LE PORTRAIT D’ISABELLE D’ESTE
PAR TITIEN
03ime la Chronique des Arts l’annonçait le 27 dé-
cembre dernier, et comme Ch. Yriarte le fai-
sait prévoir dès 1895 dans la Gazelle, on a dé-
couvert récemment dans un château d’Angleterre
un portrait d’Isabelle d’Este par Titien, portrait
dont M. Léopold Goldschmidt vient de se
rendre acquéreur. C’est une bonne fortune, et rare, qu’une œuvre
nouvelle du maître de Venise, surtout quand elle présente, comme
celle-ci, un double intérêt d’histoire et d’art. Il n’est peut-être pas
dans toute la Renaissance italienne de personnage plus sédui-
sant que cette Isabelle d’Este, femme du marquis de Mantoue
Jean-François, sœur d’Alphonse de Ferrare et mère de Frédéric de
Gonzague, dont la hère beauté a été définie avec une noblesse incom-
parable dans le fusain de Léonard de Vinci qui est au Louvre.
Comme de tête et de cœur, dilettante et diplomate, protectrice des
arts, par le charme de son esprit et les grâces de sa personne elle
représente un type d’humanité supérieure. On sait qu’en 1534 elle
faisait réclamer à Titien un ancien portrait qu’elle lai avait prêté
pour en faire une répétition. C’est vers cette date que Titien peignit
le tableau du Musée impérial de Vienne où la marquise, en un
magnifique costume, rayonne de tout l’éclat de sa jeunesse. Toute
belle qu’elle soit, cette œuvre a, dans l’impression du visage, dans
les mains et dans la pose, quelque chose d’impersonnel, d’un peu
froid et vide. 11 y manque l’impression directe de la nature et la
présence réelle de la vie. Toute différente est l’œuvre dont il est
question aujourd’hui. Celte fois la princesse a posé devant l’artiste :
il l a fidèlement représentée, corps et âme, telle qu’elle était, dans le
doux triomphe de la quarantaine. On sait combien furent intimes
PAR TITIEN
03ime la Chronique des Arts l’annonçait le 27 dé-
cembre dernier, et comme Ch. Yriarte le fai-
sait prévoir dès 1895 dans la Gazelle, on a dé-
couvert récemment dans un château d’Angleterre
un portrait d’Isabelle d’Este par Titien, portrait
dont M. Léopold Goldschmidt vient de se
rendre acquéreur. C’est une bonne fortune, et rare, qu’une œuvre
nouvelle du maître de Venise, surtout quand elle présente, comme
celle-ci, un double intérêt d’histoire et d’art. Il n’est peut-être pas
dans toute la Renaissance italienne de personnage plus sédui-
sant que cette Isabelle d’Este, femme du marquis de Mantoue
Jean-François, sœur d’Alphonse de Ferrare et mère de Frédéric de
Gonzague, dont la hère beauté a été définie avec une noblesse incom-
parable dans le fusain de Léonard de Vinci qui est au Louvre.
Comme de tête et de cœur, dilettante et diplomate, protectrice des
arts, par le charme de son esprit et les grâces de sa personne elle
représente un type d’humanité supérieure. On sait qu’en 1534 elle
faisait réclamer à Titien un ancien portrait qu’elle lai avait prêté
pour en faire une répétition. C’est vers cette date que Titien peignit
le tableau du Musée impérial de Vienne où la marquise, en un
magnifique costume, rayonne de tout l’éclat de sa jeunesse. Toute
belle qu’elle soit, cette œuvre a, dans l’impression du visage, dans
les mains et dans la pose, quelque chose d’impersonnel, d’un peu
froid et vide. 11 y manque l’impression directe de la nature et la
présence réelle de la vie. Toute différente est l’œuvre dont il est
question aujourd’hui. Celte fois la princesse a posé devant l’artiste :
il l a fidèlement représentée, corps et âme, telle qu’elle était, dans le
doux triomphe de la quarantaine. On sait combien furent intimes