LES FAÏENCES DE MARSEILLE AU XVIIIe SIÈCLE 141
de conclure, comme l’a fait M. Davillier, par exemple, que le dessin
« laissait à désirer sous le rapport de la correction », car il est
démontré jusqu’à l'évidence que jamais il n’a été plus en honneur
que parmi les artistes de cette manufacture, dont quelques-uns
venaient en droi te ligne de Sèvres. Il en est de même des formes et
des compositions décoratives, qui sont aussi variées les unes que les
autres. Au surplus, l’harmonie de celles-ci n’est égalée que par la
grâce de celles-là. Aucune fabrique n’a poussé plus loin la force du
rendu ni apporté dans le choix des sujets une plus grande variété.
11 est tel de ses paysages qui rappelle la vigueur d’un Vernet, tel
autre la minutie d’un Constantin. La collection Gavot renferme un
plat décoré d’une marine qui a toute la saveur d’une peinture à
l’huile. A gauche, se dres-
sent deux forts non loin
d’un brick qui s’éloigne;
sur le rivage un pêcheur,
entouré de jeunes femmes,
s’apprête à lancer sa ligne,
à côté d’une barque où se
prélasse son compagnon.
Perspective aérienne, des-
sin, modelé, coloris, tout
ce qui constitue la science
du peintre se trouve réuni
dans cet ouvrage dont
l’éclat et le velouté de l’émail rehaussent encore la splendeur.
Quelques assiettes sont de véritables tableautins au cadre formé
par une large bordure d’émail nourri et laiteux, qualités qui sont
une des caractéristiques essentielles de l’émail des fabricants mar-
seillais.
Certains autres ustensiles sont revêtus d’un décor monochrome,
rouge, violet ou vert, dont le sujet est souvent emprunté à un spec-
tacle local.
Antoine Bonnefoi, dont la fabrique disparut en 1790, était fort
estimé par ses confrères. 11 fut député par eux, avec Jean Gas-
pard Robert en 1789, à l’assemblée du Tiers-État, où les fabricants
marseillais avaient droit à deux représentants, leur corporation
ayant été comprise clans la classe des Arts Libéraux, a la suite de
leurs revendications formulées le 22 mars 1789. Le mot « corpora-
tion » est pris ici dans un sens général, car il est à remarquer que
PLAT EN FAÏENCE DE MARSEILLE
PAR ANTOINE BONNEFOI
(Coll, de M. Gavot.)
de conclure, comme l’a fait M. Davillier, par exemple, que le dessin
« laissait à désirer sous le rapport de la correction », car il est
démontré jusqu’à l'évidence que jamais il n’a été plus en honneur
que parmi les artistes de cette manufacture, dont quelques-uns
venaient en droi te ligne de Sèvres. Il en est de même des formes et
des compositions décoratives, qui sont aussi variées les unes que les
autres. Au surplus, l’harmonie de celles-ci n’est égalée que par la
grâce de celles-là. Aucune fabrique n’a poussé plus loin la force du
rendu ni apporté dans le choix des sujets une plus grande variété.
11 est tel de ses paysages qui rappelle la vigueur d’un Vernet, tel
autre la minutie d’un Constantin. La collection Gavot renferme un
plat décoré d’une marine qui a toute la saveur d’une peinture à
l’huile. A gauche, se dres-
sent deux forts non loin
d’un brick qui s’éloigne;
sur le rivage un pêcheur,
entouré de jeunes femmes,
s’apprête à lancer sa ligne,
à côté d’une barque où se
prélasse son compagnon.
Perspective aérienne, des-
sin, modelé, coloris, tout
ce qui constitue la science
du peintre se trouve réuni
dans cet ouvrage dont
l’éclat et le velouté de l’émail rehaussent encore la splendeur.
Quelques assiettes sont de véritables tableautins au cadre formé
par une large bordure d’émail nourri et laiteux, qualités qui sont
une des caractéristiques essentielles de l’émail des fabricants mar-
seillais.
Certains autres ustensiles sont revêtus d’un décor monochrome,
rouge, violet ou vert, dont le sujet est souvent emprunté à un spec-
tacle local.
Antoine Bonnefoi, dont la fabrique disparut en 1790, était fort
estimé par ses confrères. 11 fut député par eux, avec Jean Gas-
pard Robert en 1789, à l’assemblée du Tiers-État, où les fabricants
marseillais avaient droit à deux représentants, leur corporation
ayant été comprise clans la classe des Arts Libéraux, a la suite de
leurs revendications formulées le 22 mars 1789. Le mot « corpora-
tion » est pris ici dans un sens général, car il est à remarquer que
PLAT EN FAÏENCE DE MARSEILLE
PAR ANTOINE BONNEFOI
(Coll, de M. Gavot.)