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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Durrieu, Paul: Les débuts des Van Eyck, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0014

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tricht et Hasselt, cette dernière aujourd’hui capitale de la province
du Limbourg belge. Or, on connaît les vers célèbres et maintes fois
cités dans lesquels le poète Wolfram d’Eschenbach vante les peintres
de Maestricht à l’égal de ceux de Cologne. D’autre part, de même
que Jean van Eyck était en 1425 peintre et valet de chambre du duc
de Bourgogne Philippe le Bon, de même quarante-cinq ans plus tôt,
en 1380, un artiste, qui paraît avoir été un homme considérable,
exerçait ces mêmes fonctions de peintre et valet de chambre auprès
du grand-père de Philippe le Bon, le duc de Bourgogne Philippe
le Hardi; et ce prédécesseur de Jean van Eyck portait un nom qui
semble le rattacher au pays de Limbourg; les textes le nomment,
en effet, Jean de Hasselt. Enfin, entre 1380 et 1425, c’était aussi du
Limbourg qu’étaient venus les « trois frères enlumineurs », ces
Pol de Limbourg, Jannequin et Hermann, que le duc Jean de Berry
attacha à sa maison, en leur donnant une situation privilégiée. 11 est
donc sorti du pays de Limbourg, à l’époque qui correspond en
France au règne du roi Charles VI, un groupe d’artistes, depuis
Jean de Hasselt jusqu’aux van Eyck en passant par Pol de Lim-
bourg, qui, compatriotes et à peu près contemporains, ont pu se
connaître et s’influencer mutuellement. De Jean de Hasselt nous
ne possédons malheureusement plus rien. Mais un texte formel
permet de saluer dans Pol de Limbourg et ses frères les auteurs
d’une partie des miniatures qui ornent l’incomparable livre d’LIeures
du duc de Berry, de Chantilly. Nous pouvons ainsi reconnaître
en eux des artistes supérieurs, arrivant jusqu’à traiter le nu avec
une ampleur surprenante, en même temps que paysagistes délicieux,
qui seraient tout à fait dignes d’avoir frayé la voie aux van Eyck1.

Pour en revenir spécialement à ces derniers et au problème de
leurs débuts, une date est capitale dans la question. C’est celle du
18 septembre 1426, jour de la mort de Hubert van Eyck, l’aîné des
deux frères. Postérieurement à ce jour, Jean reste seul à travailler;
et, dès lors, nous possédons encore toute une série d’œuvres signées
de lui, avec des dates précises, 1 'Arnolfmi et sa femme, de 1434 (Na-
tional Gallery à Londres), la Vierge du chanoine Paele, de 1436 (musée
de Bruges), la Sainte Barbe, de 1437 (musée d’Anvers), etc., qui nous
permettent de suivre les manifestations de son génie, en même

1. L’importance exceptionnelle du livre d'Heures de Chantilly est depuis
longtemps connue. Qu’il me soit permis d’annoncer que je dois faire paraître
prochainement un travail d’ensemble sur ce manuscrit, avec la reproduction
de toutes celles de ses peintures qui remontent jusqu’au temps du duc de Berry.
 
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