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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
teux, dont doux viennent de la vente Demidoff, et la troisième — la
meilleure — de la collection Toscanclli ; deux terres cuites, réductions
attribuées à Jean de Bologne des figures du tombeau des Médicis et
qui ont fait partie de la collection Piot; d’autre part, un bronze
vénitien, petit, tout petit buste d’enfant crépu, sérieux et joufflu; un
marbre florentin, Madone en bas-relief tenant l’Enfant debout dans
un cortège de têtes ailées de chérubins; un bois allemand, gracieuse
statuette de femme en costume d’apparat, aux longues nattes pen-
dantes. ,
Nous ne l’ignorons pas, la méfiance a aussi ses dupes; maintes
fois nous nous sommes redit ce judicieux avertissement, et pourtant
nous ne laissons pas de nous méfier. Nous savons aussi que, pour
vouloir être trop avisé, l’on n’en risque pas moins l’erreur, l’autre
erreur; nous savons encore qu’il y a quelque ridicule à prétendre
limiter son admiration à l’œuvre d’une certaine époque et à la laisser
tomber dès qu’il s’agit d’un siècle récent plutôt que d’un siècle plus
reculé. Nous sommes assurément séduit par le caractère de volonté
qu’accusent les traits encore non formés du petit patricien de
Venise; nous trouvons une certaine grâce à cette Vierge mère,
encore que son visage soit dépourvu de tout caractère et que l’au-
teur n’y montre guère sa personnalité ; nous aimons aussi la manière
dont la noble dame allemande retient sa jupe, et le geste précieux
de ses doigts effilés. Mais il ne s’agit pas ici d’esthétique, et, en
restant sur le simple terrain de la critique archéologique, nous
cherchons dans l’œuvre un document, et ce document doit nous
apparaîtra franc de toute suspicion. Les collections successives par
lesquelles certaines pièces ont passé 11e sauraient leur constituer
un suffisant état civil; l’autorité de leurs précédents propriétaires
ne dispense pas de l’examen, et, jusqu’à preuve décisive, il en est
qu’il est prudent de tenir encore, sinon en quarantaine, du moins
en observation.
P. FRANTZ MAP.COU
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
teux, dont doux viennent de la vente Demidoff, et la troisième — la
meilleure — de la collection Toscanclli ; deux terres cuites, réductions
attribuées à Jean de Bologne des figures du tombeau des Médicis et
qui ont fait partie de la collection Piot; d’autre part, un bronze
vénitien, petit, tout petit buste d’enfant crépu, sérieux et joufflu; un
marbre florentin, Madone en bas-relief tenant l’Enfant debout dans
un cortège de têtes ailées de chérubins; un bois allemand, gracieuse
statuette de femme en costume d’apparat, aux longues nattes pen-
dantes. ,
Nous ne l’ignorons pas, la méfiance a aussi ses dupes; maintes
fois nous nous sommes redit ce judicieux avertissement, et pourtant
nous ne laissons pas de nous méfier. Nous savons aussi que, pour
vouloir être trop avisé, l’on n’en risque pas moins l’erreur, l’autre
erreur; nous savons encore qu’il y a quelque ridicule à prétendre
limiter son admiration à l’œuvre d’une certaine époque et à la laisser
tomber dès qu’il s’agit d’un siècle récent plutôt que d’un siècle plus
reculé. Nous sommes assurément séduit par le caractère de volonté
qu’accusent les traits encore non formés du petit patricien de
Venise; nous trouvons une certaine grâce à cette Vierge mère,
encore que son visage soit dépourvu de tout caractère et que l’au-
teur n’y montre guère sa personnalité ; nous aimons aussi la manière
dont la noble dame allemande retient sa jupe, et le geste précieux
de ses doigts effilés. Mais il ne s’agit pas ici d’esthétique, et, en
restant sur le simple terrain de la critique archéologique, nous
cherchons dans l’œuvre un document, et ce document doit nous
apparaîtra franc de toute suspicion. Les collections successives par
lesquelles certaines pièces ont passé 11e sauraient leur constituer
un suffisant état civil; l’autorité de leurs précédents propriétaires
ne dispense pas de l’examen, et, jusqu’à preuve décisive, il en est
qu’il est prudent de tenir encore, sinon en quarantaine, du moins
en observation.
P. FRANTZ MAP.COU