DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Maeterlinck, Louis: La satire animale dans les manuscrits flamands
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0176
LA SATIRE ANIMALE FLAMANDE
157
FIG. 10
cor et lance son chien contre l’homme (le puissant) qui fuit devant
lui, et nous le voyons plus loin emporter son ennemi lié et sus-
pendu à une perche (fig. 9 et 10). Les princes ne sont
pas épargnés, car un singe en harnois de guerre
porte un étendard sur lequel on voit se détacher le
lion de Flandre : de sable sur champ d’or (fig. 11).
C’est également au xme siècle, qu’appartient un
manuscrit très curieux de la Bibliothèque de Gand,
intitulé Imperatoris Justiniani lnstitutiones1.
Tandis que dans le Petit Psau-
tier de Bruxelles, aux miniatures
si fines, on serait tenté de reconnaître l’ancienne
influence française, le manuscrit gantois nous
montre une continuation visible de l’art barbare
autochtone. La plupart des innombrables figures
qui illustrent ce livre constituent des satires de la
vie civile et religieuse, qu’elles ridiculisent en
des images brutales, frisant parfois la grivoiserie
la plus osée.
Les satires animales y sont très nombreuses.
La figure 12 nous montre le cheval prétentieux
et aristocrate symbolisant de façon sa-
tirique le patricien. Plus loin Isengrin,
le loup grinçant des dents, figure la colère aveugle
des grands (fig. 13). La tête d’âne surmontant un torse
d’homme en symbolise l’ignorance et la bêtise (fig. 14),
tandis qu’un porc sans corps, image de leurs vices,
dresse sur deux pieds fourchus son groin grimaçant et
répulsif (fig. 15).
Les vices des moines sont rappelés d’une façon sati-
rique par les figures 16 et 17, où leur méchanceté est
symbolisée par un loup portant la capuche, qui se cache
à moitié les dents à l’aide d’une main d’homme, tandis
qu’un âne, le froc en partie rejeté sur l’épaule, person-
nifie leur ignorance.
La guerre des classes se trouve rappelée d’une façon
curieuse par une lettrine d’un autre manuscrit gantois,
Onde costumen der stad Ghent, reproduisant la première lettre du
FIG. 11
FIG. 12
L H. Pirenne, op. cit., t. I, 1900.
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FIG. 10
cor et lance son chien contre l’homme (le puissant) qui fuit devant
lui, et nous le voyons plus loin emporter son ennemi lié et sus-
pendu à une perche (fig. 9 et 10). Les princes ne sont
pas épargnés, car un singe en harnois de guerre
porte un étendard sur lequel on voit se détacher le
lion de Flandre : de sable sur champ d’or (fig. 11).
C’est également au xme siècle, qu’appartient un
manuscrit très curieux de la Bibliothèque de Gand,
intitulé Imperatoris Justiniani lnstitutiones1.
Tandis que dans le Petit Psau-
tier de Bruxelles, aux miniatures
si fines, on serait tenté de reconnaître l’ancienne
influence française, le manuscrit gantois nous
montre une continuation visible de l’art barbare
autochtone. La plupart des innombrables figures
qui illustrent ce livre constituent des satires de la
vie civile et religieuse, qu’elles ridiculisent en
des images brutales, frisant parfois la grivoiserie
la plus osée.
Les satires animales y sont très nombreuses.
La figure 12 nous montre le cheval prétentieux
et aristocrate symbolisant de façon sa-
tirique le patricien. Plus loin Isengrin,
le loup grinçant des dents, figure la colère aveugle
des grands (fig. 13). La tête d’âne surmontant un torse
d’homme en symbolise l’ignorance et la bêtise (fig. 14),
tandis qu’un porc sans corps, image de leurs vices,
dresse sur deux pieds fourchus son groin grimaçant et
répulsif (fig. 15).
Les vices des moines sont rappelés d’une façon sati-
rique par les figures 16 et 17, où leur méchanceté est
symbolisée par un loup portant la capuche, qui se cache
à moitié les dents à l’aide d’une main d’homme, tandis
qu’un âne, le froc en partie rejeté sur l’épaule, person-
nifie leur ignorance.
La guerre des classes se trouve rappelée d’une façon
curieuse par une lettrine d’un autre manuscrit gantois,
Onde costumen der stad Ghent, reproduisant la première lettre du
FIG. 11
FIG. 12
L H. Pirenne, op. cit., t. I, 1900.