme temps en l'enveloppant d'ombre.

Le jour s'éveillait dans la brume d'hiver ; jour
morne et triste. La bise plaintive sifflait lugubrement,
torturant les grands arbres, hideux squelettCB qui lais-
saient tomber, goutte à goutte, des larmes de rosée de
leur rainure nue. On eût dit que ces goiilles étaient
les pleurs de la nature en deuil, regrets du temps enfui
à jamais, de l'année mourant dans un dernier sanglot. .

Une vieille femme, la face amaigrie et ridée,
•'acheminait bien lasse, tel un fantôme tremblant, vers
l'église. Arrivée sur le parvis, elle s'affaissa lourde-
ment sur les dalles glacées. Elle paraissait plongée
dans un profond chagrin, témoignant par moments
son intime souffrance par un long soupir. Des cheveux
de neige encadraient son front ; son regard voilé,
souvent humide, dans une extase émue évoquait un
passé de deuil, s'appesantissait longuement vers la
terre, et quand la souffrance était trop vive, se tournait
vers le ciel, comme pour implorer la clémence divine.
Pauvre vieille déguenillée ! Elle tremblait, claquait
Jes dents suus sa niante trouée à maint endroit- Sa vie
•ivait été si dure, si cruelle, un tourment continuel ;
qu'allait lui réserver la tombe ? — Alors les accents
ùrigés de sa voix montèrent lentemenf'dans les airs
comme une agonie, comme un suprême adieu. Mon
fègne est fini et sur inet> lèvres piles et déjà froides va
expirer le dernier souffle de ma vie... Mon pauvre

c'est là un sentiment qui perce même, ci et là, l'opti-
misme officiel et obligatoire de la presse française.

Le 4 décembre, l'Action Française citait un article
du colonel Grouard, commençant par cette constata-
lion ;

n 11 faut convenir que la situation, dans son en-
semble, ne s'est pas améliorée depuis un an. »

Et le 20 décembre, la n Bataille » publiait un « Exa-
men de fin d'année », où il était dit, entre autre :

« L'an qui finit s'est écoulé tristement et il se ter-
mine mal. il n'a pas vu. la fin de la guerre européenne,
mais au contraire son aggravation et son extension. Et
il se c[ôt sur de nouvelles menaces puisque le mot de
paix n'a été prononcé, scmble-t-il, que pour provoquer
de nouvelles affirmations plus brutales,1* plus irréduc-
tible, . . . , »

Le journal trouve la situation paradoxale. Il se dé-
fend de vouloir une paix n dictée par le .militarisme
allemand». Mais quant à la «victoire» des Alliés,
annoncée depuis si longtemps et sans cesse remise, il
en parle sur un ton sensiblement atténué :

« Mais celle victoire, U faut le reconnaître en toute
franchise, l'année 1915 ne l'a pas donnée et ne semble
même pas, à première vue, l'auoir sensiblement rap-
prochée. Le bilan de ces d >uze mois de lutte ne te pré-
sente pas en notre faveur, au moins en apparence, et
ce sont nos ennemis qui paraissent marquer les coups.

Sur le front français, si nous avons réussi à asséner
de rudes coups à l'envahisseur dont l'élan est brisé sans
retour (?), nos offensives des mois de mai et de sep-
tembre n'ont pas abouti à nous rendre cette liberté de
manœuvres que les Allemands nous refusent depuis la
Marne. En Russie le coup a été dur : le trop fameux
« rouleau compresseur n a rebroussé'chemin et c'est
VAustro-Allemagne qui a porté la guerre dans l'Em-
pire des Uars. Elle tient la Pologne et la Courlande,
deux autres gages.

Moins satisfaisante encore est ta situation éttns la
péninsule balkanique. La faiblesse et l'insuffisance de
notre politique étrangère nous y onl valu deux grosses
déceptions. Nos ennemis ont pu nous y susciter deux
nouveaux adversaires et nous n'avons pu y ïrouuer au-
cun allié.

L~e bloc germanique a su contre nous prendre des
décisions rapides auxquelles nous n'avons pu répondre
à temps, zt c'esH'histoire de la Serbie et de l'expédition
à Saloniquc. Nous-mêmes, nous n'avons pas su mettre
de notre côté la rapidité et la surprise, ces deux élé-
ments de succès, et c'est l'histoire des Dardanelles.

Ces constatations sont fâcheuses, mais à quoi servi-
rait-il de les dissimuler ?

Le bilan de cette année qui ne marque à notre actif
qu'un succès, l'entrée en scène de l'Italie — et dont on
n'a pas encore tiré toutes les conséquences — montre
malheureusement que du côté des Alliés tout n'a pas
été pour le mieux.....»

■ Remarquons en passant que le colonel Grouard, cité
par 1' » Action Française » avoue que l'intervention

italienne en faveur des Alliés a été largement com-
pensée par l'attitude des Etats balkaniques.

A son article de fin d'année, le journal parisien
ajoute encore quelques voeux. Les voici :

corps accablé par la vieillesse et usé par les luttes inces-
santes avec les hommes', va descendre vers le néant.

Encore un pas sur ma route et je m'effacerai dans
ce gouffre sans fond qu'on nomme le passé.

Le monde nous adore, lorsque vierges de tout mal
et couronnée d'espérance, nous escortons en souriant
les pas du genre humain.

Comme d'autres, hélas, mon berceau n'a pas été
paré de la dentelle fleurie et chantante des branches ;
comme d'autres, je n'aurai non plus la suprême con-
solation de voir mon tombeau creusé parmi 1rs fleurs.
Née dans le malheur, au milieu des ruines et du sang,
j'ai été maudite à ma naissance, le monde avait espéré
qu'avant de m'enfoncer dans l'oubli, j'emporterais avec
moi les bénédictions de tant de malheureux et môme
jusqu'au souvenir de cette sanglante tragédie.

Je suis maudite, car je n'ai pu réprimer la fausseté
vile des haines. — Je suia l'année qui expire et si je
n'ai pu ramener parmi les hommes une paix durable,
si je n'ai pu jeter le voile de l'oubli sur le terrible
drame qui ensanglante l'Europe, j'emporte du moins
la consolation que celle qui me succédera aura la main
plus heureuse. —■ On me maudit : il ne reste plus de
moi qu'un souvenir d'angoisse qui étreint le cceur de
l'humanité. Pour la première fois depuis longtemps, les
adieux à l'année qui s'en va ne sont pas empreints de
mélancolie ; on ne me regrette pas ; au contraire, on
me laisse partir avec satisfaction, avec un soupir de
soulagement et mon nom « 1915 » restera souillé d'une
tache de sang. Déjà l'espérance afflue vers les cœurs ;
là-bas dans l'ombre s'avance ma sœur, accueillie par
la joie et l'espoir en des jours meilleurs, saluée par les
clameurs du genre humain : Prosit Neujahr 1 Bonne
année !

La vieille poussa un cri rauque, ses membres se tor-
dirent dans les douleurs de l'agonie et sa tête épuisée
retomba sur sa poitrine. .

I h Et justement, puisque ce va être l'époque des
voeux, n'est-ce pas le moment de formuler ce souhait
que dans l'année qui vient on nous épargne tant d'espé-
rances fallacieuses sur l'usure germanique et qui ont
été autant d'amères déceptions.

Rabaisser la valeur de l'adversaire n'a rien de noble
ni d'intelligent, et c'est une politique désastreuse que
celle qui diminue les difficultés et les périls.

Ne t'avons-nous pas un peu trop fuit ?

Et les Alliés ne doivent-ils point se reprocher quel-
ques illusions et beaucoup de faiblesses ? »

C'est là un langage assez sensé et qui aurait sa va-
leur, si le journal en question osait tirer les consé-
quences de ses méditations. Il verrait alors qu'aux illu-
sions de l'an passé, qu'il déplore amèrement, les res-
ponsables de la politique française b'apprêtent à en
ajouter de nouvelles, destinées à ensanglanter vaine-
ment l'année qui vient.

Ce n'est pas l'Allemagne qui prétend anéantir les
autres nations. Ce sont ses adversaires qui persistent
follement, à son égard, dans leur sombre projet
d'étranglement, sur lequel se fonda leur union. Tant
qu'ils n'y renonceront pas, tant qu'ils n'abandonne-
ront pas leurs illusions mortelles — surtout pour la
France abusée et sanglante I — lanl que leur orgueil et
leur jalousie prétendront refuser au peuple allemand
la place libre et entière à laquelle lui donnent droit,
parmi les grandes nations de l'Europe, sa culture et
son tiavail, il ne pourra, bien entendu, être question
de paix.

Dans son sobre langage, M. von Bethmann llollweg
l'a dit à la tribune du Reichstag, et ses paroles peuvent
s'écrire comme une devise sur le seuil de l'année nou-
velle. /

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand yuarUer gênerai, 30 décembre 1015.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.
Dans la nuit du 29 décembre, des tentatives anglai-
ses, de pénétrer par surprise dans nos positions au
nord-ouest de Lille, échouèrent^ Une petite entreprise
nocturne de nos troupes au sud-est d'Albert eut du
SUccès et amena la prise de quelques douzaines d'An-
glais.

Au Ilartmannsweilerkopf les bouts de tranchée
restés aux mains des Français furent reconquis hier.
A part cela, des duels d'aitillerie partiellement vifs,
eurent lieu sur beaucoup de points du front, en raison
des conditions favorables de l'observation. L'aviation
fut également très active de part et d'autre, line esca-
drille ennemie attaqua les localités deWcrwicq et Menin
et leurs installations de chemin de fer. Aucun dégât
militaire ne fut occasionné*; par contre, 7 habitants
furent blessés et 1 enfant tué. Au nord-ouest de Cam-
brai, un avion anglais fut abattu en combat aérien.

Théâtre de la guerre à l'Est.

Au sud de Schlok, ainsi que sur plusieurs points du
groupe d'armée du général von Linsingen, des pous-
sées, tentées par des détachements russes indépendants,
furent rejetées. Des troupes austro-hongroises appar-
tenant à l'armée du général Comte de Bothmer repous-
sèrent une attaque d'importantes forces russes contre
la tête de pont de liurk.mov à la Slrypa. L'ennemi subit
de grandes pertes sanglantes et perdit environ yoo pri-
sonniers,

Théâtre de la guerre aux Balkans.
' La situation est sans changement.

La grande ombre tombée du ciel noyait la ville
encore endormie et bercée dans son rêve, comme une
dnde insaisissable, impénétrable, étreignant maisons,
êtres et monuments de son imperceptible toucher.

Cependant à l'horizon apparaissait timidement
l'aurore aux teintes grelottantes. Cà et là quelques
lueurs vacillantes perçaient faiblement la brume
joyeuse. De rares passants allaient et venaient, pres-
sant le pas- Dans un dernier effort, la pauvre vieille
Ouvrit les yeux : elle aperçut, venant vers elle, une
frêle enfant d'une beauté céleste et comme vêtue de
mystère. Son front était couronné d'étoiles et un souffle
enchanté suivait ses pas. « Qui es-tu ? » demanda la
vieille à l'enfant. Celle-ci d'une voix douce et f.aichc
répondit : « Je suis l'année qui vient de naîlic. Les
douze coups de l'horloge argentine ont annoncé ma
Venue. Ton règne est fini et je veux le donner la
suprême consolation ; Tu as vu le jour au milieu des
larmes ; tu es passée comme ces ouiagans de fer et de
feu qui ne laissent derrière eux que les ruines et la
mort- Les quatre ûgits de la vie, lu les u passés en con-
templant la sanglante tragédie qui met aux prises tant
de peuples. Ta faiblesse n'a pu apaiser ou diminuer les
haines injustes et violentes qui ravagent les cœurs de
tant d'hommes. »

En entendant ces mots, la moribonde eut un fré-
missement convulsif, niais d'un geste de douceur et de
bonté, l'enfant la rassura.

«Puisque le sillon que tu as tracé daiia le cours des ans
n'est comblé que de peines et de souffrances, puisque tu
n'as pu sauver ces millions de vies humaines, puisque tu
es restée insensible aux cris d'épouvante et de pitié de
tant d'enfants, de pères et de mères qui te suppliaient
d'arrêter cette sombre chevauchée, puisque tu n'as pas
allongé le bras vers l'Ile maudite pour flageller les
metteurs en œuvre de ce drame sanglant, puisque tu
as été le génie du mal, moi je serai le génie du bien.

Grand Quartier général, 31 décembre 1915.

Théâtre de la guerre à l'Ouest.

Après avoir fait éclater une mine avec Buccès, nous
arrachâmes aux Anglais une tranchée avancée au nord-
ouest de Hulluch. a mitrailleuses et quelques prison-
niers tombèrent entre nos mains.

Une attaque d'aviateurs ennemis contre Ostendc
causa d'importants dégâts aux maisons de la ville ; le
cloître du Sacré-Cœur a particulièrement souffert.
19 habitants belges sont blessés, un a été tué. 11 n'y a
pas eu de dégâts militaires.

Théâtre de la guerre à l'Est et théâtre de la guerre
aux Balkans.

Aucun événement d'importance particulièrCa

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Paris, n décembre 181ô, soir.
En Belgique, au cours de la journée, l'arhllene a continué
il être très active de purt et d'autre, dans la région de Lom-
bacrtzyde.

En Artois, nos batteries onl canonné avec succès les
ouvrages allemands au sud d'Angres et dans la région
d'Arras.

En Champagne, nous uvons dispersé un convoi ennemi
sur la route de l ahure à Somrne-Fy.

Duns les Vosges, duel d'artillerie assez intense. L'ennemi
a bombai dé sans elïet nos positions sur le front de Boizstein
(c'est 1' « Echo de Paris », qui écrit h Barzstein », le « Temps *
imprime « tiirsstein ». — La Réd.) et sur les pentes nord de
j'Hurtmaiinsweilei'kop'.

Pans, 26 décembre 1915, 3 heures.

Nuit calme sur l'ensemble du front.

Paria, 2ti décembre 1915, soir.

En Artois, grande activité de notre artillerie au sud de
Bailleul et dans la région de Blaireville, sud d'Arras.

E11 Champagne, dans la région de la ferme Navarin, quel-
ques tus heureux sur des travailleurs ennemis.

En Woôvre, un tir de notre artillerie a lait sauter un
dépôt de munitions de l'ennemi au nord-est de Régniévdle.

Dans les Vosges, une de nos balterieB a pris sous son feu
un train de muintons arrêté en gare de Hachimetle, au sud-
est du Bonhomme. Une forte explosion a été constatée par
nos observateurs.

Pans, 27 décembre 1915, 3 heures.
Rien à signaler au cours de la nuit, sauf en Lorraine, où
notre urlillene a bombardé des travaux ennemis dans .la
région de Bioncourt-Gremecey (sud-ouest de Château-Salins).

La SitualiOD politique et Économique île la France

LA VOIX POPULAIRE.

M Eugène Hollande écrit dans le t Radical » du 12 décembre:
u L'insuccès relatif de notre offensive eu Champagne, la
situation quelque peu inquiète de notre corps expédition-
naire en Macédoine ......, par ailleurs, hélas ! sons nos yeux,

des vices absurdes d'organisation en vain dénoncés par
tout le inonde, une apathie, une incurie dans des services
essentiels, dont ne viennent a bout ni plaintes, ni récrimi-
nations, bref uo ensemble de fautes duea à l'impuissance,
ou à la mauvaise volonté — est-ce qu'on sait ? — mais
flagrantes, un total de mécomptes auxquels, depuis quelques
semaines, presque chaque jour apporte sa part, ont créé
dans ie pays un manifeste, un indéniable élat d'esprit qui
est loin de la satisfaetion.

La nation a consenti — à qui ? a elle-même I — tous les
sacrifices de sang et d'or avec un courage, une abrogation,

Dans les plis de ma robe mystérieuse, j'apporlc le bon-
heur et l'amour. J'effacerai des cœurs la souvenance?

du passé.

a A cette heure suprême, ou i011 aine agonise,
#Sous des larmes de neige et des sanglots de bise s,

Endors-toi, vieille, dans la paix et si possible dans
l'oubli. Je ne crains pas d'affronter la tempête, la nuit
noire ne m'effraie pas. Dans l'aube qui naît, la grande
famille humaine entonnera dans un choeut immense
un hymne d'espérance. Je commence en ce jour une
année nouvelle ; ma couronne de gloire éclaire le
monde de ses feux diamanU's. Ce bouquet dfl simples
fleurs que j'ai à la main exhale un parfum subtil qui
porte un nom bien doux : Jeunesse. »

Comme l'enfant parlait, le soleil voilé d'une brume
légère s'était levé pacifique et serein comme un Dieu.
Les astres étaient noyfs sous les feux de l'aurore,
l'horizon en devenait rose et le brouillard commençait
à se dorer. Les vitraux de l'église resplendissaient de
milh'feux. Les rues désertes avaient repris leur mouve-
ment -habituel. Lu ville avait l'aspect d'une 1 nchc au
printemps. Tout à coup les cloches fuyant le juug de
leur tourelle, se mirent à jeter dans les airs leurs mélo-
dieux accords.

Aux carillons fiuis et joyeux vint se mêler une
autre Voix d'airain, voix de mélancolie et de ,-rière. —
Les sonneries s'alanguirent et bientôt l'on n'entendit
plus que le léger tintement argentin.

Telle une veilleuse vacillante, aux premières clartés
du jour, la vieille s'éteignait doucement.

L'enfant montra de son doigt n.6*c le mot Paix »,
gravé en lettres de feu dans l'orbe du soleil.

Sans une plainte, sans un soupir, sans un mouve-
ment, la vieille s'était endormie de son dernier
sommeil.

ioi5 avait souffert.

Un Fiançais.
 
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