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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Renan, Ary: Tlemcen, 1: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0429

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L’ART ARARE DANS LE MAGHREB.

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bien conservées, les mosquées de Tlemcen se ressemblent toutes. Il
suffirait donc d’en décrire une, si on n’éprouvait un vrai plaisir à se
redire, à répéter l’éloge aussi souvent que le plaisir a été répété.
Nous examinerons plus loin chacun des éléments de cette gracieuse
architecture; disons tout de suite à quels principes uniformes
elle obéit.

La coupole est inusitée; partout le toit de tuiles incliné et, au
dedans, les poutraisons apparentes.

L’extérieur est des plus simples; seul le minaret est orné, à
moins qu’il n’y ait aussi un riche portail.

Les matériaux sont : la brique, le marbre et l’onyx'translucide
qui provient des carrières voisines d’Aïn-Temouchent.

L’ornement extérieur est exclusivement la mosaïque de faïence,
et l’ornement intérieur l’arabesque de plâtre.

La grande mosquée. (Dynastie almoravide.) — La Djama-el-Kébir est
une des plus anciennes et par conséquent une de celles qui ont le plus
souffert. Les bâtiments enceignent comme d’habitude une cour réser-
vée à la rêverie, aux ablutions ; celle-ci, pavée jadis en dalles d’onyx,
est circonscrite par les arcades d’un de ces cloîtres musulmans où des
générations de croyants ont réfléchi sur les mêmes nattes au même
problème. La grande salle de prière est composée de treize travées
sur six, dont les arcs ogivaux retombent sur soixante-douze colonnes
dénuées d’art de leur base à leur sommet. Uniformisé par le badi-
geon blanc, l’ensemble n’a rien d’imposant, et nous sommes loin des
proportions de la grande mosquée de Kairouan, quoique celle de
Tlemcen soit une des plus vastes de l’Algérie. Mais si Ton considère
le Mihrab, la niche sacrée de l’officiant, orientée ici vers le sud par
dérogation aux usages, et lacoupolettequi l’abrite, on y trouve l’échan-
tillon d’un art très délicat, qui a dû couvrir jadis tous les monu-
ments de Tlemcen, mais hélas! aussi très fragile : l’arabesque de plâtre
qui, jadis, était polychrome. Ce mirhab est charmant dans son enca-
drement de fleurs, d’ornements relevés de rosaces, de rubans d’écri-
ture où courent en caractères andalous des sourates du Coran. C’est
sur le listel que se lit, intimement mêlée aux entrelacs qui semblent
l’envahir comme des plantes grimpantes, l’inscription qui fixe la
date de la construction de la mosquée : elle fut élevée par Ali-Ibn-
Yousouf, fils du célèbre Ibn-Tachfin, second prince almoravide, en
Tan 1136 de notre ère.

La petite coupole qui abrite le mirhab est double; l’intérieure est
 
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