LES DÉCORATIONS DU PANTHÉON.
ses vastes proportions, de donner le jour le plus convenable à leur entier
développement ; mais presque aussitôt, sur le désir de l'artiste lui-même,
qui avait d'abord paru agréer l'emploi fait de son œuvre, ou plutôt sur
la légitime et bien naturelle réclamation de la ville de Lyon, sa patrie,
légataire à l'avance de ses portefeuilles d'études et d'estampes, une né-
gociation favorisée par nous s'ouvrit entre Lyon et Amiens, et, grâce à
une commande de travaux décoratifs pour la ville d'Amiens, que nous
pûmes faire approuver en échange par le ministre d'alors, les cartons de
M. Ghenavard, l'une des productions capitales de notre école contempo-
raine, appartiennent désormais à la ville natale du peintre. Ils ont été,
Dieu merci, avant leur départ pour Lyon, photographiés par MM. Braun,
et les amis du talent de Ghenavard peuvent montrer avec orgueil, dans
cette suite d'estampes, la conception vraiment robuste et haute qui avait
inspiré cette puissante épopée humanitaire. Le jour où moi-même j'eus
à dérouler au ministre un projet tout autre pour la décoration du Pan-
théon, je pus dire, sans que personne contredît mes paroles, que la
tentative de M. Ghenavard, inapplicable désormais à un monument rendu
au culte, avait fourni à cet artiste éminent « l'occasion de donner la
mesure de sa vaste culture d'esprit, de son abondante invention et de
son respectueux sentiment des grands maîtres. »
Ls 6 décembre 1851, le prince-président de la République, répétant
textuellement les paroles mêmes de son oncle, décrétait:
« L'ancienne église Sainte-Geneviève est rendue au culte, conformément à l'inten-
tion de son fondateur, sous l'invocation de Sainte-Geneviève, patronne de Paris... »
Voilà qui explique les lettres citées plus haut de Constant Dufeux à
Mme David d'Angers, et voilà aussi pourquoi un sculpteur qui ne fut pas
sans talent, mais dont on ne saurait comprendre en ce cas l'innocente
présomption, concevait aussitôt l'idée de remplacer le fronton de David,
du grand David, de David qui vivait encore, par un fronton de sa com-
position, mieux approprié, c'était vrai, à la nouvelle consécration du
monument. C'était M. Desprez, et nous donnons ici l'explication écrite
par lui-même de son modèle en cire, qu'il légua à sa mort à Hiolle, son
élève.
« Notice sur le nouveau projet de fronton de l'église Sainte-Geneviève. Le centre
du fronton représente l'apothéose de sainte Geneviève, entourée d'anges, dont deux
portent ses attributs : une houlette, une brebis, symbole de son origine; la sainte
s'élève vers le ciel. Au côté gauche, Napoléon III remet au clergé les clefs du temple
rendu au culte. Au côté droit, Clovis, par considération pour la sainte, accorde la
liberté à des prisonniers. Dans l'angle de droite, la patronne de Paris, encore enfant,
fait son premier miracle. Elle adresse sa prière à Dieu et bénit l'eau du puits. Sa mère
ses vastes proportions, de donner le jour le plus convenable à leur entier
développement ; mais presque aussitôt, sur le désir de l'artiste lui-même,
qui avait d'abord paru agréer l'emploi fait de son œuvre, ou plutôt sur
la légitime et bien naturelle réclamation de la ville de Lyon, sa patrie,
légataire à l'avance de ses portefeuilles d'études et d'estampes, une né-
gociation favorisée par nous s'ouvrit entre Lyon et Amiens, et, grâce à
une commande de travaux décoratifs pour la ville d'Amiens, que nous
pûmes faire approuver en échange par le ministre d'alors, les cartons de
M. Ghenavard, l'une des productions capitales de notre école contempo-
raine, appartiennent désormais à la ville natale du peintre. Ils ont été,
Dieu merci, avant leur départ pour Lyon, photographiés par MM. Braun,
et les amis du talent de Ghenavard peuvent montrer avec orgueil, dans
cette suite d'estampes, la conception vraiment robuste et haute qui avait
inspiré cette puissante épopée humanitaire. Le jour où moi-même j'eus
à dérouler au ministre un projet tout autre pour la décoration du Pan-
théon, je pus dire, sans que personne contredît mes paroles, que la
tentative de M. Ghenavard, inapplicable désormais à un monument rendu
au culte, avait fourni à cet artiste éminent « l'occasion de donner la
mesure de sa vaste culture d'esprit, de son abondante invention et de
son respectueux sentiment des grands maîtres. »
Ls 6 décembre 1851, le prince-président de la République, répétant
textuellement les paroles mêmes de son oncle, décrétait:
« L'ancienne église Sainte-Geneviève est rendue au culte, conformément à l'inten-
tion de son fondateur, sous l'invocation de Sainte-Geneviève, patronne de Paris... »
Voilà qui explique les lettres citées plus haut de Constant Dufeux à
Mme David d'Angers, et voilà aussi pourquoi un sculpteur qui ne fut pas
sans talent, mais dont on ne saurait comprendre en ce cas l'innocente
présomption, concevait aussitôt l'idée de remplacer le fronton de David,
du grand David, de David qui vivait encore, par un fronton de sa com-
position, mieux approprié, c'était vrai, à la nouvelle consécration du
monument. C'était M. Desprez, et nous donnons ici l'explication écrite
par lui-même de son modèle en cire, qu'il légua à sa mort à Hiolle, son
élève.
« Notice sur le nouveau projet de fronton de l'église Sainte-Geneviève. Le centre
du fronton représente l'apothéose de sainte Geneviève, entourée d'anges, dont deux
portent ses attributs : une houlette, une brebis, symbole de son origine; la sainte
s'élève vers le ciel. Au côté gauche, Napoléon III remet au clergé les clefs du temple
rendu au culte. Au côté droit, Clovis, par considération pour la sainte, accorde la
liberté à des prisonniers. Dans l'angle de droite, la patronne de Paris, encore enfant,
fait son premier miracle. Elle adresse sa prière à Dieu et bénit l'eau du puits. Sa mère