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Hulot, Jean [Ill.]; Fougères, Gustave [Ill.]
Sélinonte: la ville, l'acropole et les temples ; [Colonie dorienne en Sicile] — Paris, 1910

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https://doi.org/10.11588/diglit.6832#0145
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LA SECONDE DESTRUCTION EN 25o

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mais une mesure de circonstance, commandée par les nécessités de la guerre.
Elle fut aussi sommaire que rapide. Elle ressemble plutôt à un démantèlement
hâtif et partiel, limité aux organes essentiels de la défense militaire, qu'à une
démolition désordonnée et complète. Peut-être, avant de quitter la ville, mit-on
le feu aux maisons? Mais les remparts furent seulement écrètés et dégarnis de
leurs créneaux. On n'eut pas le temps de les raser jusqu'au sol. Les temples,
probablement dépouillés, restèrent debout. Plus heureuse que son aînée, la
Nouvelle-Sélinonte d'Hermocrate ne fut ni ruinée de fond en comble ni anéantie.
C'était assez de la rendre inhabitable et inutile. La hâte des Carthaginois l'a
beaucoup moins maltraitée alors que n'ont fait ensuite les cataclysmes et les
éléments.

De la population transplantée d'office à Lilybée, les Carthaginois ne pouvaient
guère attendre qu'obéissance et résignation, mais non un dévouement sincère
ou spontané. Les épreuves de la domination punique avaient accumulé trop
d'amertume au cœur des Sélinontiens pour qu'ils consentissent de bon gré à
l'abandon de leur patrie. Toutes les autres villes de la Sicile grecque avaient
accepté la souveraineté romaine parce qu'elle les délivrait de l'oppression cartha-
ginoise. Seule donc, la contrainte explique que les Sélinontiens aient assumé
le rôle de derniers défenseurs de Carthage. Leur cas rappelle celui des hilotes
que Sparte armait pour sa sauvegarde en ses moments de détresse. L'isolement
les livrait à la merci d'un maître abhorré; ils le suivirent en esclaves plutôt
qu'en alliés. Ce fut apparemment pour eux une satisfaction de suprême revanche
que d'assister, pendant le siège de Lilybée, à l'écroulement de la tyrannie cartha-
ginoise. Mais il ne leur était réservé aucune chance de salut pour eux-mêmes.
Leur ville ne fut pas relevée; ils continuèrent sans doute à résider à Lilybée,
où ils formèrent un noyau de population hellénique'. Le sacrifice ingrat était
consommé. Ce peuple disparaissait de l'histoire, entraîné dans la chute où il méri-
tait d'entrevoir sa délivrance.

1. Niese. Geschichte der Griechiscken und Makedonischen Staalen, II, p. 191.

décadrachme (argent) de Syracuse, de l'atelier d'Euainétos (fin ve s.).

Avers : tête d'Aréthuse (?) — Revers : Nilcé ailée couronnant un quadrige; en exergue,

pièces de trophée.

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