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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Renan, Ary: Tlemcen, 1: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0432

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398

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

demande pourquoi elle porte le nom d’Aboul-Hacen, le célèbre
jurisconsulte; M. Brosselard suppose que c’est en mémoire de l’en-
seignement que ce dernier y professait sous le second prince Abd-el-
ouadite.

Djama-el-Méchouar. (Dynastie abd-el-ouadile.) — Moins heureuse,
la mosquée du Méchouar est tout abîmée; seul son minaret, très
simple, est encore intact, quoique veuf de ses faïences. La salle de la
mosquée, convenablement raclée, sert maintenant de chapelle à
l'hôpital militaire installé dans le Méchouar; quelques années avant
cette transformation, Abd-el-Kader y prêchait encore la guerre
sainte dans le décor oriental. L’histoire même de sa construction est
curieuse. Ce sont des otages berbères gardés à vue par Abou-
Hammou Ier, dans l’enceinte de son propre palais, qui, sur son ordre
et sous sa surveillance, la bâtirent pour leur usage. Elle date ainsi
des années qui suivirent 1317.

Djama Sidi-el-Haloui. (Dynastie mérinide.) — Encore un saint.
Ech-Choudi était un Sévillan. Comme il arrive souvent en Orient, il
prit un jour son bâton et s’en fut tout droit devant lui, en mendiant,
en contrefaisant le fou, et en prophétisant. Il s’arrêta à Tlemcen où
il vendait des bonbons (halaoua) dans les rues, — d’où lui vint le
surnom de El-Haloui. — On dit qu’il fut décapité comme charlatan
et sorcier et que de nombreux miracles suivirent sa mort. On l’en-
terra sur le lieu même de son supplice et sa petite tombe existe encore
à l’ombre d’un gros caroubier c’est une pauvre cahute sans intérêt,
un marabout comme tant d’autres. Mais à quelques pas plus bas, au-
dessous des remparts modernes, s’élève une mosquée bâtie en l’hon-
neur du martyr, du « Père gâteau » devenu saint dans le giron de
Dieu.

Cette mosquée est la plus complète et la plus originale de Tlemcen,
ou peut-être seulement la mieux conservée. Si les dimensions en sont
bien moindres que celles de la grande mosquée, le plan en est iden-
tique, sauf qu’un beau portail extérieur donne accès au patio, au
cloître intérieur. Ce portail est d’un grand effet décoratif. Haut,
droit, plaqué de mosaïques de faïence d’une harmonie exquise, il
encadre majestueusement^ porte ogivale. On remarquera l’heureuse
proportion du large bandeau médian et l’élégance des consoles de
bois sculpté qui supportent l’auvent. Le dessin des faïences est simple,
géométrique; mais elles chatoient à l’envi, et celles du noble minaret
 
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