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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 2
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Servian, Ferdinand: Les faïences de Marseille au XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0165

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

1U

monnaie pour y être convertis et leur eu être délivré la valeur ».
Les riches, habitués au luxe autant par snobisme, comme on dirait
aujourd'hui, que par amour de l’art, songèrent à demander aux
céramistes ce qu’il leur était impossible d’obtenir des orfèvres, voire
des ferronniers à qui défense avait été faite de dorer et d’argenter
toutes pièces de métal, à l’exclusion de celles destinées au culte. Ils
« se mirent en faïence », selon une expression pittoresque de Saint-
Simon. Le chroniqueur Loret loue Mazarin qui, assimilant la porce-
laine aux métaux précieux,

Traita deux rois, traita deux reines
En piats d’argent, en porcelaines.

Ajoutez à cela l’enthousiasme provoqué dans le monde des fabri-
cants par les récents progrès réalisés en Angleterre, où l’on com-
mence à introduire le silex dans la pâte, ce qui permet d’abandonner
l’émail opaque et d’employer le vernis vitro-plombique d’une fine
transparence.

D’autre part, l’aristocratie marseillaise est pleine de déférence
envers les artistes. Jamais à aucune époque de l’histoire locale on
ne la vit mieux disposée à leur égard. Lorsqu’un peintre ou un
sculpteur traverse la ville se rendant en Italie, elle le recherche, lui
offre l’hospitalité et le comble d’honneurs. Un goût effréné pour
les arts, une rage de protection intellectuelle, un profond dédain de
l’utilitarisme, telles sont, en somme, vers la seconde période du
xvme siècle, les tendances ostensiblement affichées des nobles et des
financiers, Comment résister, d’ailleurs, à l’exemple donné par le
duc deVillars, gouverneur général des pays et comté de Provence?

Des châteaux s’élèvent, des hôtels de style surgissent de toutes
parts, abritant dans leurs salles et leurs luxueuses bibliothèques,
statues, tableaux, faïences, objets d’art, collections d’antiquités et
de médailles.

Cette faveur dura jusqu’à la Révolution. Cependant, en 1789 on
comptait encore quatorze fabriques, dont dix de faïence fine, occu-
pant 250 ouvriers ou artistes, ces derniers recrutés pour la plu-
part à UAcadémie-école de peinture et de sculpture. Déjà en 1783,
M. Grosson, son directeur, le reconnaissait dans un discours prononcé
le 28 août: « C’est aux soins généreux des membres de cette Aca-
démie que nous devons cette quantité d’élèves qui ont fait avouer
leur talent dans la capitale et dans l’Italie, tandis que d’autres ont
perfectionné nos fabriques relatives au dessin. L’art du fayancier,
 
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