SCULPTURE BELGE ET INFLUENCES FRANÇAISES lo
éclat incomparable, des traces de la formule primitive subsistent
dans les petits plis parallèles et dans le système général de la dra-
perie. En même temps, et bien que certaines influences germaniques
se retrouvent dans la sécheresse d’exécution du visage, on y distingue
déjà bien évidemment le modèle qui
deviendra général en France à la fin
du xme siècle et se répandra au com-
mencement du xive dans toute l’Eu-
rope, jusqu’à devenir une manière de
type international. Le morceau est des
plus remarquables que l’art du xme siè-
cle ait produits dans les Pays-Bas, mais
celte œuvre grandiose n’est rien moins
([uc réaliste et c’est toujours la formule
venue de France qui s’y retrouve.
La même formule de la Vierge glo-
rieuse apparaît encore dans la Vierge
de Laeken1, d’un art médiocrement raf-
finé pourtant, quoique plus libre dans
les draperies et sentant moins l’ar-
chaïsme. Au contraire, certaines autres
paraissent s’humaniser, celle de Diest,
celle de Notre-Dame-du-Val-des-Éco-
liers, à Saint-Pholien de Liège2 : la
mère, au lieu de trôner en majesté,
sourit à son enfant; elle joue avec lui
et son visage a perdu quelque chose de
la grandeur austère d’autrefois; plus fé-
minine, elle semble aussi plus indivi-
duelle. On a voulu voir dans cette série
comme une des premières manifesta-
tions d’un réalisme particulièrement local3; seulement, outre que
SAINT J E A N,
STATUE EN BOIS. XIIIe SIÈCLE
(Musée de la Société archéologique
de Namur.)
1. Repr. dans Destrée, op. cit., fig. 9. Voir la Vierge de la colleclion Boy,
reproduite dans le Catalogue illustré clc l'Exposition rétrospective de l'art français
en 1900, n° 3039, p. 144.
2. Repr. dans Helbig, op. cit., pi. XVI. — Une statue très analogue, qui nous
donne idée de ce qu’était celle-ci avant la restauration, se trouve au musée de
Namur, provenant de Marche-les-Dames.
3. Cf. Desirée, à propos des diverses Vierges qu’il publie; il a pu, comme
M. llelbig, en photographier plusieurs avant leur restauration. — Voir aussi Ful-
pinck, Étude sur la peinture murale en Belgique (extrait des Mémoires couronnés et
autres mémoires publiés par l’Académie royale de Belgique, 1901), p. 40.
éclat incomparable, des traces de la formule primitive subsistent
dans les petits plis parallèles et dans le système général de la dra-
perie. En même temps, et bien que certaines influences germaniques
se retrouvent dans la sécheresse d’exécution du visage, on y distingue
déjà bien évidemment le modèle qui
deviendra général en France à la fin
du xme siècle et se répandra au com-
mencement du xive dans toute l’Eu-
rope, jusqu’à devenir une manière de
type international. Le morceau est des
plus remarquables que l’art du xme siè-
cle ait produits dans les Pays-Bas, mais
celte œuvre grandiose n’est rien moins
([uc réaliste et c’est toujours la formule
venue de France qui s’y retrouve.
La même formule de la Vierge glo-
rieuse apparaît encore dans la Vierge
de Laeken1, d’un art médiocrement raf-
finé pourtant, quoique plus libre dans
les draperies et sentant moins l’ar-
chaïsme. Au contraire, certaines autres
paraissent s’humaniser, celle de Diest,
celle de Notre-Dame-du-Val-des-Éco-
liers, à Saint-Pholien de Liège2 : la
mère, au lieu de trôner en majesté,
sourit à son enfant; elle joue avec lui
et son visage a perdu quelque chose de
la grandeur austère d’autrefois; plus fé-
minine, elle semble aussi plus indivi-
duelle. On a voulu voir dans cette série
comme une des premières manifesta-
tions d’un réalisme particulièrement local3; seulement, outre que
SAINT J E A N,
STATUE EN BOIS. XIIIe SIÈCLE
(Musée de la Société archéologique
de Namur.)
1. Repr. dans Destrée, op. cit., fig. 9. Voir la Vierge de la colleclion Boy,
reproduite dans le Catalogue illustré clc l'Exposition rétrospective de l'art français
en 1900, n° 3039, p. 144.
2. Repr. dans Helbig, op. cit., pi. XVI. — Une statue très analogue, qui nous
donne idée de ce qu’était celle-ci avant la restauration, se trouve au musée de
Namur, provenant de Marche-les-Dames.
3. Cf. Desirée, à propos des diverses Vierges qu’il publie; il a pu, comme
M. llelbig, en photographier plusieurs avant leur restauration. — Voir aussi Ful-
pinck, Étude sur la peinture murale en Belgique (extrait des Mémoires couronnés et
autres mémoires publiés par l’Académie royale de Belgique, 1901), p. 40.