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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 4
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Pascal, André: Pierre Julien, [1]: sculpteur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0370

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338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Une lettre1 du 20 juin 1784, adressée par Julien à M. d’Angivil-
ler pour lui demander du marbre, nous apprend que l’artiste va com-
mencer l’exécution du La Fontaine. Il se met au travail avec ardeur;
une année à peine le sépare de l’ouverture de l’exposition. Entre
temps, notre artiste est nommé membre de la Commission chargée
de l’examen des envois de Rome : « M. Gois, professeur; M. Julien,
adjoint; M. Loir, conseiller, et MM. les secrétaires examineront
demain, 30 janvier, à 11 heures, dans les salles de l’Académie, les
ouvrages de l’Académie de Rome ». Le S février a lieu la lecture
du rapport.

L’époque du Salon est arrivée; Julien envoie :

Jean de La Fontaine, figure exécutée en marbre pour le roi;

Ganymède versant le nectar à Jupiter changé en aigle, figure de
marbre de 3 pieds 2 pouces de proportion (appartient à M. le baron
de Juis) ;

L’Amour silencieux, esquisse, terre cuite.

Julien vient de produire deux œuvres donnant bien la note de son
tempérament artistique : réalité épurée et poétisée dans le La Fon-
taine; forme gracieuse et rythmée dans le Ganymède.

La statue de La Fontaine est-elle un portrait du grand fabuliste?
Non, probablement : Julien ne devait pas posséder de sérieux docu-
ments iconographiques sur La Fontaine. D’ailleurs, notre artiste
n’est point un portraitiste ; dans son œuvre, nous ne voyons figurer
aucun buste de personnage contemporain, sinon un buste officiel de
Napoléon. Et cependant tous les critiques du temps saluent Jean de
La Fontaine en passant devant te marbre de Julien, tant la ressem-
blance est parfaite. C’est que l’artiste s’est efforcé de nous donner
l’âme plutôt que les traits du grand poète. Julien, cœur simple et
naît, devait nous donner un chef-d’œuvre.

L’artiste se préoccupe-t-il de trouver une belle pose académique
pour son modèle? Nullement. Assis sur une sorte de petit tertre fait
de pierre et de gazon; appuyé contre un arbre, où vient s’enrouler

aussi avoir terminé ce qu’ils ont imaginé; ensuite viennent des avis semblables
de Mouchy, Le Comte, Berruer, Houdon, d’Huez.

Le 4 août 1785, Pierre demandait des ordres au Directeur général « au sujet
des modèles : fallait-il les exposer au Salon? devait-on les payer ?» Il fut répondu
« qu’on ne les avait pas trouvés assez beaux pour être soumis au jugement
public. » Le monument ne fut pas exécuté, et le projet tomba dans l’oubli. Julien
relégua son esquisse dans un coin de son atelier; nous la retrouverons men-
tionnée dans l’inventaire après décès.

1. Arch.Nat.,011237. Enregistrement des lettres adressées auDirecteur général.
 
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