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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 2
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Servian, Ferdinand: Les faïences de Marseille au XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0153

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132

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le décor est bleuâtre, l’émail dépourvu d’éclat prend des tons
troubles à peu près identiques à ceux des faïences de Nevers dont
Clérissy s’est visiblement inspiré. A l’Exposition de 1889 a figuré un
plat dont le décor représentait David jouant de la harpe au milieu
d'un essaim d'anges. Ce plat, fabriqué à Saint-Jean-du-Désert, avait
été primitivement attribué à Nevers par la conservation du musée
de Cluny.

Il faut reconnaître que la monochromie ainsi pratiquée avait un
avantage de métier indiscutable, et, quelque visibles que soient les
réminiscences dont témoignent les plats de Clérissy, il n’est pas sur-
prenant qu’à cette époque la peinture en camaïeu bleu ait été choisie
de préférence à toute autre, puisque cette couleur était la seule qui
pût résister complètement à l’action du feu, par suite de sa compo-
sition de safre et de smalt.

En dehors de ces signes, qui suffiraient à faire reconnaître cette
faïence, tous les produits sont revêtus d’une signature, soit qu’ils
portent seulement un monogramme, tantôt formé par les deux
lettres A C, tantôt par la lettre C seulement, soit que le nom et la
désignation de la fabrication y figurent en entier sous forme d’écri-
ture courante. Quelquefois, lorsque le morceau offre une dimension
importante, le dessin prend de l’ampleur et le décorateur, aban-
donnant le motif propre à la porcelaine, esquisse une scène galante,
une bergerie, un paysage héroïque, des fleurs, des tiges, des bran-
ches et même une chasse, d’après Tempesta, motifs particulière-
ment en honneur à Moustiers. Il y a, d’ailleurs, une grande affinité
entre la fabrication de ces deux villes, affinité qui tire son origine
de celle-là même des fabricants : les Clérissy sont, en effet, établis
à Moustiers et à Marseille. Ce rapprochement nous amène naturel-
lement à nous demander si la fabrication de la faïence de Marseille
a précédé celle de Moustiers ou si, au contraire, elle est d’origine
bas-alpine. On peut affirmer, croyons-nous, que cette dernière hypo-
thèse est la vraie. Moustiers possédait, dès le xvi° siècle, des poteries
communes, et au début du xvne siècle un sieur Clérissy, que l’on
pourrait surnommer le Bernard Palissy provençal, instruit par un
servite venu de Faënza, coloriait, décorait et émaillait ses produits
céramiques.

Quant à celui de Saint-Jean-du-Désert, il était sans nul doute
le fils « de feu Joseph et d’Anne Roux, survivante du lieu de Mous-
tiers », ainsi que cela paraît résulter de l’acte de mariage, en
date du 20 novembre 1690, d’un sieur « Antoine Clérissy », maître
 
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