GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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la corniche de la salle, d’un panorama de la contrée environnante ;
j’ai noté fréquemment des réflexions particulièrement intéressantes
prouvant nettement l’intérêt très grand que la foule prend à celte
explication figurée, qui est bien à sa portée. Serait-il donc si difficile
de procéder de même pour d’autres œuvres ou ensemble d’œuvres
dont on pourrait restituer, sinon toujours le menu détail, parfois im-
possible à retrouver exactement sous les hypothèses contradictoires,
du moins l’aspect général, l’allure extérieure? Ce jour-là un grand
pas serait fait. On objectera, il est vrai, le manque de place dont se
plaint tout conservateur de musée. Sans demander pour toutes choses
une maquette aussi considérable que l'Apadàna, maquette que l’on
réserverait pour les cas très importants comme celui-là, il semble
bien que l’on trouverait le moyen de loger facilement des aquarelles
de taille [plus ou moins grande, en rapport avec chaque œuvre. Ac-
crochées aux piédestaux, elles rendraient des services autrement
utiles que les brèves inscriptions qu’on y voit. Ces inscriptions elles-
mêmes devraient subir une refonte complète et devenir plus réelle-
ment explicites, plus vraiment vulgarisatrices, pour employer ici
ce beau mot de « vulgarisation », le plus noble terme de la langue
scientifique. Lorsque l’art du sculpteur ou de l’architecte et la plume
du savant s'uniront ainsi pour illustrer nos musées d’art antique,
pour leur donner la vie, pour rapprocher en l’expliquant leur idéal
du nôtre, la7grande querelle des Anciens et des Modernes, qui pour-
rait bien [ne reposer que sur un malentendu, séculaire il est vrai,
entrera dans une phase nouvelle. La chose vaut la peine qu’on s’y
arrête, et pour prouver qu’il ne s’agit point dans cette idée de réor-
ganisation rationnelle d’une opinion purement théorique, mais d’une
réforme à notre avis réalisable, le mieux est de prendre un musée
donné en exemple et de faire descendre l’hypothèse du domaine
des idées générales dans celui des faits particuliers.
Pour cette expérience, il y a précisément un terrain tout préparé
et, à vrai dire, nous n’en saurions trouver de meilleur : c’est le musée
de l’Acropole d’Athènes.
* *
Retirées à l’angle sud-est de l’Acropole d'Athènes, tapies et
comme écrasées dans un creux de rocher, absolument invisibles de
l’extérieur du sanctuaire, les deux très simples bâtisses trapues qui
constituent le musée et son magasin sont d’une laideur assez discrète
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la corniche de la salle, d’un panorama de la contrée environnante ;
j’ai noté fréquemment des réflexions particulièrement intéressantes
prouvant nettement l’intérêt très grand que la foule prend à celte
explication figurée, qui est bien à sa portée. Serait-il donc si difficile
de procéder de même pour d’autres œuvres ou ensemble d’œuvres
dont on pourrait restituer, sinon toujours le menu détail, parfois im-
possible à retrouver exactement sous les hypothèses contradictoires,
du moins l’aspect général, l’allure extérieure? Ce jour-là un grand
pas serait fait. On objectera, il est vrai, le manque de place dont se
plaint tout conservateur de musée. Sans demander pour toutes choses
une maquette aussi considérable que l'Apadàna, maquette que l’on
réserverait pour les cas très importants comme celui-là, il semble
bien que l’on trouverait le moyen de loger facilement des aquarelles
de taille [plus ou moins grande, en rapport avec chaque œuvre. Ac-
crochées aux piédestaux, elles rendraient des services autrement
utiles que les brèves inscriptions qu’on y voit. Ces inscriptions elles-
mêmes devraient subir une refonte complète et devenir plus réelle-
ment explicites, plus vraiment vulgarisatrices, pour employer ici
ce beau mot de « vulgarisation », le plus noble terme de la langue
scientifique. Lorsque l’art du sculpteur ou de l’architecte et la plume
du savant s'uniront ainsi pour illustrer nos musées d’art antique,
pour leur donner la vie, pour rapprocher en l’expliquant leur idéal
du nôtre, la7grande querelle des Anciens et des Modernes, qui pour-
rait bien [ne reposer que sur un malentendu, séculaire il est vrai,
entrera dans une phase nouvelle. La chose vaut la peine qu’on s’y
arrête, et pour prouver qu’il ne s’agit point dans cette idée de réor-
ganisation rationnelle d’une opinion purement théorique, mais d’une
réforme à notre avis réalisable, le mieux est de prendre un musée
donné en exemple et de faire descendre l’hypothèse du domaine
des idées générales dans celui des faits particuliers.
Pour cette expérience, il y a précisément un terrain tout préparé
et, à vrai dire, nous n’en saurions trouver de meilleur : c’est le musée
de l’Acropole d’Athènes.
* *
Retirées à l’angle sud-est de l’Acropole d'Athènes, tapies et
comme écrasées dans un creux de rocher, absolument invisibles de
l’extérieur du sanctuaire, les deux très simples bâtisses trapues qui
constituent le musée et son magasin sont d’une laideur assez discrète