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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

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Nr. 2
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Chesneau, Ernest: Charles Percier, [1]: 1764-1838
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https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0164

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150 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

en Europe, il en avait appliqué le principe, essayé et fait accepter les
premières formules dans ces industries mêmes ; il avait dessiné des mo-
dèles pour les fabricants de meubles, de bronze, d'orfèvrerie, de cristaux,
de porcelaine, de tapis, d'étoffes et de papiers peints; avant d'entrer à
l'Institut, il avait traversé les ateliers industriels, et son talent, loin d'y
rien perdre et de s'en trouver diminué, acquit, au contraire, en ce
contact avec les exigences de l'utile, une abondance, une logique, une
précision d'autant plus grandes.

A ce titre, le nom illustre de Percier appartient à l'art décoratif, et,
malgré l'éclat dont il brille, peut-être même à cause de cet éclat, nous
n'hésitons pas à lui faire une place parmi les noms de tant d'autres
artistes ornemanistes demeures obscurs pour n'avoir jamais produit en
dehors de ces ateliers.

Quant à l'anomalie que j'ai tout à l'heure signalée , quant à cette
exception qui nous montre les arts décoratifs prenant l'avance sur l'ar-
chitecture et répandant les premières manifestations d'un style déter-
miné, comme elle tient aux circonstances mêmes de la vie de Percier,
nous avons un double intérêt à retracer la biographie de ce maître. Elle
est fort belle d'ailleurs, cette vie, très méritoire et d'un noble exemple,
fortifiant et suggestif.

II

Charles Percier ne doit rien à la fortune complaisante. Il naît à Paris,
en 176Z1, de parents pauvres, déjà chargés de famille, qui ne peuvent
lui donner la culture des lettres ; sa première instruction est bornée aux
éléments. Issu du peuple, c'est à force de persévérance, de patience, d'ef-
forts personnels qu'il se dégagera de la foule. Curieuse particularité: son
père, d'origine suisse, était concierge de la grille du pont tournant, aux
Tuileries; il grandit donc dans l'enceinte de ces palais, de ces cours et de
ces jardins, parmi les Tuileries, le Carrousel et le Louvre qu'il devait
un jour transformer, où son existence tout entière allait s'écouler dans la
paix du travail et le doux enivrement cle la célébrité.

Éclairé, —par qui? je ne sais, —-guidé seulement, pense-t-on, par
le goût constant et l'aptitude à dessiner qui de bonne heure, dans ses
premiers jeux, s'étaient révélés chez le jeune garçon, le concierge de la
grille du pont tournant eut l'intelligence de pressentir la vocation de son
fils et de ne point s'y opposer. 11 le confia aux soins du peintre Lagrenée
le jeune S chez qui l'enfant ne demeura que peu de temps. A toutes ses

'1. Jean-Jacques Lagrenée, dit le Jeune, né vers 1740, à Paris, où il mourut le
 
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