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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Hrsg.]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Hrsg.]
Folia Historiae Artium — 6/​7.1971

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Markiewicz, Maria: Stuła i manipularz z opactwa benedyktynów w Tyńcu
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https://doi.org/10.11588/diglit.20358#0248
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fois sans etre directement lie aux orants ? Au milieu de ce groupe
se trouve la lettre I qui conformement a la symboliąue medie-
vale du centre devait etre liće au nom de Dieu. Dans ce sens les
lettres seraient des sigles qu’on pourrait essayer de dechiffrer
ainsi: Salvator Noster Iesus Noster Salvator. II faut cependant
constater que ce type des inscriptions se rapportant au nom de
Dieu ne se repete sur aucun des exemples preromans et ro-
mans connus, puisque cette pluralite contesterait 1’idće de
Punite divine. Au milieu de differents insignes sacerdotaux
conservćs on trouve les inscriptions qui concernent habituelle-
ment des saints ou des scenes evangeliques. Les noms des
donateurs y sont rares et on les place le plus souvent au bout
du manipule ou de 1’ćtole. Le mot NIN est donc certainement
une abreviation du nom d’un saint, d’autant plus que le S
place de deux cótes est sans doute une abreviation de „sanctus“.
II semble que parmi les saints connus jusqu’au XIIIe siecle
inclus, seul saint Ninian peut etre pris en consideration (lat.
Ninianus, irland. Maoinnen, britt. Nynia, des le XIIe siecle Ni-
nian j sa vie fut decrite par Beda Venerabilis et Ailred). II fut
Britton, superieur d’une abbaye et eveque; il vecut entre 360
et 432 et fonda „Candida Casa“ a Whithorn, ou pendant tres
longtemps se trouvait le centre principal des misionnaires.
II fut patron de 1’Ecosse jusqu’au VIIIe siecle. On observe
1’accroissement du culte de ce saint au VIIIe et au XIIIe siecle
c.-a-d. dans les periodes ou a 1’ćglise ecossaise avaient lieu
les rćformes qui affermissaient le rite romain et en meme
temps adaptaient les traditions de la premiere eglise celtique.

Les lettres capitales OH sur les bandes laterales sont sans
doute des sigles. En cherchant leur signification dans la sphere
des idees monastiques medievales deux mots s’imposent: hu-
militas et obedientia — vertus fondamentales des benćdictins.
Nalgold et Hildebertus, deux ecrivains benćdictins, soulignent
1’importance et le poids de ces vertus.

Quelle est donc 1’idće generale unissant differents elements
de la decoration des ornements de Tyniec: le nom de saint
Ninian, les representations nonindividualisees des orants et les
lettres OH symbolisant les principales vertus bćnćdictines. Ce
qui peut aider a resoudre ce probleme ce sont les peintures
murales dans la partie occidentale du choeur du couvent des
bćnćdictines k Essen, ou on trouve un certain nombre de
medaillons avec des bustes de femmes. On admet qu’ils represen-
tent les abbesses defuntes de ce couvent, cćlebres par leurs
vertus. Bień que parmi elles il y ait eu des personnalites aussi
eminentes que Theophanie et Mathilde les bustes ne sont pas
individualises. On peut admettre qu’ils illustrent quelque idee
precise (unformite des personnages) qui se rapporte egalement
a la notion de la collectivite (grand nombre de representations).
Le rythme, dans lequel ces representations se repetent, doit
temoigner la continuite de cette idee, qui est sans doute celle
de la permanence du pouvoir abbatial et qu’on a illustre par

une rangee d’abbesses anciennes et futures. De meme les
personnages des ornements de Tyniec se caracterisent par
Punite, la collectivite et la continuite. La pose des orants
permet d’identifier ces personnages avec 1’idće de 1’ame du
defunt et celle de 1’intercession. Leur vetement liturgique les
determine comme pretres ou pretres-abbes. On peut supposer
qu’& la base de Piconographie de pretre-orant se trouve egale-
ment 1’idee de 1’union de deux notions anima — sacerdotium.
II semble juste de voir dans les pretres-orants des ornements
de Tyniec les symboles des ames des abbes-superieurs se
succedant les uns aux autres, ce qui represente la continuite
de la charge de 1’abbe-superieur. En parlant de Saint Ninian,
il faut souligner que dans 1’ancienne eglise celtique le pouvoir
et 1’autorite d’un abbe etaient enormes; on croyait qu’il etait
non seulement le successeur du saint donateur, mais aussi
gouvernait en son nom. Ainsi donc les pretres-orants qui
gouvernaient au nom de Saint Ninian lui demandent d’inter-
ceder en leur faveur. Ils le prient d’obtenir les vertus fondamen-
tales de leur ordre, humilite et obeissance, comme Pindiquent
les lettres OH placees dans les bandes laterales. En admettant
que probablement au milieu de 1’etole et du manipule se trouvait
le monogramme simplifie „Chi Rho“, on constate que tous
les elements de la decoration des etoffes de Tyniec forment un
ensemble logique exprimant 1’idee de 1’intercession de Saint
Ninian aupres du Christ en faveur des abbes-preties anciens et
futurs de 1’ordre benedictin.

Les recherches concernant 1’atelier et la technique ont
indique la Sicile comme lieu de l’execution de 1’etole et du
manipule de Tyniec. D’autre part 1’analyse stylistique de ces
etoffes les a lie avec Part celtique de 1’Irlande, de PEcosse et
de la Northumbrie. Certains traits stylistiques byzantins ou
coptes, qu’on y retrouve, sont justifies par 1’influence de ces
centres sur les oeuvres des pays mentionnes ci-dessus, pheno-
mene connu dans Phistoire de Part. Le fait de lier la Sicile, lieu
de la production des ornements, avec le dessin appartenant
a Part des pays du Nord, s’explique facilement par des contacts
nombreux et directs des ileś britanniques avec ce pays surtout
au XIIe siecle. La decouverte dans la tombe de Tyniec des
etoffes liees au culte du saint celtique, ancien patron de PEcosse,
peut etre expliquee aussi bien par les peregrinations incessantes
des moines iro-ecossais (parmi lesquels il y avait sans doute
des Ecossais de race pure), que par les contacts entre les cou-
vents benćdictins. De menues traces du sejour de ces moines
sur nos territoires sont confirmees par l’existence d’un couvent
des benćdictins iro-ecossais a Oleśnica en Silesie au XIIe siecle
et par les noms de quatre de ses moines dont deux furent
abbes. Le necrologe de Lublin mentionne en plus les noms
purement ecossais de deux moines. Peut-etre un de ces moines
vćcut-il k Tyniec? — cette question n’aura pas de reponse
pour Pinstant.
 
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