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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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r Année. — N> 314.

Tirage : 140,000 Exemplaires.

Charlevilie, le 16 Décembre 1916.

de

JOURNAL DES PATS OCCUPÉS PARAISSANT QUA'fllE FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de posta

UN DÉPUTÉ CENSURÉ

L* 10 décembre, un incident d'une rare fiolene»
■/est produit a U Chambre, à propos dt la discussion
|a budget. M. Roux-Co#iUdau est mont* 4 la tribun»
et a prononcé un discours qui a fait sensation.

Le seul tournai da Paris qui ait publié un compte
pendu détaillé de cette séanoe, l'a fait en déclarant :

« ~Nous croyons qut le public a Je droit de tavoir
te qui te passe et ce qui se dit au Parlement, et que U
éevoir des iournaltstcs indépendants, c'est, à défaut
êtes commentaires qui leur sont interdits, de publitr
é*s informations exactes. *

Voici donc les passages essentiels du discours,
prononcé par M. Roux-Costadau :

M. ls président. Le piroU Ht i M. Roux-Coetadau.

M. Boux-Costadaa (de ion banc) : Meilleurs, Je désira
■rendre quelque* précautions. Quand 11 s'agit d orateurs
qui disent : «Faisons un rêva », la question ns se pote paa,
mais oomms 11 «'agit d'un homme dout la pensée peut vou*
paraîti* queJqu* peu originale, audacieuse ou téméraire, U
«et nécessaire que j'en appelle au libéralisme et a la bien-
Teillenoe de mes colèguoe.

Si la censure n'existait pas, je voua aurais fait l'économie
èVuu discours, mais elle existe et elle existe par le conBenle-
anent de le majorité parlementaire.

J'ai donc, pour seul moyen d'expression de ma pensée,
•elle tribune.

Voue pourriez peut-être me r«procbar de tenir un langage
qui ne se rapporte pas directement aux douxièmea provi-
soires (Mouvementé divers) ; il t'y rapporte en oe sens que
j'entends refuser lea crédits demandés par le Gouvernement
tl indiquer les raisons qui motivent ce relus conditionnel,
Jusqu^p ce que nout ayons ici un gouvernement de le guerre.

Maintenant, messieur*, je monte à la tribune,

M. Boux-Coetndsu (à la tribune) : Messieurs, le tort de
l'Europe cet entre lee maint de set gouvernante. Lee une,
manifestant leur tcéléftte»*e, ont déchaîné le gueire ; tes
sutret, démontrant leur incapacité, n'ont pat tu l'arrêter.
Apres avoir déchiré, torturé, égorgé, pendant plut da deux
«ns, dix millions d'hommes le* plus beaux, les plut saint,
les meilleurs de toutes le* nations, ils poursuivent avec rage
une hideuse entreprise. La victoire t'est refusée aux pre-
miert comme aux seconds, et, à l'heure qui tonne nul ne
peut entrevoir 1* terme de cet effraytnt cataclysme.

Voila 1* fait brutal, mettieurt,* tu de très haut et de
très loin, et qui m'inspire uns froide résolution : pat ua
centime, pas un soldat I Je repouwe lea crédit* provisoires,
kl c'est votre attitude a voue qui détermine mon attitude.
Nous KKHir.Li ici quelques-uns qui nous somme* évertué*
a implanter dans c*Ut Assemblée l'esprit de guerre, IVction
de cuerre ; mais nom n'avons pat réussi ; 4 cette potrïotiqse
anxiété, qui .gène les digestions heureuses, le Parletnsnl s
préféré un optimisme spongieux et nonchalant... (Excla-
mation* et protestations.)

M. le président. Vous ne pouvez pas vous exprimer ainsi,
monsieur Houx-Coaladau.

H. Roux-Co9t*dau... 1* sommeil et l'obscurité. (Bruit.)

C'est une plainte que voua ailes entendre, et c'eet auaei
un réquisitoire ; c'est l'appel 3'une conscience qui n'e jamais
cessé un icul instant d'èlrc libre et humaine en de m ressent
ttançaiie.

■Ns cherches pat à discerner le bon grain ds livrais j
la nuit qui s'éteud sur la monde est trop noire ; le vérité
ne sera connue que plus terd ; ceux que vou* désignas
comu.e loua, elle dira qu'ils étaient sages, et ceux que vou*
sonsidéres -comme sages, elle dira qu'ils étaient tout. (Mou-
vements divers )

(A droite) : C'est la maison i l'envers 1

M. Boux-Costadau. En ce qui me eoncerns je ne par-
ticipera* pLuM à eette bouchers». Je fi* plus qu'à
eavse de mon consentement, un enfant râle sur l*t
champs de bataille à eété de ton père qui expire. Voue
n'avez épousé la victoire que par procuration et je re>
tourne à la révolte. (Interruptions et brait.)

■Renoncez t comprendre. Il y s, dan* les ames des force*
lntérieurte qui sont Irrésistible* ; il y s «ne puissance du
eceur et do la raison, a laquelle on est contraint d'obéir j
H y a des périls graves et pressants qui menacent le llé-
jnuMiquc et la patrie.

Le comité secret que vous aveâ, organisé, votre attitude,
vos dispositions d'eeprit, vo* vole* .confirment absolument
le pensée que j'ai l'honneur d'exprimer à celle tribune.

..M. J.-L. Duinesnll. Alors faites nom l'économie d'un
talfnnrs

M. Boux-Costadau : Il y s, messi*un., d'un bout r. l'autre
4> Is terra, toute inoudée de sang et baignée île larmes, an
«i d'angoisse tt de teruar qui monte jusqu'à ceux qui sont
les maîtres des peuples, éea voix dont il sera déaoriuaJs un-
possible d'étouffer lee avertissements et qui supplient que
l'on sseays avec cuursg» et stncuriUi, d'arracher* ee fcoullrs
4e douleur et d'ignuuiinle, lu race blsnche tt 1s civilisation,
ha francs et l'Europe 1 (Exclamstiona et brut.)

Noos ne serions pas dignes de rester snr (" bnne* et de
«présenter le nation la plus héroïque du monde tl nous
letsrdloua l'heure pénible, inaîs Inévitable, où chacun doit
•rendra ses responsabilité.

Nout tommea invités à voter des crédits, c'est a dire à
•jouter quelques milliards de plus aux nombreux milliards
déje dépensés. Or, voter le* crédits, ce n'est pa* seulement
vouloir continuer la guerre, c'eat accepter se conduite dans
Isa conditions où elle a été conduite.

{Voix il gauche) : C'est au comité secret qu'il fallait
sVre tout cela. Ce n'Mt plus le moment I "

M. Bous-Contadau. Avont-hier, voua m'avez empfrVhé
âs parler.

... C'est admettre sclemnieot, clairement, en ptrine con-
eaUsance de* réalité* et avec obstination cette redoutable
formule de l*nture et de l'épuisement à l'ext itiltô à.- la-
quelle Je tremble d'apercevoir l'écroulenn * île om ïc.w»,
k rnlue à* notre patrie---- (Bruit prolongé

M. le président. J'invite l'orateur 1 revenir \ la quottion,
selle des crédits.

M. Uoux-Cobtadau. . . que dis je, le recommencement

Eour toute* le* patries, d'une e\i Lence misérable, d'i ie C:re
arbarc.

M. Jiicques-Loiii* lluinr^tiil. Monsieur le plaident, l'ora-
reur parle en dehors de la question et avec excès.

H. I* président. J'ai iK-jà rappelé l'orateur a la question.

M. Camille Haised. Quittez doue la Hit-une I A quoi cela
tous sert-il de pirler, puisque vous ne parlez que pour tous?

M. Il-nn-t'u :i. Je no paile pai que pour moi, je
parle pour le p*J*. '.Ni'-i^ exilain^tiuus cl dénégalious. —
Bruit.)

U. I« présidant. Monsieur Boux-Costadau, je vous rap-
■clla eucors 4 la question.

M. Dnrlaiix-Montfil, Puisqua vou* votilee la paix, dites-
BMtus donc quelle paix von» voulei I Vous n osez pas le dire,

M. Boux-CostAdsu. Cela, messieurs, js 1* reconnais vo-
lontiers, s'est une conviction dangereuse.... (Bruit.)

H. Frsncot* Arsgo. Nous ne sommet plut en comité
secret 1

H. le président. J'ai rappelé une première fois M. Boux.
Cottadau à la question, s'il continue, Je l'y rappellerai uns
seconde fois et notre collègue ns voudra pat m'obliger à
lui appliquer ie règlement.

M. Boux-Costadau. Js vous demande, messieurs, ds
m'écouter, parce que si vous me refusiex votre attention,
vous porteries ainsi un coup mortel t cette indépendance
de notre mission, à cette liberté absolue de nos actes et de
nos paroles, sans laquelle il n'y aurait, au sommet d* 1*
démocratie, qu'une caricature misérable et grossière du ré-
giment parlementaire. (Mouvements divers.)

Js vous Is demande encore, parce que toute opinion,,
truelle qu'elle soit, mérite ls respect st la discussion . . .
(Interruptions.) surtout lorsqu'elle ne dérive d'aucune préoc-
eupation d'ordre intérieur.

Cette conviction, metiieuri, n'est Urée d'aucune ré-
vélation miruoulcute. (Hires.) Mûrie dam le nlcnae
et la réflexion, loin des passions qui agitent les milieux
politiques, complètement à l'écart des obligations d'un
groupe ou d'un parti, tout à fait étrangère aux intri-
gues qui construisent ou renversent les -ministres, elle
est tortie de l'enseignement des faits, de la vision d'en-
semble des événements qui bouleversent le monde et du
patriotisme le plus pur. ...

Laissez-moi vous dire que cette opinion, je la rencontre
au sein du Parlement. Je l'ai vue se glisser dans le* couloir*,
animer lea conversations (Bruit) et te manifester par de
légers murmures. Si oe n'était pas la peur d'agir, s'il n'y
avait, derrière certain* mutisme*, des timidités ou des scru-
pule* plut ou moins avouable*.... (Vive* protestation*.
Irait)

Plusieurs membre*; Parlée pour vou* !

M. Bonx-CosUdau. .. . elle aurait pris sa place dans cette
sdceinte, su gund Jour, avec audace et témérité. (Bruit
prolongé.) j

II. le président. Monsieur Boux-Costadau, js dois vou*
prôenir que ai vous continuer à vous écarter delà question,
je serai obligé de oonsufter la Chambre. (Irès bien 1 tris
bien I)

M. Boux-Costadau. Ôi j'élait mis dunt l'impossibilité de
m'expliquer, alors je vous puerais d'être logiques jusqu'au'
bou[. Vous introduire* le* censeurs dans oelte Assemblée ;
vous ehatserez les représentants du peuple par ls moyen de
quelques fantassins commandé* par un caporal ; vou* ron-
verteret la tribune et vous la briserez ; vous proclameras
l'infaillibilité d*s ministres, la dictature des généraux «t
Tou J décréterez qu'il n'y a plus un seul endicit où la liberté
puisse trouver asile. . . . (Vive* réclamations. — Bruit.)

H. le comte t> in toux-Détention. Pour l'instant, il *uf-
flroit de vous renvoyer de la tribune.

M. le président. Pour la seconde fois, je rappcllo M.
Boux-Costadau à la questitn. (Applaudissements.)

H. Monx-Costsdsa. Messieurs, depuis deux ans, on nous
raconts qut pour sauver le pays il faut te taire. Tout ls
monds s'e*t tu sn France. ...

M. André Psissnt. C'est un exemple que vous n'svez pet
suivi.

M, Boux-CosUdau.... Et le* Allemands n'ont pe* bougé
de Noyon 1 On pouvait alors supposer que l'expérience était
concluante et que ce morne silenas) n'aboutirait a rien. Pat
du tout, on s'est mu à U renforcer. Tout oe qui fonde la
d<'.uuurjtic a élé bn*é. Il n'y a plus de liberté de la pensée. . ,
(Interruptions et bruit.)

U. Octave Leuraiue. A quel ohapitrs du budget cela se
sspporte-t-tl t (très bien I Lré* bien 1)

M. Boux-Costadau. ... il n'y * plus de liberté de ls
■reesi. Js vous l'ai dit, messieurs, si la censure sxistc, elle
existo par votre fsute. . .. (Bruit.)

M. Camille BleJsos. Elle exiate psr la feula de gon*
somme vous [

31. Houx-CobLidau. La plus légèic cuLique. des aeiee des
nunislrc* sst interdite. Lu censure veilla» i eu quils te tien-
nent éloignés du peuple, semblait}** * a<M doiui-dieux ; allé
aïonto ls garde dan* leurs antichambre*.. . . (Bruit.)

M. Lucien etilievoye. La Convention u'appliquais» pas ls
seujure ; elle appliquait la césure I

M. Boui-Cosbidau. Lea journalistes saut à ut pieds ;
11* rsçoivsnt oiuqus matin les éti'ivière*. . . (Exclamations.),

Messieurs, j* ne me lapais pa* d'illusions sur U diffi-
culté que j'aurais à prononcer ce discours. J* ssvai* bien
Se qui m'attendait aujourd'hui. J* auis à U tribune, j'y
reste. (Bruit.)

On nous ment dans la presse avec un cynisme incroynbls;
eu meut par ordre et par cupidité . . (Vivea protestations,)

M. Cbarle* Oumont. Mais c'est intolérable I...

H. 1* président. Monsieur Roux-Costsdsu, js vous rap-
pslle à l'ordre.

M. Boux-Custadau. L'institution de le censure est un
acte do trahisou contre la patri*. Ls surveillance des ques-
tions miIiUire* et diplomatiques n'c^l qu'un prOttxto i i *c-
soinplissement da se* niétuit*. Elle couvre toute* les turpi-
tudes, toute* let léchetéa, tout lee gaspillage* ; elle deiV-nd
de laircdliusion aux dilapidation* d argon t, aux tripot.igwa,
sux aims et aux ooncusaioiis ; ails interdit de deiioucer les
actes cfarbitiaira st de favoritisme, le* incuries tt le* in-
compétences de la bureaucratie ; elle empêche de signaler
certains contrats de fournitures, les réquisitions bu prix
fort, le trafic des levée* de séquestre, le* salaire* des a mit-
tions de propagande », les grosse* toldes, et la scandale de*
opulente* fortunes éditiéea en quelque* moi* tur les
malheurs du pays 1

A peTtird'aujourd'hui, et tant que durera ce despotisme,
je me lehclleoi, je ne voterai plu* le* crédits, je suspendrai
nia i. t au Gouvernement, je barrerai la route aux

imprudent* qui slmagineiu que, pour faire la guenc, 11
faut se pasaer de la Hépubliqua.

Je ne creiiu pas, messieurs, un pouvoir fort et autori-
taire, a'il se pn'seaite avec un front découvert. Ce que je
crains, es sont te* gens masqués ; ee sorit les hommes qui
mettent ces bandeesux sur leurs arcade* eovrofliftrss et qui
■'élofs^terst dans le* souterrains, tendit qu'on assassine U
pati'e I (Interruptions et bruit >

J ai dit, messieurs, l'assuaitutt du la patrie. Jê
suit terrtfif par cette descente ra)ride de la franc*
vers les abîmes, (liruit.) Js euîs épouvanté par In
stérilité de nos méthodes milituiros et diplomatiques.
(Excluiuationa.)

91. Cainlllo FSl&lsot. Allez donc dans les tranchée* ; cela
vous remontera le moral I

M. Roux-L'oàUdau. Ja suit anéanti par le pressenti ment
des suilca de celte aventure, la destructiou systématique de

ls race, l'immensité du cimetière, l'cntCtemsnt et l'insen-
sible sérénité de ceux que mènent les nations de l'Europe,
poussées les unes après te* autres, ainsi qu'on accompigne
un vil bétail, sous la h&rho et sous la massue de ses propres
berpxrs transformés en bourreaux. (Bruit.)

Sur plusieurs bancs : Vraiment, ee langage cet excessif.

M. Boux-Costadau. Ah 1 messieurs, on a voulu prétendre
qu'en m'cxprimaut ainsi, je ne parlais qu'au nom de le
pitié et que j* dédaig-naia la raison.

M. Lucien Millcvoyc. Ne perdes pas de vue que voua
parlez pour le « Journal orikiol ». C'est très dangereux.

H. Roux-Cottailnu. Déjà, dans uns précédent* inter-
vention, M. lo président du conseil était venu répondre tant
répondre à de très légitimct inquiétudes. U ne m'avait psi
entendu ; il ignorait ma véritable pensée, et, ee livrant à
ce jeu facile qui consistait i me prêter det intention*
absente* d* mon espnl, tl avait détourné sur elles la souffle ■
impétueux de son éloquence.

Mais je ne serai pas dupa davantage. La musique ne vaut
rien contre la statistique. La phraséologie chauvin* demeure
■têrile dorant une froide démonstration. Agiter ds* Isuteruss,
c'eat bien ; muis le* > * Lin;-, c'est encore mieux. On m guid*
pas une grande nation comme la notre avec de* brouillards
et des chimères, on l'habitue à ls connaissance des réalités.
La démocratie n'est possible que fondée sur la vertu ; et la
première det vertus, autant pour les collectivités que pour
les individus, c'est la récherche courageuse de la vérité.

Messieurs, qu'a-t-on fait? On a tué, on a sacrifié sans
compter, avec une frénésie démente et sauvago, de* milliers
et de* milliert de Yies humainet. (Vives protestations.)

M. André Pui.-uut. Ou ne psut pas laisser dire des chose*
pareilles I

M. le préMdent. C'est l'Allemagne qui est responsable de
le guerre 1 (Ce disant, M. Deschanel e>t dans son rôle. — Ls
Béd.)

M. Boux-Costadau. A eu régime de la meule qui
broie la duiir de nos meilleures générations? on détruit
la race et on compromet pour toujours l'existence de
cette glorieuse nation. La lourde pierre tourne. Elle
tourne axeo lenteur, ivlpassiblcment, jusqu'au bout,
c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Les
armées grattent ces murailles avec leurs ongles et réus-
sissent quelquefois à détacher des gravats, mais c'eet
tout. Sur l'ïser on ne passe pas; i Verdun, on ne
passe pas ; en "Champagne, sn Picardie, on ne passe
pas ; en Orient, apret la retraite i'opère le rétablisse-
ment, après le rétablissement on recommence la re-
traite, et ainsi de suite jusqu'à oe que tous les Alle-
mands soient prisonniers dei Russes et tous les Busse*
prisonniers do*_Allemande, (Interruption* et bruit.)

Je parle comme vos journaux. Ne m'attribues pas cela.

H. Lucien Millevoye. M. 1* président du conseil deman-
dait un programme. En voila un I

M. Koux-C'ostadau. Quant aux morts, je n'essaisrai plus
de le* compter. A quoi servirait-il que je vous accompagne
baux l'avenir det tombeaux 1 Je counais de* gens heureux
et touriantt qui font si bon marché de la vie des autres...
(Bruit et intcriuptions.)

M. 1* président. Veuillez préciser votre pensée, monsieur
Boux-Costadau.

M. Boux-Costadau : Je parlais de ces littérateur* assis
dans de* fauteuils, au coin du feu, qui remportent des batail-
les et qui s'emparent de la rive gauche du Ithlii... (Bruit.)

M. Camille Blahot. Vous été* aussi dans un fauteuil.

M. Houx-Costnduu. Ja me suis attiré l'accusatiou de pes-
simisme. ..

M. Maurice Long. Bien entendu, oc n'est pas à nous
' que * adressaient rot paroles.

H. Boux-Coatadsu. ... Ce pessimisme, bien loin da m'en
défendre, je Je icvcndiquc, vous devriez le partager.

Noirs devoir, a nous, représentants du peuple, i vous
ministres, était d'entrer dans cette guerre avec des Amss
fsroucheSj sombres et implacables ; c était de vous m outrer
vigilants, inquiets de tout ce qui pouvait élre nuisible aux
Intérêts st au salut do la République, c'était de ne pas at-
tendre lot événements pour las suivre, mais ds lee prévoir
afin de lea faire servir a. nos desseins, c'était de commander
avec autorité, de briser sans pitié toutes ls* indolence*,
toutes les résistance*, le* lâcheté* et le* torpeur* pour le
rapprochement ds la victoire. (Bruit.) ,

Eh bien, messieurs, qu'avons nous fait } (Interruplionsj

Nous avons dansé sur les Ilot* à la meroi du delugs, nous
avons lait le guerre au triinottr*, à la temaine, au jour le
jour, et à présent nous ramassons les fruit* empoisonnés
qui sont tombés de l'arbre de* béatitude*. (Exclamations
Ironiques.)

U. Jacques-Louis DuinObull. Nous sommes su Pelait-
Roy al I

" M. Boux-Costadau. Il est très facile do me faire dire es
que je n'ai pas dit. Vous opérez de la même façon lorsque
vous escayez... (Bruit.)

Ou a prononcé ici, il y a quelques jours, le mot do paix....,

A droite : Qui P

M. ltoux-Costudau, Un oruteur qui a parlé k celte tribun*
avant moi.

Ce n'est pas sans émotion el sans trouble que je laisse
ce mot s'échapper de ma bouche. Pour l'avoir prononcé,
, on suspectera mon patriotisme... (Exclamations sur divers
bancs.) J'ai le COUMCS. de due à la tribune ce que d'autres
disent dans les couloirs. (Mouvements divers.)
t M. la président. Il n'est pas .permis d'apporter à ht
tribune de aoi-disanti propot de couloir*.

31. Koux-Cottuilau. J 'ai résolu d* supporter cette épreuve,
car uous somme* quelques-uns eu Europe... (Bruit. —
Interruptions.)

Vous savez bien, mes eheis collègues, dans quelles condi-
tions je tais allusions A ia paix, Loin, ds moi la pensée ds'
vous empêcher de faire la guerre, de bien la faire, d'éner-
giquement la conduire, de la conduire dictatonalement, ai
vous voulea, mou attendez que j'aie exprimé ma pensée
tout entière.

à'ouj partageront le sentiment d'un écmain
anglais, Bertrand liusstt, persécuté dans ton pays
atn-si qu'on persécute en ce moment dans tout let pays,
y compris le notre, otux qui essayent d* mettre un
terme d cette œuvre de folie furieuse, d» wieurtre et de

dévastation..... Si la guerre dure longtemps,

écrit-*l, tout ce qu'il y avait de bon dans les idéals de
l'Allemagne, d* la France et de l'Angleterre aura péri
comme périrent les idéals des Spartiates et des Athé-
niens pendant la guerre du Peloponcse. Les trois raoet
et tout oe qu'elles avaient apporté è la civilisation,
seront épuisés et la victoire deviendra musti iténl»,
Stussi désastreuse. . . .

M. Jaques-Louis Durnesnll... que vos discours!

M. Boux-Costudau. ...qus U défaite.

Uttfsieuis, j'ai uilariogit ma conscience, car J'ai la pré-
tention d'eo avoir une *l d* l'avoir gardée pur* de tout
soulact pernicieux. Ma conscience m'a dit: «Marche!*
Cela m'a suffi. Jo marche.

H. André Faisant. Dans la nuit I

31. Boux-Cofltudau. Je sais où je vais nueux que votre
Oouvernenisnt dont la formula a été, pendant deux ans et
demi : Ni ls roi, ni la paix, ni la République, ni la guerre I

Dans mon intervention précédente, J'avais conjuré M. le
président du conseil da pratiquer une politique telle que la
France fut réellement et fortement souUgee. Quelque* An-
glais eux-mêmes reconnaissent que c'est justice. Nous savons
ee que di«ait récemment M. Caivin dans un article de
Y ■ Observer » : « La France a porté le poids des deux
premières années de guerre ; l'Angleterre doit en porter le
poids Jusqu'à sa fin. u

On nous annonoe l'allongement du front anglais. C'eat
un résultat, k moins que ce ne soit un geste sans importance.
Car j'ai beau regarder, jo ne voia aucun symptôme de la
diminution de nos sacrifices. Vous maintenez nos vieilles
clasie* tous lea drapeaux, vous proposez la revision des ré-
formés, vous piéparez l'appel de la classe iniS et vous allez
jeter dtna la fournaise le* agneaux d* |* bergerie, toute la
chair vivant* de la race et pendant que vous conduisez les
derniers Français i ces horrihle* holocaustes, le colonel
Bepington écrit k la date du 16 novembre u qu'il y a trois
Ou quatre millions de citoyens d'êge militaire, dans les lies
britanniques, qui poursuivent tranquillement leurs occupa-
tions. »

II ns faut pas se contenter de banales promesses. Selon
la juste expression de M. Deschanel, la Franoe a tout donné
pour ls sécurité de ses alliés. Est-ce que les alliés ont tout
donné pour le salut de lo France f (Vives protsatations.)

M. Is président. Les alliés font loyalement leur devoir
aux côtés de la France. (Applaudissement*.)

Je rappelle l'orateur k l'ordre pour la seconde fois et je
le préviena que, s'il continue...

M. Eonx-Costudiiu. Je suis plein de respect et de grati-
tude pour l'Angleterre, mai» j* souhaiterais que le* déclara-
tions d'amour de l'Angleterre pour la France ■• traduisent
par l'envoi... (Vives réclamations sur un très grand nombre
de bancs» — Bruit prolongé.)

M. 1* président. Je vais consulter la Chambre.

M, Boux-Costadau. Je ne vois pas du tout...

M. le président. Veuillez quitter la tribune. Je voit
consulter la Chambre.

(La Chambre, consultée, décide que ls parole" est retirés
à l'orateur.)

M. Bonx-Costauan, .Messieurs, je vous remercie. (Bruit.)

M. Bernnrd Cadenst. Je demande I* parole.

II. 1e président. Je ne peux vous la donner. Aux termes
du règlement, il ne peut y avoir de débul sur l'interdiction
de la parole.

M. Bernard Cadcnnt. C'est une infamie I (Bruit.) .
M. Boux-Costadau. Le pays jugora. (Exclamations.)
J'ai le pays pour moi. (Bruit.)

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Crsnd Quartier général, 14 dnr.en.bre 1916.

Théâtre de la guerre à l'Ouest.
Groupe d'années du Kronprinz ItupprecKt.
Dans quelques secteurs du front de la Somme, lu lutte
d'artillerie fut passagèrement forte.

Groupe d'armées du Kronprins allemand.
Près du Four de Paris, dans les Argonnc>, des paiiouiliea
lrançsise* *'svançant après un* violants prwparation d'artil-
lerie furent «jetées. Sur la rive droite de la Meuse, l'activité
de l'artillerie sett renforcée dtnt l'aprèt-midi.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Front du feldmaréchal Prince Léopold de Bavière^
Bien d'essentiel.

Front du colonel-général archiduc Joseph.
Dans les Carpathee boisas, feu d'artillerie sur beaucoup
sW point*. Dans le massif de GyergyO et dons la vallée du
Trotoaul, la* Busses continuèrent leurs attaque*, qui leur
soûlèrent de lourdes pertes, sans leur rapporter ls moindre
avantage. t

Groupe sVarméet du feldmaréchal -von Mackensen.
Det progrès favorables ont été faita tUi Lotit 1* front*
ssplgré le très mauvais état de* routes. La gmnd* Vslachie,

sn Sud ds ls ligne ds Bucarest-Cernavoda, est nettoyée de
)*«nnemi.

Front de Macédoine.
A l'Est de 1* Cerna, Hes attaque* exécutées par det Serbe*
■'effondrèrent, avoc de lourde* perles, devant Je* positions
bulgares.

Grand Quartier général, 1D décembre 1018.

Théâtre de la guerre à l'Ouest.
Groupe d'armée du Kronprins altcmand.
Sur la rive Ouest de la Meuse les Fraricais.tent 'rent vaine-
anent, eu attaquant è trois reprises, de reprendre les tran-
ehées qui leur ont été arrachée* dernièrement sur la hauteur
Koé, tu Sud-Est de Malancouit. A l'Est du fleuve, ils pro-
noncèrent plusieurs attaques, après une forte préparation
sTcrtillerie portant loin à l'arrièie de notre position. A ls
cote de Poivre, l'assaut des vagues françaises] échoua âous
nos tirs de défeust. Sur lea versantt Sud devant ie fort de
Hardaumont, l'attaque ne put se développer dons notre feu
destructeur.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Front du feidinaréchal Prince Léopold de BavièTê.
Au Nord do la ligue de Zloczow-Turnopol des troupes olle-
anandet pénétrèrent dans lea tranchées russes et ramenèrent
fo prisonniers.

Front du colonel-général archiduc Joseph.

Les attaque.i russes sur k iront occidental de transyhame
turent hier, pour 1* plupart, le même nmn éa que les jours
précèdent*. L'adversaire parvint k prendre pied sur une
Hauteur.

S?rSJssJ*S d'armées du feldmaréchal VOU Mackensen.
De* village* sn Dammst bordent le chemin que las
Busse* en retraite ont tuivi k trtvert la grand* Valachie.

tn dépit du mauvais état de* route*, le* troupes coalisé**]
avançant par la plain» rivalisent pourvue permettre k l'aaV
versaire aucun arrêt prolongé.
 
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