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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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3* -Année. — N- 290.

Tirage : 135,000 Exemplaires.

Charleville, le 4 Novembre 1916.

Gazette

ennes

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

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Ni HIS DE LIID C1EÏ

L'Association dt la presse étrangère de Londres a effart
un lunch, où le vicomte Grey de Fallochen, ministre ses
affaires étrangères du Royaume-Uni, était lt principal
invité.

Les ambassadeurs de France, de Russie., d'Italie, du Ja-
pon, les ministre* de Roumanie, de Serbie* de Belgique et
du Portugal, iord Robert Cccil, et de nombreux représen-
tants du Foreign Office y assistaient également.

Lord Grey a profité de l'occasion pour prononcer un dis-
cours politique, où il a répété la version anglaise des causes
et des buts de la guerre. 11 va de soi que le chef de la diplo-
matie anglaise se garda bien de parler de. cette funeste
politique d'encerclement inaugurée contre l'Allemagne par
Edouard VII, et dont les ministres belges à Paris, Londres
et Berlin ont dénoncé, pendant dix ans, la menace crois-
sante. Pour lui, c'est l'Allemagne seulo qui est responsable
de la guerre :

n~L'Allemagne, par la bouche de ses hommes d'Etat, parle
de la paix, fiais de quelle paix parlent-ils P Quelles con-
ditions mettent-lis en avant ? 11 faut, disent-ils, que l'Alle-
magne ail des garanties contre toutes les attaques futures.
Si cette guerre avait été imposée À l'Allemagne, cette dé-
claration serait logique, naturellement ; mois précisément
parce que la guerre ne fut pas imposée à l'Allemagne, mais
au contraire imposée par l'Allemagne à l'Europe, ce sont
les Alliés qui doivent «voir des garanties pour la paix à
venir. En juillet 1914, personne ne Bongcait à "attaquer
l'Allemagne. i>

Cela dit, Lord Grey aborda la question de la paix :

« Nous lutterons, dit-il, jusqu'à ce que nous ayons établi
la suprématie du droit sur la force et, suivant les
termes employé* par le premier ministre, jusqu'à oe
que nous ayons assuré le libre développement dans des
conditions d'égalité, et conformément à leur génie propre,
de tous les Etats, grands et petits, qui constituent l'humanité
civilisée. ... /

a On observe à l'heure actuelle, a-t-il dit, dans les psfl
neutres, un mouvement tendant à la création après la guerre
d'une association des nations en vue d'assurer la paix dam
l'avenir. Aux Etats-Unis, notamment. M. Wilson et le*
autres candidata a la présidence s'en *ont déclarés partisans.
Les belligérants, qui, à l'heure actuelle, luttent'pour leur
existence, n'ont pas le temps de se consacrer à l'étude de
ces questions d'après-guerre. Mais, dnns le* limiter indi-
quées, le mouvement ne peut qu'avoir toute notre sympathie
et je me permettrai seulement de dire ceci aux neutres:

« Pour que pareille association suit effective, le* mitions
qui s'y rallieront doivent être prêtes à user de la force, si
c'est nécessaire, pour assurer l'exécution des traités. Je
■uppose que, dans l'avenir, une situation analogue à celle
de juillet 19ii se présente. Pour que l'association de la paix-
triomphe, elle devra être prête à prendre les armes. »

Lord Grey ne pouvait terminer son discours, sans parler
du «militarisme» prussien. Il l'a fait en ces termes, qui
n'ont rien de nouveau ;

((Pendant de* annéeB, nous avonk vécu bous la menace
du militarisme prussien. 41 ne faut pas que cette guerre
finisse, il ne faut pas qu'il y ait de paix sans l'assurance que
les nations européennes vivront à l'avenir libres de cett*
menace. Si on nous demande combien de temps durera la.
lutte, noua répondions : (t Elle durera jusqu'à ce que nous
ayons atteint noire but. »

S'il «et cruel de penser que la génération actuelle aoit
appelée à tout sacrifier peur les générations futures, noua
n'en sommes pas moins déterminés à continuer ce* sacrifices
jusqu'à ce que nous ayons assuré la paix future du continent
européen tout entier et que nous ayons la certitude que le*
sacrifices consentis ne l'auront pas été en vain, u

Mais lord Grey a oublié de dire cp qu'il entend faire du
« nauirlftme »" anglais, dont la tyrannie pèse actuellement
iur l'Europe, et surtout sur le» Neutres, d'un poids plua
lourd que ne fut jamais celui du militarisme allemand. Ce
qu'il voudrait, c'eat que lee peuples s'unissent pour garan-
tir à l'Angleterre la durée éternelle de son hfgémonio mon-

diale. 11 est bien entendu que le but de l'Angleterre resta
l'anéantissement du seul concurrent qu'elle juge actuelle-
ment capable de lui disputer ceite hégémonie mondiale
qu'elle entend bien conserver, en dépit des belles paroles
de ses min.strcs sur la ((liberté de l'Europe». Ce*nue si-
gnifie cette a liberté )>, protégée par l'Angleterre impéria-
liste, le* Neulreviet particulièrement lu Grèce, en font l'ex-
périence. **■

Si Lord Grey voulait se donner la peine de consulter
l'histoire des quarante dernières années, il aurait quelque
peine à y trouver la preuve de lWprit agressif du milita-
risme allemand. Tandis que la France cl l'Angleterre en-
treprirent de nombreuses guerres coloniales, l'Allemagne
resta chez elle, toute à son travail. El Lord Grey voudra-t-il
nier que, si 1 Allemagne avait eu réellement l'intention pré-
conçue d'atluquer l'un ou l'autre de ses vois.ns, elle n'eût
certainement pas laissé passer des occasions comme la
guerre contre les Boers ou le conflit russo-juponais ; eUe
n'eût certainement pas attendu que l'intrigue anglaise eût
réussi à l'entourer d'un cercle d'ennemis. Rien ne démon-
tre mieux la volonté franchement pacifique de l'Allemagne
que toutes ces excellentes occasions d'allaque qu'elle laiesa
passer. Parler des desseins agressifs de l'Allemagne est donc
une flagrante contre-vérité historique. Travestir l'Angle-
terre impérialiste en h Ange de la Paix», selon l'expression
fameuse de M. Garvin, rédacteur-en chef de 1' «Observer»,
en est une autre, qu'il est plus facile encore de détruire. Il
suffit, pour cela, d'énumérer les guerres de conquête, en-
treprises par cette « pacifique » Angleterre au cours des
soixante dernières années. Voici ce petit lablcau»édifiant :

Guerre contre la Russie en i854, contre l'Afghanistan en
i838, i8ao, 187S ; contre la Chine en i84i, i8<J8, i85G,
1S60 ; contre les Siltha en i845, i848 ; contre les Cafire* en
i845, (85c, I877 ; contre le Birma en i85o, i853, i885 ;
contre les Indes en 1857, 1860, i8fi3, 186a, 1868, iSGg,
i8qo, i8g5, 1897 ; contre les Ashanlis en i864, 1873, 1806 ;
contre l'Abyssinie en 1867 ; contre la Perse en i85a ; contre
lea Zoulous en 1878; contre les Iksoutos en 18797 contre
l'Egypte en 188a ; contre le Soudan en 1894, 1896, 1895;
contre Zanzibar en 1890 ; conlre les Malahélés en 189,4,
contre l'Afrique du Sud en 1881, 1899.

Cela fuit, en 60 ans, 40 guerres ou expéditions militaire*.

On avouera que pour un « Ange de la Paix », c'est un
peu beaucoup I

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, le 1 novembre 191C.
Théâtre de la guerre d l'Ouest,

Groupe d'armée du Kronprim tiapprecht de Bavière.

Dans la région Nord de la Somme l'Activité d'artillerie
a repris par endroits avec une force considérable. Une poue-
aée anglaise au Nord de Courcelette fut facilement rejetée.
Dea attaques françaises dans le secteur de Lesbceufi-Ran-
•ouri furent en général repoussées avec pertes sanglantes;
•lies ne rapportèrent à l'ennemi que de petiU avantagea au
Nord-Est de Morval et t la limite Nord-Ouest de la Forêt
de Saint-Pierre Vaast. Malgré une opiniâtre résistance fran-
çaise, nos troupes avancèrent dans la partie Nord de Sailly.

Groupe d'armée du. Kronprinz allemand.
À plusieurs endroits la canonnade se fit très violente sur
la rive droite de la Meuse; lea Français, dirigent surtout,
Jusqu'ici, un feu destructeur de canons lourds contre It fort,
de Vaux, que nos troupes ont évacué par ordre, pendant la
nuit déjà sans être inquiétées par l'ennemi, et après sn
avoir au préalable fait sauter d'importantes parties.

Théâtre de la guerre à l'Est,
front du feldmaréchal Prince Léopold de Bavière.

Des troupes de Weslphalle et d'Ostfriesland, appartenant
■u groupe d'armée du général Ton Linaingen, enlevèrent
d'assaut, sous le commandement du général von Dltfurth*
Us positions russes avancées sur la riva gauohe du Stochod,
■jfèa de Vitoniez et plus au Sud. Outre ses lourdes pertes

annulantes, l'ennemi laissa entre nos mains aa officiers,
iÔûS hommes prisonniers, ainsi que 10 mitrailleuses et
3 lance-bombes. Nos propres pertes sont-minimes. Plus au
Sud, près d'Alttnxandrowka nous ramenâmes 60 prisonniers
d'uni? reconnaissante russe.

fYonf du général de cavalerie Archiduc Charles.

Dans les Carpathcs nous opérâmes contre des positions
russes avancées au Nord de Dora-Vbtin.

Au front. Est de Transylvanie la situation est sans
changement. Des attaques roumaines contre les troupes
coalisée* qui ont franchi les cols d'Allschanz et de Prédéal,
échouèrent avec grandes pertes ; nous fîmes prisonniers
8 officiers, aoo hommes. Au Sud-Est du col' de la Tour-
Uougc les combats continuent, avantageux pour nous.

Théâire de la guerre aux Balkans.
Groupe d'armée du feldmaréchal von Mackensen
GonslanUa fui bombardé sans succès du côté de la mer.

Front de Macédoine.
Dans la boucle de la Cerna et au Nord de la Nïdaa-
Planina des poussées serbes furent rejetées. Au front de lt
Strouma vifa combats a l'avant de nos positions.

Grand Quartier général, le 3 novembre 1916,
k Théâtre de la guerre à l'Ouest.
L'activité de combat se maintint en général dans les
limites modiques. Dans quelques secteurs de la région de
la Somme, forte canonnade. Les maisons de Sailly, enlevées
par nous, furent reperdues hier matin en combat corps à
corps. Des poussées ennemies à l'Est de Gueudecourt «t
conlre la partie Nord de la forêt de Saint-Pierre-Vaast
échouèrent.

Théâtre*'de la guerre à l'Est.
Groupe d'armée du feldmaréchal Prince Léopold de Bavière.

Les Russes subirent des peites particulièrement lourdes
en essayant jusqu'à sept fois, mais en vain, de nous repren-
dre les positions enlevées le 3o octobre à l'Ouest de Folw.
Krasnolesie (rive gauche de la Narajowka).

Front du général de cavalerie Arciiiduc Ch.arlet.-~
Au front Sud de Transylvanie des attaques roumaines
furent repoussées par nos tirs ou à la baïonnette. Au Sud-
Ouest de Prédéal et au Sud-Est du col do la Tour-Rouge
nous avons fait 35o prisonniers, en ripostant à une poussée
roumaine.

Théâtre de la guerre aux Balkans.
Aucun événement d'importance particulière.

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Paris, 28 -octobre 1916, soir.
En dehors de la lutte il'artillerie, qui continue très violente
■ans la-région de Douuumonl, aucun événement important à
signaler sur l'ensemble du front. Le mouvais temps persistant
entrave les opérations.

Paris, 29 octobre IBlâ, S heure*.

Sur le front do la Somme, nous avons réalisé quelques progrès
dans tes régions de Sailly-Saillisel et de Biaches et fait des
prisonniers. Au Nord de Vordun, continuation de la lutte c'arul-
lsrie sans action d'infantorie. Rien a signaler sur le reste du front.

(Par suite d'une faute d'impression les deux derniers bulletins
français du numéro précèdent portaient les dates du lendemain.
Su venté il s'agit des bulletins du 27 octobre soir et du 28 octobre
I heures.)

Paris, 29 octobre 1916, sou-.

Au Sud de la Somme, après un violent bombardement, •les
Allemands ont attaqué t 15 heures nos positions su Nord et au
Éud de la Maisonnette, en faisant usage le liquides enflammés.
Nos tirs do barrage et nos feux de mitrailleuse* ont brisé toutes
su tentatives d* rtnnomi et l'ont refoulé dan* ses tranchées de
éfpsrt. Au Nord de Verdun, la lutte d'arldlerie est restée très
vive dem le secteur d'Hsudromont-Dousumont. Aucune action
eriefentene. Journée calme sur le reste du front.

Paris, 30 octobre 1616, 1 heures.

Au N.ord de la Sein me, nos troupes ont enlevé un système de
tranchée* ennemie* su Nord-Ouest de Sailly-Saùliscl." Une

autre opération vivement menée nous a permis de progresser s
ÎEst vers Ssilliiel. Ilpe soixanlelne de prisonnière sont aexjAa
entre nos mains. Au Sud se la Somme, les Allemands ont muuTp»
cette nuit le* attaque*, précédées de bombardements intense* in>
nos position* depuis Bucbe* jusqu'au Sud de 1* MaisonnetJkL
Repoussé k plusieur* reprises avec des pertes sévères, l'ennemi-
au cours d'une dernière lenlalive extrêmement violente ■ réussi
à pénétrer dan* des éléments de notre tranchée de première
ligne, au Nord de 1* Maisonnette, et t prendre pied dans lee
bâtiment* de cette ferme. Tous ses efforts pour noue rejeter de
le eroupe 97 ont été brisés par no» feux. Sur la rive droite de la
Meu*e, la lutte d'artillerie se poursuit sur l'ensemble du front,
moin* vive néanmoins dons ta région de Doueuinonl. Aucune
action d'infanterie. Parlout adleura, nuit calma. Conformément k
lour habitude, pour ie venger de leur difuito à Verdun, lea Alle-
mands ont dirigé »ur In villo de Reims un bombardement violent.
Il y a eu quelques victimes dans la population civilo.

BULLETINS OFFICIELS ANGLAIS

(Fronf occidental.) .

Londres, 28 oclobrc 1916, 9 h 15 soir.
Ce matin, une heureuse opération secondaire, au Nord-Est de
Lesbrciif», nous a permis de prendre possession de plusieurs
trenchéc* importante*. Le tir do notre artillerie *'est montré très
efficace, et l'ennemi a été pris sous notre fusillade au moment
où U abandonnait ses positions. Soixante-trois prisonniers, dont
doux officier*, sont tombes entre nos mains. Au cours de la
^journée, l'arullcrie allemande a montré do l'activité vers Eau-
Court-l'AbbSyc et MartinjTuicli. Nous avons bombarde lts lignes
ennemies dans la région de Messines, Armenuères, Guinchy,
Hoheniollern et Uoramecourt.

Londrel, 29 octobre 1916, 10 h 30 malin et 9 h. 40 soir.

Rien a signaler tu cours de la nuit. Le nombre des prisonnière
laits dans lu journée il hier, au Nord-Est de Leabœufs, g élève
définitivement à cent quarante, dont deux officiers.

Nous avons encore ce matin effectué une avance au Nord-Est
do Leabœiifs et noua nous sommes emparés d'une tranchée enne-
mie L'arullcrie allemande "a violemment bombardé différentes
parties do notre front au Sud de l'Ancre. Rien à signaler sur le
reste du front en dchor* d'un bombardement intermittent et de
l'activité ordinaire des engins de tranchées. Hier, en dépit d'un
violent vent coolraire, l'aviation a exèuiLé d'excellent travail, un
de no* appareil» n'est pas rentré.

Londres, 30 oclobrc 1916, 10 h 30 matin.
La pluie continue do tomber avec force. Aucun cvéncmeol
important à signaler au Sud de l'Ancre. Lieux coups do main ont
été dirigés avec succès, au cours de la nuit, contre" les tranchées
à l'Ouest do WytSchaeto et à l'Est du Boesmglic. L'cuneotti a subi
des perles considérables et nous avons ramené un certain nombre
de prisonniers. Vers le canal de la liû&see, des bombe* ont été
jetées par nous sur des groupes de travailleurs qui ont éprouve-
do forle* pertes.

Autour de la Gnes^a

M. CLEMENCEAU ET LA ROUMANIE.

La Roumanie fournit à M. Oemenceau^n important
« Sujet de Réflexions ». H écrit sous eu titre en iéle de
P « homme Encliainé i> du 38 octobre. Il recherche d'abord
les « raisons- d'espérer u :

u Le peuple roumain a toujours fourni de vaillants sol- '
dats. On nous a dit, non sans raison sûrement, i[ue les
chefs de son armée s'étaient montres de consckncieuï tra-
vailleurs. De cette vaillance et de ce travail, nous devons
finalement constater les effels. A l'observateur superficiel.
Charlcroi ne faisait pus pressentir la Maine. La vive pointa
de nos alliés aux Alpes transyivaflies peut n'être pas d'une
stratégie, supérieure^ Elie n'en fait pas moins voir un dé-
veloppemenl de forées avec lesquelles liindeiiburg et Mac-
kensen auront à compter.,..

u Pourvus d'informations, J&s dirigeants des alliés,
•oinrne ceux de la Roumanie, se sont- nécessairement con-
certés dans tous les champs de t'aeliwlé diplomatique et
militaire, avant de déclancher l'offensive en Transylvanie,
où d'éminent» politiciens, qui fout de la stratégie sur la
corde raide, attachèrent, si j'en crois l'événement, des es-
pérances prémsluréea.

u II y a le choc des armées. Il y à la manœuvre L'avan-
tage de la manœuvre ne paraît pas être de noire côté. Cela,
Je dois l'admettre, parce que l'évidence du jour, en ce
moment, le démontre. Mais j'en retiens toujours ù cette
pensée que de simples fautes d'exécution ne sauraient dé-
cider soudainement du sort d'un paya, ai, d'aulie .part,
il s'est manifesté, aux diverses branches do la préparation

FEUILLETON DE Lrt mGAZLl IB DES AflDE/VTVESi «

If

a « le

Par Pierre HftSL.

PRHMIÊRE PARTIE.

Un autre, les poings fermés, fil un geste d'impatience
«t s'écria, avec un grondement de fureur, avec un meilleur
•ocent :

— Nous perdons notre temps, monsieur Tyrre' Hoton*-
stous, si noua ne voulons pas être surpris 1

La jeune fille avait entendu le nom oinsi écheppé à Ten-
■sml. Llle poussa un cri terrible.

' « Tyrrel 1 Vous vous nommes Tyrrel » Je comprends
août, maintenant. Vous vous venger l Vous voulea laver
4*ns le sang Ujtrace du soufflet que vous donna mou frère.
Vous n'ites pas seulemont un envieux et un Uohe, vous tra-
hissez La France.

_ Allons 1 Finissons-en I — rugit le misérable, perdant

faut d'un coup son sang-froid «l m courtoisie Ironique.

Quatre de ses compagnons se ruèrent en funoux sur k
groupe formé par les deux malheureuse* femmes.

Alors s'engagea la lutte du désespoir contre V» fore*;
alors Anna, secrochée 1 l'enfant et la couvrant de son «ora,
employa toute son énergie moralo «t physique a repousse*
les agiesscurs.

Vain et suprême effort. Pour m-Ure fin A e*lte réata-
Wnce importune, l'un d<-a homme*, celui-là mime ygh
ehien avait défiguré de ses crooe, tira de sa poche »n ityfcl
k la lame courte et brillante, et, par deux lois, le plontj»»
•titre les deux épaules de la pauvre fejnjus].

Les bras vigoureux et aimants |sjQMHN«t leur étreinte,
Anna tomba boignée dans son sang.

En même temps un« large main se posait sur le bouoin
•l'Alice qui la mordit et s'évanouit.

Les bandits redescendirent l'escalier, emportant l'en-
fant vaincue et inanimée.

Mais, avant de regagner le lieu où avait atterri le ballon,
ils eurent encore le temps d'allumer l'incendie au rei dé-
chaussée et au premier étage de la maison. Las flammes
achevèrent l'œuvre malfaisante dea hommes.

Et cependant toute trace n'en fut pas effacée.

Après une naturelle défaillance, Anne s'était ranimé*,
tes bleesures, quoique graves, n'étaient pu mortelles. EDa
fut encore la force de *e laisser glisser dans l'etoalier, de se
traîner jusqu'au rez-de-chaussée, près du cadavre de son
■tari.

Alors la douleur morale eut raison da l'énergie de l't«-
fartunéu, et elle défaillit pour la seconde fois.

Ce fut là que la trouvèrent les paysans, accouru», trop
tard, hélas I au secours du mauoir et de ses habitants.

Ët, pondant ce temps, la sinistre machine, reprenant
son funèbre vol, remontait vers Lorient et prenait terra de
nouveau sur une pointe isolée de la cote da Guidel où un
•anot, mouillé depuis plus d'une heure, attendait son ss>
tour.

Philippe de Jcumont entendit de U bouche de la pauvra
Anne Le Louam ce récit entrwoupé de sanglot*.

L'nsil sec, la face contractée, il ne prononça point us»
parole, 11 ne proféra aucun soupir.

Mais lorsque, debout au milieu de» décombres de sa
vieille demeure familiale, II vit, an levanl lee yeux, la
sjnortc! aérostat décrivant se* gyres dons le cM paie, au-
Afswus de l'norieon du couchant, ion brus se tendit vers lui
an un ternblo geste de ynngewnoa :

-— Jacob TyrreJ, c'est une dette iMliblfl que tu viens
aW contracter envers moi, Tu ne Pacqi.Itteroa Jamais corn-
nietement.

Tout ce Jour et le suivant, le jeune homme le* consacra
k prendre Jea mesure* dn réparation urgente que récla-
maient les circonstance». 11 donna toute son attention,
éVabore!, aux soius qu'wLigraflit l'état de is virJUc Auuc, cu-
ty[[j-- hux Iwiïuua du NgtâurtUon du inunoir, et, pour celte
louble fin, il *'enUn41t tY«0 son notaire ée Vannes,

— Dieu, — lui i . l il. — m'a donné usas de biens pour
■nblr celte perte nu trop eu souffrir, J« uo lui demande
•lus, à cette heure, que de me pomieHr» de retrouver ffcf
t \ de rus sesur et de venger tanMHiniS do mon^ vteÛ
■oal Vol L* Louarn,

Le soir venu, Philippe prit le train pour Quimper. II
arriva à Brest dans la nuit et, tout de siJte, sa fit porter en
annot jusqu'à l'entrée du Goulet où le «Vengeur» était
mouillé en attendant san retour.

Dès qu'il se retrouva en présence de l'enseigne Durée,
| lui raconta l'affreuse histoire du malheur qui venait de la
frapper.

— Le* journaux me l'avaient appris, — répondit le

Rne nomme ému. — Est-il besoin de vous dire la part que
prisa à votre douleur et combien plus je me scu? disposé
ou* prouver mon dévouement en vous aidant à punir les
auteurs de oe crime P

— Lee auteurs 1 — reprit Jeumont d'une vo;x sourde.
•—Oui, sans doute, nous pouvons dire a les auteurs u. Mais,
pour moi, il n'y a guère qu'un auteur, un responsable entre
tous. Le* Anglais n'ont agi que par patriotisme. Ils m'ont
ravi ma soeur sans doul» pour s'en faire un otage et m'of-
frir se liberté et sa vie en échange du secret du si Vengeur».
Mais l'homme infâme, le criminel auquel je ne saurais par-
donner ion forfait abominable, c'eal ee Français, ce traître
à la pairie, qui, pour venger 1* soufflet que je lui ai appli-
qué, U y a quulques un nées, n'a pas craint d'accomplir le
plus lâche des attentats, de connivence avec l'ennemi
national.

— Vous avec raison, — aceoida Durée. — C'eat, an
«ffet, ce misérable qu'il faut poursuivre et châtier impla-
eablement. ^-

— Oh I ce Tyrrel, ce coquin que j'avais devine el au-
quel J'ai jeté sa trahison au visage 1 Et dire' que, pour
l avoir ainsi démarque et flétri, J'ai dù quitter, les larmes
aux yeux ut la rugo au cceur, celle marine que j'aimais
tant I

— Je n'ei juuiab su par les détails l'histoire de cet évé-
nement, risqua Tutbeigne avec déférence.

— Oh 1 La chose nu vaudrait pas la peino d'être racon-
tés, *i elle ne déduit avoir une suite terrible, — reprit Jeu-
etent avec une colère contenu*. Mais, afin que vous n'en
içnnïiïZ nen, je voii vous «a luire 1(9 récit, ot vous Jsageesji
DTtk-ux rbi la justice d*' ma cause

« Il y a cinq année*, environ, su cours d«* nuinotuvrc*
■Vebcailrr- de la Méditai nuk, j'avais le coninmnderocnt
d'un torpillcnr de 1» d^lMiic mobile. C'était un bateau d'un
modelé nouveau et inférieur et j'avais mission de procéder

aux eesais. II se trouva qu'à la hauteur des Iles Sangui-
naires, près d'Ajaccio, une avarie grave de la machine, due
à la mauvaise qualité des échantillons employés, me con-
traignit à m'échouer afin d'assurer le salut de mon équi-
page.

<( Voua n'ignorez pas quel parti pria dicte à certains ds
nos journaux leurs éloges exagérés ou leurs critiques veni-
meuses. En la circonstance, je fus violemment pris ù partie
par un journal de la régidn, auquel un grand organe pa-
risien apporta le concours de sa virulence. Ce n'était plua
de la critique, c'était de la diffamation cl de L'injure.

u Retenu par la discipline, je ne pouvais répondre, et
Je m'en rongeais les poings.

« Le ha°ard voulut que j'apprisse la vérité. L'organe
parisien, aussi bien que le journal local, recevait 1 inspira-
tion d'un employé cin ministère de la Marine, personnage
aisez haut placé pour se faire écouter de l'ELil-iua:jor gé-
néral. Je fus appelé pur le ministre cl je reçus un blilme
jue Je n'aaceptal pas. Je rédigeai un rapport sur le typa
nouveau' dont j'avais fait le* épreuves et je n'eus aucuna
peine à en démontrer les dcfectuos.les. Appelé de nouveau,
je soutins mes dires à l'encontre de ceux du personnage
inspirateur des articles.

« Entre temps, j'avais appris que cet homme recevait
de forts pots-de-vin de divers individus, eux-mf-tnes action- -
naires d'une compagnie anglaise qui devait fournir cars
laines pièce* d'atsembluge indispensables au bon fonetionr
nement des machines du nouveau torpilleur. Sur une paroi*
Insolente de mou adversaire, je répliquai svec violence et,
comme il insistait, je le souffletai devant tous mes chef*,
auxquels je remis immédiatement ma démiseion.

« L'affaire fil quelque biuit. Je publiai ma défense oaJ
•btlnt »i bien les suffrages que le modèle Inférieur fut rej</!6
à la presque unanimité des voix.

« Le il.-L', vous pouvez l'induire vous-même de ce qu*
j« viens de vous raconter.

m Jacob Tyn-el poursuivit sa campagne d'insinuation*
«s de calomnias. Je lui eo\o;ni mes témoins ; le misérataln
ivffuds de me rendre raison. Js ui'adrtweai aux jugea ; la
hil donnèrent gain de cause, en me déboutant de ma df>i
Earrde.

(A suivre.)
 
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