Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [1]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0457

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS.

421

qu’il aimait et auquel il avait voué les meilleures années de sa vie.
Il est mort sans avoir fini ce livre, et c’est la raison pour laquelle
nous allons parler de lui et de l’émail, nous souvenant d’une promesse
que nous lui avions faite et d’un engagement que nous avions pris
ici, vis-à-vis des lecteurs.

Nous ne chercherons pas autre chose que de fixer le degré d’avan-
cement où en est, à l’heure présente, la peinture sur émail, dans un
pays où elle a brillé d'un si vif éclat; nous n’avons pas dessein d’en
raconter l’histoire, le livre de M. Molinier suffit.

Mais nous voulons montrer comment s’est réveillée la tradition
d’un art qui semblait perdu, nous voulons dire la part qu'y ont prise
quelques artistes et payer à notre ami Popelin un tribut de recon-
naissance et d’admiration pour la façon dont il s’était dévoué à cette
renaissance de Y Émail des Peintres.

En effet, l’émaillerie est un art bien français, nulle part il n’a
tenu une place aussi considérable, et si tous les ateliers d’orfèvres ont
pratiqué l’émail avec plus ou moins de succès, il n’est pas de ville qui
en ait produit autant que la ville de Limoges. C’étaient au moyen âge
des œuvres qui allaient aux églises et aux abbayes du monde entier ;
ce furent sous la Renaissance des peintures précieuses que les rois et
les princes se disputaient à l’envi.

Les Pénicaud, les Limosin, les Reymond, les Courteys, les
Nouailher, les Laudin se sont succédé sans interruption depuis le
xve siècle. « Leur art, que des peintres seuls pouvaient porter au
degré de perfection qu’il atteignit d’emblée entre leurs mains, dura
peu. Une dégénérescence rapide le précipita dans un néant absolu,
dont il semble vouloir sortir de nos jours. Ce serait tout un livre que
la déduction des causes qui amenèrent presque simultanément cette
décadence accélérée et universelle 1. »

Les derniers descendants de ces familles d’émailleurs se sont
éteints à la fin du siècle dernier, mais il y avait longtemps que les
émaux limousins étaient oubliés et dédaignés, on les brisait pour en
retirer le cuivre.

Dès le commencement du xvne siècle, une autre façon d’émail
avait supplanté les peintures de Limoges, mais c’est en France encore
qu’elle avait pris naissance. Jean Toutin, orfèvre de Châteaudun, au
lieu de modeler en blanc sur des plaques de cuivre émaillées d’un ton

1. Cl. Popelin, l’Email des Peintres. Introduction, page 10.
 
Annotationen