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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 6
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Cochin, Henry: Quelques réflexions sur les Salons, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0486

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tures de sa fille, Mme Lisbeth Delvolvé-Carrière. Je ne saurais, quant
à moi, le classer qu’auprès des grands maîtres classiques du clair-
obscur, et pas très loin de Rembrandt. Et par contre, si vous cher-
chez ici des admirateurs de Ingres, vous en trouverez un enM. Degas ;
vous en trouverez un autre en M. Maurice Denis; il vient d’écrire
dans b Occident une belle et enthousiaste étude sur l’école d’Ingres,
«à laquelle M. Albert Besnard a ajouté un épilogue charmant et pré-
cieux, et non moins enthousiaste. Voici donc nos classiques; disons-
le au public, et voyons s’il nous croira.

Il le croira dans vingt ans. La confusion n’est que momentanée.
La postérité finit toujours par s’y retrouver. Le temps, qui est, disent
les Italiens, « un gran galantuomo », a vite fait son départ et
reconnu les siens. Quand nous nous reportons par l’esprit aux
grandes luttes épiques qui ont divisé les artistes et les critiques au
cours du xixe siècle, nous sommes tout surpris de voir qu’elles sont
déjà terminées : éteint l’incendie, oubliée la bataille. Car les géné-
rations d’artistes se succèdent avec une rapidité surprenante; elles ne
se succèdent pas, mais se marchent sur les talons, mais s’empiètent,
mais se chevauchent. Il y a longtemps déjà, Stendhal l’avait juste-
ment remarqué pour les écoles italiennes, dans cette Histoire de la
Peinture italienne dont la chronologie raisonnée reste encore très
utile : il est toujours bon de ne pas perdre de vue que Léonard de
Vinci était déjà un enfant grandelet que Lra Angelico n’était pas
mort.

Plus rapides encore peut-être se sont succédé les générations
pendant le xixe siècle. L’école d’Ingres, à l'heure où j’écris, est à
peine éteinte. Le vénérable Paul Llandrin est mort l’an passé, et un
fils d’Hippolyte Llandrin nous donne la joie de voir ce noble ;om
noblement porté. M. Balze expose encore cette année. La génération
que j’appellerai « romaine », celle qui compte dans ses ancêtres Gra-
nd et vante comme siennes les gloires passées de la Villa Médicis, est
représentée près de nous par ce séduisant nonagénaire, M. Hébert,
dont la grâce un peu morbide nous reporte aux jours de sa célèbre
Mal'aria. Cependant, Ingres lui-même flotte au loin dans la paix du
passé et la gloire des apothéoses. Les ennemis d’Ingres reposent, eux
aussi, dans la même paix et jouissent du même triomphe. Et, certes,
entre eux et lui la lutte fut terrible et sans merci. En possession du
pouvoir et de l’Institut, Ingres oubliait bien qu’il avait lui-même
passé pour révolutionnaire, aux yeux sévères des disciples de Louis
David; Ingres et ses disciples exerçaient, pendant des années, un
 
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