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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Michel, Émile: Les Cuyp, 2: une famille d'artistes hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0131

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une ville aristocratique comme Dordrecht, que des gens formalistes
et entichés de leur noblesse, près desquels le métier de peintre n’était
certainement pas en grand honneur, auraient accepté des cadeaux du
fils d’un simple, bourgeois, comme était Cuyp. Le fait qu’en 1665 un
certain B. Van Kalraet fut placé chez lui en apprentissage, fait
rapporté par Houbraken, montre bien que Cuyp était encore à cette
date regardé par ses concitoyens comme un peintre de profession.

Grâce à sa vie exemplaire et laborieuse, dont témoigne également
Houbraken, notre artiste avait, du moins, hérité dans sa ville natale
de l’estime dont son père y jouissait. Peu à peu même il l’avait
accrue par la supériorité de son talent et par une dignité de caractère
à laquelle tous rendaient hommage. Il avait, de plus, acquis une
certaine aisance, car à la mort de ses parents, il s’était trouvé,
comme leur fils unique, en possession de tout le bien qu’ils avaient
amassé. Le mariage qu'il contracta assez tardivement en 1658, il
avait alors 38 ans, devait encore lui faciliter l’accès de la haute
société, car la femme qu’il épousait, Cornelia Boschman, fille d’un
pasteur de Zwyndrecht, était depuis 1650 veuve d’un homme consi-
dérable, Johann van de Corput, décédé conseiller de l’amirauté en
Zéelande. Cornelia qui de ce premier mariage avait eu un fils et deux
filles était, sans doute, elle-même assez riche, et, dès 1659, Cuyp
quittait la maison paternelle qu’il avait habitée jusque-là pour
occuper, dans la Wynstraat, une installation plus spacieuse, possédée
auparavant par J. de Corput. C’est là qu’au mois de décembre de
cette même année, une fille était née aux deux époux, le seul enfant
qu’ils dussent avoir et qui était inscrite sous le nom d’Arendina, sur
les registres de l’église des Augustins.

Toujours épris de son art, Cuyp ne cessait pas de trouver des
beautés nouvelles à la nature au milieu de laquelle il vivait. Les
environs proches de Dordrecht lui fournissaient en abondance les
motifs qu’il préférait et, jusqu’à la fin de sa carrière, il ne se lassa
jamais d’y chercher ses inspirations. On voit qu’il s’intéressait à tous
les détails de la vie rustique de cette aimable contrée et il excellait à
en exprimer les scènes gracieuses et variées. Dans ces plaines
immenses, coupées par d’innombrables cours d’eau, la vue s’étend au
loin sans être arrêtée par aucun accident de terrain. Çà et là, un
bouquet d’arbres, quelques chaumières et les troupeaux disséminés
dans les prairies se détachent nettement sur l’horizon. Ainsi espacés
parmi les vastes étendues des polders, ces animaux mettent seuls un
peu de vie dans la campagne. C’est vers eux que se porte le regard.
 
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