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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0211

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TLEMCEN.

191

« ... mosaïques de faïence taillées au ciseau et juxtaposées avec une
telle précision qu’elles paraissent former un seul et même corps.
Leurs dessins représentent des enroulements et des guirlandes qui
ne rappellent en rien les combinaisons géométriques caractéristiques
des arts seldjoucides mogols... Tons bleu clair, vert foncé, blanc,
jaune feuille morte et noir ; fond bleu foncé (ladjverdi). » C’est exac-
tement la gamme des couleurs employées à Tlemcen et au Maroc
pendant la belle époque. J’ai recueilli dans les ruines de Mansourah
des fragments d’un blanc opalin et d’un brun doux très caractéris-
tiques. Il serait bien difficile d’obtenir de grandes surfaces unifor-
mément teintées de ces deux nuances; pour des petits fragments
« taillés au ciseau », au contraire, la difficulté est aplanie.

Cependant, à Tauris encore, voici un autre procédé de. mosaïque :
« les faïences bleu turquoise sont disposées en grandes plaques; le
dessin est tracé au burin de façon à enlever par parties l’émail bleu
et à laisser apparaître la brique même, véritable travail de gravure,
fini avec un art et une patience admirables. » A Sultanieh, on voit
des étoiles gravées serties d’émaux bleus se détachant sur un fond
de briques couleur crème, fouillées comme une dentelle. Disons tout
de suite que les stucs abondent dans les mosquées persanes comme
dans l’Alhambra mauresque et poursuivons le voyage que nous
faisons avec Mme Dieulafoy chez les ancêtres de l’art du Caire et de
Tlemcen.

A Véramine, la maçonnerie est de brique; mais ces briques sont
jointoyées largement de ciment blanchâtre, et les joints ornés d’ara-
besques tracées en creux. C’est justement à Yéramine que nous
voulions arriver; car c’est là que M. Dieulafoy, devant d’admi-
rables spécimens de mosaïque de faïence, déclara que le carreau est
une œuvre de décadence. Et il établit ainsi la genèse de l’art céramique
ornemental : d’abord, il n’y eut qu’un dessin de briques sur champ,
sans émail; — sous les Seldjoucides apparaissent des rehauts de
bleu turquoise appliqués sur la tranche des briques; — à partir de
1350, la palette s’enrichit, les couleurs se multiplient, on intercale
dans les frises des briques carrées sur lesquelles sont ménagées en
relief des lettres émaillées afin de simuler sans grande dépense le
travail exécuté jusqu’alors en mosaïque.

On le voit, le carreau et tous les expédients qui acheminent vers
l’emploi du carreau ne sont que des compromissions, des stratagèmes
qui sentent la hâte.

A Tauris, si on modifie les tracés, le système reste néanmoins
 
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