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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Boutroue, Alexandre: Le Triptyque émaillé de la Bibliothèque d'Évora (Portugal)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0170

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154

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

notice est aussi imaginaire que tout le reste, ainsi que l’a établi
M. Charles Yriarte, quand il a très justement rappelé que l’inventaire
des objets précieux pris par Charles-Quint dans cette malheureuse
journée existe encore à Madrid, et qu’on n’y voit pas figurer notre
triptyque.

Cet objet d’art est entré dans le Musée-Bibliothèque d’Evora au
commencement du siècle, lorsque son fondateur, l’archevêque Dom
Manoel de Cenâcolo Villas Boas, l’acheta ou le reçut d’une personne
indéterminée.

Avant de rechercher à quel artiste on doit l’attribuer, il est bon
de rappeler que M. Alfred Demersay chargé, en 1862, d’une mission
scientifique ayant pour objet de rechercher divers documents dans
les archives d’Espagne et du Portugal, s’exprime ainsi sur le compte
de cet émail :

... « L’émail du Musée d’Evora que je regarde comme un des
beaux spécimens de l’art français à l’époque de la Renaissance,
malgré la tradition qui lui assigne une origine byzantine, est un
triptyque de Limoges. La monture est d’or massif uni et sans cise-
lures.

« Un pareil trophée est sans valeur historique pour le Portugal,
qui n’a pas eu la gloire de nous en dépouiller : il n’a qu’une valeur
vénale, facile à apprécier celle-là, et peut-être penserez-vous, mon-
sieur le Ministre, qu’il y aurait là matière à des négociations ou à un
échange qui restituerait aux collections splendides du Louvre un
joyau dont la place me paraît toute marquée dans le Musée des
Souverains. »

Il est inutile de redire que, malgré les termes de l’Inscription
latine, la monture est en cuivre et non pas en or.

M. Charles Yriarte a vu ce monument qui figurait dans l’Expo-
sition rétrospective de Lisbonne de 1882, et, dans la Gazelle des
Beaux-Arts du 1er juillet de la même année, il s’est borné à détruire
la légende qui faisait de ce triptyque un des trophées de la bataille
de Pavie. N’est-il pas possible de serrer la question de plus près?
L’œuvre est certainement française et sort des ateliers de Limoges.
En dehors du style qui ne permet pas le doute, nous en avons pour
garant le mot Avugle, qu’on lit auprès de saint Longin ; — et les
hermines semées sur la robe de sainte Madeleine sont vraisembla-
blement une flatterie à l’adresse de la reine Anne de Bretagne qui
mourut en 1514, ce qui permet de supposer que ce monument est
antérieur à cette date. L’émail a été peint d’après une estampe
 
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