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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 23.1881

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Nr. 4
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Bonnaffé, Edmond: Le musée Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.22843#0313

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LE MUSÉE SPITZF.R,

pénurie toujours croissante des morceaux exceptionnels, ont provoqué
une hausse inusitée. Jadis, — nous ne parlons pas des temps préhisto-
riques où florissaient les Sauvageot et les Du Sommerard, — mais il y a
quinze ans à peine, payer 50 ou 60,000 fr. passait pour de la déraison,
et Dieu sait quel tapage on fit autour du bouclier de San Donato. INous
avons changé tout cela : on donné 500,000 fr. pour une armure,
600,000 fr. pour une commode de Sèvres, 800,000 fr. pour une coupe
en vermeil de Jamitzer, un million pour 180 tabatières, et quatre
appliques de Gouthières trouvent acquéreur à 100,000 fr. la pièce; il
est vrai qu'elles sont en cuivre doré. À ce prix quel homme oserait se
permettre le luxe d'une grande collection?

M. Spitzer a le dessein de publier le catalogue de son musée.
En attendant ce travail de longue haleine, qui demandera plusieurs
années, la Gazette des Beaux-Arts s'est décidée à prendre les devants;
chacun de ses rédacteurs étudiera les séries principales et fera défiler,
sous les yeux du lecteur, les grandes industries d'autrefois. Les pages
qui précèdent sont une introduction à ces monographies successives ; il
était bon de jeter tout d'abord un regard d'ensemble, de marquer à
grands traits la physionomie, le plan de la collection et son but.

Nous n'ajouterons qu'un mot : ce sera la conclusion, la morale, si l'on
veut, de cette première étude.

Aujourd'hui la concurrence étrangère nous serre de près et menace
une suprématie qui fut longtemps notre apanage. Les privilèges de race
ont disparu; les expositions universelles mettent en présence les indus-
tries rivales, qui se mesurent et s'enseignent mutuellement; le talent se
fait de jour en jour cosmopolite. L'heure est donc venue de se défendre
vigoureusement, de ne compter que sur soi-même; il faut à tout prix re-
faire à la fois le goût public et l'éducation industrielle, instituer l'ensei-
gnementpar les yeux, recueillir, classer et montrer à l'ouvrier les glo-
rieux modèles des spécialités qui sont les siennes, non pour ies copier,
— on ne refait plus ce qui a été fait, on le parodie, — mais pour respi-
rer les anciens maîtres, en extraire le suc et reprendre la tradition
perdue depuis un siècle. Eh bien, voici un homme, un étranger, qui seul,
sans budget d'Etat et sans tapage, organise un ensemble méthodique,
un enseignement régulier, intelligible, à la portée de tous; et la France
ne possède pas encore un musée public montrant à l'industrie les patrons
de l'art qu'il pratique tous les jours !

Il y a quatre ans, ici même, nous avons démontré qu'en puisant dans
les magasins du quai d'Orsay et ailleurs, en exhumant les meubles su-
perbes enfouis dans nos ministères et confiés au brossage journalier des
 
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