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https://doi.org/10.11588/diglit.6832#0135
RESTAURATION DE LA VILLE PAR HERMOCRATE
119
Son patriotisme ardent et élevé, son sentiment très vif de l'indépendance
sicilienne joint à l'intelligence la plus lucide du rôle directeur qui revenait à
Syracuse, avait fait de lui, dès 42.3, l'organisateur de la résistance aux ambitions
athéniennes, et le libérateur de la Sicile de 40 à 413 Il tient à la fois de Périclès
et d'Alcibiade. De l'un, il possède la clarté du jugement dominateur et l'autorité
morale, de l'autre, la puissance de séduction, le sens pratique et le coup d'oeil
dans l'action. Il rendit à Syracuse sa maîtrise sans recourir aux procédés illégaux
des tyrans. Mais, les démocraties ombrageuses, une fois le péril passé, mécon-
naissaient les services rendus pour ne plus s'alarmer que du prestige personnel de
leurs sauveurs. Tandis qu'Hermocrate commandait en Asie l'escadre sicilienne',
s'attirait la sympathie de ses officiers et de ses équipages, se gagnait la confiance
de Pharnabaze, la faction démagogique de Syracuse, l'inculpant de menées
aristocratiques, le destitua et le bannit, après la bataille de Cyzique (été 410).
Hermocrate resta auprès de Pharnabaze, mais, à la nouvelle de l'expédition
d'Hamilcar, il obtint du satrape des subsides et revint en Sicile au milieu de
l'année 408 \
Restauration de Sélinonte par Hermocrate. — Aussitôt revenu, il se fit
condottière :
« Il débarqua à Messine, où il équipa cinq trières et prit à sa solde 1.000 soldats. Il les renforça
d'environ 1.000 Himéréens chassés de leur patrie, et tenta de rentrer à Syracuse, avec l'aide de ses
partisans. Cette entreprise ayant échoué, il prit la route de l'intérieur, vint occuper Sélinonte, fortifia
une partie de la ville et rappela à lui de tous les côtés les survivants de la population de Sélinonte. Il
en reçut encore beaucoup d'autres en cet endroit, si bien qu'il y réunit une troupe de 6.000 hommes
d'élite.
De là, il se mit en campagne et ravagea d'abord le territoire de Motyé. Les habitants étant sortis
de leur ville, il les battit dans un combat, en tua un grand nombre et poursuivit le reste jusque dans
l'intérieur des murs. Après quoi, il alla piller le territoire de Panorme et y fit un immense butin. Les
Panormitains s'étant rangés en bataille devant leur ville, il en tua environ 500 et refoula les autres
dans les remparts. C'est ainsi qu'il dévasta toute la contrée soumise aux Carthaginois et mérita les
éloges des Siciliens. Aussitôt la majorité des Syracusains eux-mêmes fut prise de repentir, en voyant
qu'un homme du mérite d'Hermocrate était indignement exilé. Il y eut dans les assemblées du peuple
t. Voir le très remarquable programme d'offensive que lui prête Thucydide (VI, 34).
2. Voir ci-dessus, p. 109.
3. On a désespéré de tirer au clair la chronologie de ces épisodes de la biographie d'Hermocrate, fort
embrouillée dans le récit de Xénophon (Helléniques, I, 1, 27-29; 3, 13 ; 4, 11. — Cf. Hill. Commentary on Ihe
Hellenika of Xenophon, p. 8; Freemann, Hislory of Sicily, III, p. 727). Les dates suivantes nous semblent les plus
plausibles. Hermocrate est à Cyzique à la fin de 409. Peut-être suivit-il Pharnabaze jusqu'à Gordium (hiver 409-408),
mais son voyage se serait arrêté au printemps de 408, après la rencontre de Cyrus. C'est donc dans l'été de 408 qu'il
aurait pu rentrer en Sicile. [Polybe, XII, 25% le fait intervenir à la bataille d'^Egos Potamos (405), lapsus évident
résultant d'une confusion avec celle de Cyzique : en 40}, Hermocrate était mort.] Dans l'hypothèse où Hermocrate
n'aurait point participé au voyage de Gordium, il aurait pu revenir plus tôt en Sicile, dès le printemps de 408 : date
qui correspondrait mieux encore avec la chronologie de Diodore, qui place le retour et les premiers actes d'Hermo-
crate à Sélinonte sous l'archontat de Dioclès (2 juin 409-26 juin 408).
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Son patriotisme ardent et élevé, son sentiment très vif de l'indépendance
sicilienne joint à l'intelligence la plus lucide du rôle directeur qui revenait à
Syracuse, avait fait de lui, dès 42.3, l'organisateur de la résistance aux ambitions
athéniennes, et le libérateur de la Sicile de 40 à 413 Il tient à la fois de Périclès
et d'Alcibiade. De l'un, il possède la clarté du jugement dominateur et l'autorité
morale, de l'autre, la puissance de séduction, le sens pratique et le coup d'oeil
dans l'action. Il rendit à Syracuse sa maîtrise sans recourir aux procédés illégaux
des tyrans. Mais, les démocraties ombrageuses, une fois le péril passé, mécon-
naissaient les services rendus pour ne plus s'alarmer que du prestige personnel de
leurs sauveurs. Tandis qu'Hermocrate commandait en Asie l'escadre sicilienne',
s'attirait la sympathie de ses officiers et de ses équipages, se gagnait la confiance
de Pharnabaze, la faction démagogique de Syracuse, l'inculpant de menées
aristocratiques, le destitua et le bannit, après la bataille de Cyzique (été 410).
Hermocrate resta auprès de Pharnabaze, mais, à la nouvelle de l'expédition
d'Hamilcar, il obtint du satrape des subsides et revint en Sicile au milieu de
l'année 408 \
Restauration de Sélinonte par Hermocrate. — Aussitôt revenu, il se fit
condottière :
« Il débarqua à Messine, où il équipa cinq trières et prit à sa solde 1.000 soldats. Il les renforça
d'environ 1.000 Himéréens chassés de leur patrie, et tenta de rentrer à Syracuse, avec l'aide de ses
partisans. Cette entreprise ayant échoué, il prit la route de l'intérieur, vint occuper Sélinonte, fortifia
une partie de la ville et rappela à lui de tous les côtés les survivants de la population de Sélinonte. Il
en reçut encore beaucoup d'autres en cet endroit, si bien qu'il y réunit une troupe de 6.000 hommes
d'élite.
De là, il se mit en campagne et ravagea d'abord le territoire de Motyé. Les habitants étant sortis
de leur ville, il les battit dans un combat, en tua un grand nombre et poursuivit le reste jusque dans
l'intérieur des murs. Après quoi, il alla piller le territoire de Panorme et y fit un immense butin. Les
Panormitains s'étant rangés en bataille devant leur ville, il en tua environ 500 et refoula les autres
dans les remparts. C'est ainsi qu'il dévasta toute la contrée soumise aux Carthaginois et mérita les
éloges des Siciliens. Aussitôt la majorité des Syracusains eux-mêmes fut prise de repentir, en voyant
qu'un homme du mérite d'Hermocrate était indignement exilé. Il y eut dans les assemblées du peuple
t. Voir le très remarquable programme d'offensive que lui prête Thucydide (VI, 34).
2. Voir ci-dessus, p. 109.
3. On a désespéré de tirer au clair la chronologie de ces épisodes de la biographie d'Hermocrate, fort
embrouillée dans le récit de Xénophon (Helléniques, I, 1, 27-29; 3, 13 ; 4, 11. — Cf. Hill. Commentary on Ihe
Hellenika of Xenophon, p. 8; Freemann, Hislory of Sicily, III, p. 727). Les dates suivantes nous semblent les plus
plausibles. Hermocrate est à Cyzique à la fin de 409. Peut-être suivit-il Pharnabaze jusqu'à Gordium (hiver 409-408),
mais son voyage se serait arrêté au printemps de 408, après la rencontre de Cyrus. C'est donc dans l'été de 408 qu'il
aurait pu rentrer en Sicile. [Polybe, XII, 25% le fait intervenir à la bataille d'^Egos Potamos (405), lapsus évident
résultant d'une confusion avec celle de Cyzique : en 40}, Hermocrate était mort.] Dans l'hypothèse où Hermocrate
n'aurait point participé au voyage de Gordium, il aurait pu revenir plus tôt en Sicile, dès le printemps de 408 : date
qui correspondrait mieux encore avec la chronologie de Diodore, qui place le retour et les premiers actes d'Hermo-
crate à Sélinonte sous l'archontat de Dioclès (2 juin 409-26 juin 408).