GAZETTE DES BEAUX-ARTS
J 86
à Pringy, le portraitiste Vos lier à Vert et à Crisenoy. De ce dernier
voisinage, l’amour tira profit : Vestier avait une fille, Nicole, mutine
beauté, dont'un aimable talent de peintre ne gâtait pas les attraits.
De sa mère, fille de l’émailleur Révérend, elle tenait la grâce
piquante, mais, par surcroît, s’était donné l’esprit de se mettre à
l’école paternelle. Pour un artiste, désireux de faire ménage avec une
compagne jolie et de son tour de pensée, Dumont n’aurait su décou-
vrir choix meilleur. Aussi se hâtait-il de l’épouser en joyeuses noces,
P O R T H A IT DE NICOLE Y E S TIE R
MINIATURE P A R ANTOINE Y E S TIE li
(Collection du Dr Henry Gillet, de Melun.)
au mois d’août 1789. Quel homme de famille mieux préparé! Pour
don de mariage, Louis XVI le gratifiait du logement de feu Cochin
au Louvre : nid royal où lui naissait un fils, Aristide. Le premier
soin de la jeune mère fut de peindre son bonheur, en un tableautin
du genre de ceux de Mllc Gérard. C’est tout un poème d’aimante
minauderie. Dans un coquet salon, entre un clavecin et des armoires
de livres, Nicole Vestier, fraîche dame Dumont, commence le por-
trait de son père. L’ébauche de la tête vient bellement et la toile se
couvrira le mieux du monde. En attendant, la jeune artiste s’accorde
un arrêt. A quoi l’employer? Belle question, lorsqu’un berceau repose
là près. D’un geste de caresse, empesé, la voici soulevant la dra-
perie de la couchette du nouveau-né. C’est un gros nourrisson, bras
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à Pringy, le portraitiste Vos lier à Vert et à Crisenoy. De ce dernier
voisinage, l’amour tira profit : Vestier avait une fille, Nicole, mutine
beauté, dont'un aimable talent de peintre ne gâtait pas les attraits.
De sa mère, fille de l’émailleur Révérend, elle tenait la grâce
piquante, mais, par surcroît, s’était donné l’esprit de se mettre à
l’école paternelle. Pour un artiste, désireux de faire ménage avec une
compagne jolie et de son tour de pensée, Dumont n’aurait su décou-
vrir choix meilleur. Aussi se hâtait-il de l’épouser en joyeuses noces,
P O R T H A IT DE NICOLE Y E S TIE R
MINIATURE P A R ANTOINE Y E S TIE li
(Collection du Dr Henry Gillet, de Melun.)
au mois d’août 1789. Quel homme de famille mieux préparé! Pour
don de mariage, Louis XVI le gratifiait du logement de feu Cochin
au Louvre : nid royal où lui naissait un fils, Aristide. Le premier
soin de la jeune mère fut de peindre son bonheur, en un tableautin
du genre de ceux de Mllc Gérard. C’est tout un poème d’aimante
minauderie. Dans un coquet salon, entre un clavecin et des armoires
de livres, Nicole Vestier, fraîche dame Dumont, commence le por-
trait de son père. L’ébauche de la tête vient bellement et la toile se
couvrira le mieux du monde. En attendant, la jeune artiste s’accorde
un arrêt. A quoi l’employer? Belle question, lorsqu’un berceau repose
là près. D’un geste de caresse, empesé, la voici soulevant la dra-
perie de la couchette du nouveau-né. C’est un gros nourrisson, bras